Depuis août dernier, l’opposition et des organisations de la société civile reprochent au président libérien sa réaction timorée face aux accusations de corruption qui pèsent sur trois hauts responsables, dont son directeur de cabinet.

Le président libérien, George Weah, a accepté la démission de trois de ses proches collaborateurs accusés de corruption, a annoncé la présidence dans deux communiqués distincts publiés sur sa page facebook officielle.

M.Weah avait décidé mi-août de suspendre les trois hauts responsables qui avaient été sanctionnés par l’administration américaine pour des faits de corruption liés à l’attribution de contrats de plusieurs millions de dollars et de détournements présumés. Il s’agit de Nathaniel McGill, ancien ministre des Affaires présidentielles et directeur de cabinet du président, Bill Twehway, chef de l’Autorité portuaire nationale, et Sayma Syrenius Cephus, procureur général.

Nathaniel McGill a été sanctionné en août dernier par le Trésor américain qui l’accuse d’avoir « soudoyé des chefs d’entreprise, reçu des pots-de-vin de potentiels investisseurs » et « accepté des dessous-de-table pour avoir amené des contrats à des compagnies dans lesquelles il a des intérêts ». M. McGill s’est aussi « approprié des biens publics à son profit personnel », et a « fait appel à des seigneurs de guerre pour menacer ses adversaires politiques », a ajouté le Trésor américain.

Sayma Syrenius Cephus a été accusé d’avoir « développé des relations proches avec des suspects dans des enquêtes criminelles », et d’avoir « reçu des pots-de-vin en échange desquels il faisait classer des dossiers relatifs notamment au blanchiment d’argent ».

Bill Twehway, a été, quant à lui, accusé d’avoir « orchestré le détournement de 1,5 million de dollars vers un compte privé ».

Réaction insuffisante

Dans un courrier adressé au président Weah, M. McGill a rejeté certaines des incriminations et décrit les autres comme « vagues ». M. Cephus a également adressé un courrier au chef de l’Etat dans lequel il a nié toutes les accusations qui pèsent sur lui.

La réaction de George Weah face à cette affaire très médiatisée a été jugée « insuffisante » par l’opposition et la société civile, qui avaient exigé le limogeage immédiat des responsables ayant fait l’objet de sanctions américaines.

« Une simple suspension ne suffit pas. Elle ne suffit pas à protéger le président contre l’impression de plus en plus répandue dans le peuple qu’il participe à des crimes de haut vol », avait réagi le principal opposant, Alexandre Cummings, à la décision de suspension des trois officiels, qui intervient à un environ un an de la prochaine présidentielle.

En 2017, année de son élection, le président Weah avait fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Mais depuis, les choses n’ont pratiquement pas évolué, et le Liberia occupe encore le 136e rang sur 180 pays dans l’édition 2021 de l’Indice de perception de la corruption élaboré par l’ONG Transparency International.

ECOFIN