Ceci est une lettre ouverte adressée par l’association Convergence citoyenne et panafricaine au président du Faso sur les propos de l’ambassadeur de la France.

Le 21 juillet 2022, le gouvernement de la transition à travers le ministère des Affaires étrangères, de la coopération régionale et des Burkinabè de l’extérieur par voie de courrier (numéro 2022-0813/MAECRBE/SG) a protesté contre des propos de l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc HALLADE, tenus le 5 juillet 2022 devant des représentants du Sénat Français. Qualifiés de « discourtois et inamicaux », « sans aucune réserve, aux antipodes des principes élémentaires de la diplomatie », le gouvernement de la transition Burkinabè s’est indigné des affirmations suivantes du Chef de la mission diplomatique française : « l’absence de résultats provoque des frustrations de plus en plus fortes dans le pays », « ce "conflit endogène" est, en réalité, une guerre civile : une partie de la population se rebelle contre l’État et cherche à le renverser ».

Monsieur le Président du Faso, ces propos viennent rallonger la liste des impairs langagières de Chefs de missions diplomatiques françaises dans l’espace CEDEAO à l’endroit du Burkina Faso et de ces populations.
Il vous souviendra que par voie de courrier N°2022-08/CCP/BEN daté du 15 mars 2022, nos organisations (Convergence Citoyenne et Panafricaine, l’Alliance pour la Défense de la Patrie) vous tenaient informé d’une méprise de l’ambassadeur de la France près de la République de la Côte d’Ivoire le 20 février 2022 sur une chaîne de télévision relative au blocage d’un important convoi militaire français par des compatriotes sur le territoire Burkinabè principalement dans la localité de Kaya en novembre 2021. L’ambassadeur français Jean Christophe BELLIARD s’était exprimé en ces termes : "Quand on voit un convoi bloqué dans une bourgade au Burkina Faso, on peut se poser la question du pourquoi où du comment. Vous savez, avec 1000 ou 2000 francs cfa, on peut faire beaucoup...quand on voit ces manifestations qui sont organisées, il suffit parfois d’un sandwich, d’un coca cola, puis vous avez 2000 manifestants".
En plus de cette lettre officielle qui vous avait été adressée sur le sujet, nous avons par courrier électronique en date du 1er mars 2022 protesté auprès de l’ambassadeur de France au Burkina Faso contre les propos de son compatriote en charge de la mission diplomatique de la France en Côte d’Ivoire.
Bien évidemment que nous avons tenu informé l’opinion nationale et internationale de notre indignation sur la question par voie de presse à partir du 25 février 2022.
Pour éviter tout malentendu, il est primordial de préciser que notre indignation n’est aucunement l’expression d’un sentiment anti français, mais un refus de cautionner des politiques à forte odeur impérialiste tentant à dénier à notre pays et ses populations toute conscience politique et citoyenne.

Excellence Monsieur le Président du Faso, le Lieutenant Colonel Paul Henri Sandaogo DAMIBA,

Ce rappel préalable des faits est nécessaire pour réaffirmer à tous les esprits éclairés que notre action n’est pas guidée par l’émotion. Elle est une suite logique d’une action citoyenne depuis la reconnaissance officielle de notre structure, CCP/BF, par le ministère de l’administration depuis 2004.
Ces manquements aux principes de la diplomatie pourraient aussi s’expliquer par votre attitude "politiquement correct" avec les partenaires extérieurs du Burkina Faso qui peut être résumée dans une certaine mesure à cette action imagée qui consiste à ménager la chèvre et le choux. L’hésitation actuelle de l’autorité à s’assumer sur des questions majeures de notre politique extérieure donne l’impression que le pays navigue à vue. Cette posture pourrait expliquer aujourd’hui le mécontentement de beaucoup de vos compatriotes. Le moment est donc venu de donner une lisibilité claire de la politique extérieure du Burkina Faso.

Fait à Ouagadougou, le ,25 juillet 2022

Convergence Citoyenne et Panafricaine (CCP/BF)

Ousmane SO
(Président)