C’est la principale nouveauté apparue dans l’architecture du premier gouvernement du président Paul-Henri Sandaogo Damiba formé le 5 mars 2022 : la création d’un ministère plein dédié aux Affaires religieuses et coutumières. Cinq (5) mois après sa nomination à ce poste sensible dans un contexte de crise sécuritaire, Issaka Sourwema est allé rencontrer ses interlocuteurs directs à Pô, en l’occurrence les leaders coutumiers et religieux, histoire de nouer des relations de confiance avec eux et solliciter leur contribution à la réussite de sa mission.

Présenter aux autorités et coutumières ainsi qu’aux premiers responsables administratifs, le ministère des Affaires religieuses et coutumières (ARC), ses objectifs ainsi que ses grands projets prioritaires, tel était l’objet du voyage mardi 9 août du ministre des Affaires religieuses et coutumières à Pô, dans la province du Nahouri.
Cinq mois après sa nomination à la tête de ce nouveau ministère, le ministre Sourwema a pris son bâton de pèlerin pour prêcher la bonne nouvelle auprès de ceux que les analystes politiques désignent par le concept de "légitimités sociales", autrement dit, les personnes en qui se reconnaissent plus les Burkinabè et en qui ils accordent leur confiance dans la recherche de solutions à leurs préoccupations.

Car, et c’est le paradoxe des démocraties africaines en construction, les institutions républicaines prévues dans les lois fondamentales s’avèrent très inopérantes à résoudre les différends qui naissent entre citoyens ou entre eux et l’administration.
Sous la transition de 2014-2015, on s’en souvient, c’est vers le Mogho Naba que les tenants du pouvoir politiques étaient allés chercher des solutions aux conflits qui les opposaient. Dans les villages et autres contrées, l’administration publique se révèle très souvent impuissante à dénouer des crises qui viennent à naitre entre les citoyens ou entre les communautés.
Le débat, récurrent depuis des décennies sur la nécessité de clarifier le rôle et la place des autorités religieuse et coutumières dans l’espace public n’a hélas jamais eu lieu.

Comment les leaders religieux peuvent-ils jouir de leur droit de citoyen dans une république, c’est à dire, militer dans un parti politique et conserver dans le même temps leur autorité morale et sociale ?
La création du ministère des Affaires religieuses et coutumières va enfin permettre d’ouvrir le débat et espérons le, répondre à ces questions. A Pô, le ministre Sourwema a d’ailleurs annoncé l’adoption d’une loi sur la chefferie coutumière et les libertés religieuses en cours de préparation.
Selon la Direction de la communication et des relations Presses du ministère, "le chef de Po a salué cette visite du ministre, surtout les projets de loi en cours" et "a marqué son soutien total et sa disponibilité à accompagner le MPSR". De même, "les participants à la rencontre ont tous émis les vœux que les différents projets de loi en cours soient une réalité afin de combler les attentes des coutumiers et des religieux". Selon toujours la direction de la communication, les représentants de la Fédération des églises et missions évangéliques (FEME), ceux de la Fédération des associations islamiques du Burkina (FAIB) et de la Conférence épiscopale Burkina-Niger, sont sur les mêmes longueurs d’ondes que le ministre.

Dominique Koné
Kaceto.net