Depuis le début de la guerre en Ukraine, de nombreux pays africains se sont abstenus de voter des résolutions condamnant l’invasion menée par la Russie. Pour Emmanuel Macron, cette attitude qui tranche avec les sanctions adoptées par l’UE est due à « des pressions diplomatiques ».

Le président français Emmanuel Macron considère que les pays africains font preuve « d’hypocrisie », en ce qui concerne la situation du conflit russo-ukrainien. C’est ce qu’a indiqué le chef d’Etat lors de la conférence de presse conjointe qui a ponctué sa visite au Cameroun ce mardi 26 juillet.

« Là où je vois trop souvent de l’hypocrisie, en particulier sur le continent africain, je le dis avec beaucoup de calme et de sérénité, à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une et à ne pas savoir dire qui l’a lancée [...] nous, nous avons décidé de tout faire pour stopper cette guerre [...] sans y participer », a déclaré Emmanuel Macron, en réponse à la question d’un journaliste. Selon le locataire de l’Elysée, ces positions africaines seraient dues à des « pressions diplomatiques » qui poussent plusieurs dirigeants africains à ne pas aller dans le même sens que les nations occidentales.

Bien que le chef d’Etat n’ait pas nommément désigné le ou les pays qui seraient à la manœuvre de ces pressions diplomatiques, ces déclarations font référence aux liens que plusieurs pays africains ont noués ces dernières années avec la Russie. En effet, Moscou exerce une offensive diplomatique en Afrique qui inquiète depuis plusieurs années les partenaires traditionnels du continent que sont les USA et la France. Alors que ces derniers ont déjà largement perdu du terrain face à la Chine, la proximité entre Vladimir Poutine et des régimes africains pousse Washington et Paris à préparer de nouveaux partenariats plus dynamiques avec les Etats du continent.

Depuis le début de la guerre, une grande partie d’entre eux a d’ailleurs évité de condamner ouvertement Moscou pour un conflit qui a commencé sur le plan militaire depuis que les troupes russes sont entrées en Ukraine en février dernier.

En mars, 16 pays africains s’étaient ainsi abstenus de voter une résolution de l’ONU intitulée « Agression contre l’Ukraine ». Et en avril, 22 autres (hormis les neuf qui ont voté contre) se sont abstenus de voter une résolution suspendant le pays du conseil des droits de l’homme. La veille de ce vote, l’agence de presse Reuters avait d’ailleurs révélé le contenu d’une lettre des autorités russes indiquant qu’il y aurait des conséquences sur ses relations bilatérales avec les pays qui adhéreraient à cette dernière résolution.

Si les pays occidentaux estiment que les Etats africains cèdent à une pression de la Russie, sur le continent, de nombreux activistes appellent l’Afrique à suivre sa propre voie et à ne pas s’impliquer dans une guerre européenne. Cependant ces derniers mois, à la suite des conséquences du conflit sur les prix mondiaux des denrées alimentaires, plusieurs dirigeants africains ont appelé à une désescalade. Le président en exercice de l’UA s’est ainsi rendu en Russie pour discuter avec Vladimir Poutine, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est lui adressé à l’institution panafricaine.

Nous sanctionnons la Russie pour « bloquer son effort de guerre et essayons dans tous les cénacles internationaux de l’isoler diplomatiquement, et c’est là que nous avons besoin de vous [les pays africains, Ndlr] », a rappelé Emmanuel Macron. Et d’ajouter : « Sinon, ce schéma [celui des événements en Ukraine, Ndlr] se reproduira à l’envi. Ce n’est pas l’ordre international que nous voulons et qui repose sur la coopération et le respect de la souveraineté de chacun ».

Agence ECOFIN