Dans toutes les eglises catholiques du Burkina, les jeudis et premiers dimanches de chaque mois étaient pris d’assaut pour les baptêmes des enfants. Exceptionellement les enfants de parents non mariés à l’eglise catholique pouvaient recevoir le sacrement du baptême. Plusieurs miliers de birkinabè en ont profité. Une decision du pape fort appréciée par les fidèles chrétiens. C’est ce dimanche que le pape François clôt son « Année sainte de la miséricorde », qui s’est décliné d’ailleurs sous plusieurs formes.

Rapatriement de migrants dans l’avion papal ou l’accueil au Vatican de longues processions d’exclus comme les détenus ont été entre autres actions menées pendant cette année de miséricorde.

La « Porte sainte » de la basilique Saint-Pierre, murée en temps normal, sera refermée ce dimanche matin par le pape. Il célèbrera ensuite une messe de clôture d’une année chargée, marquée en particulier par la canonisation en septembre de Mère Teresa de Calcutta, qui dédia sa vie aux plus déshérités.

Selon une tradition datant du Moyen-Age, en passant cette porte des millions de pèlerins chrétiens ont pu demander le pardon de leurs péchés.

Fait inédit, le pontife argentin a souhaité l’ouverture de milliers de portes saintes dans le monde, ouvrant personnellement la première en Afrique, à la cathédrale de Bangui. Il a alors demandé aux Centrafricains de déposer les armes et refuser « la peur de l’autre ».

Les autres portes saintes – refermées il y a une semaine – ont essaimé dans des sanctuaires, des camps de réfugiés, des prisons, des centres sociaux… Le symbole est particulièrement important pour le pape qui a rappelé que les hommes doivent ouvrir « les portes de leur coeur » aux autres et faire preuve de « tendresse ».

Il illustre sa recommandation en accueillant au Vatican et en embrassant des milliers de pèlerins, avec une prédilection pour les sans-abri et les détenus, dont les pèlerinages sont venus clôturer l’année sainte en novembre. Le Vatican a par exemple fait installer des douches pour les sans domicile fixe près des colonnes de la place Saint-Pierre.

Un vendredi par mois, le pape argentin est par exemple allé rencontrer pour des visites plus confidentielles des enfants hospitalisés, des personnes âgées, handicapées mentales, d’anciens toxicomanes, des ex-prostituées, des prêtres défroqués aujourd’hui pères de famille…

Poursuivre l’ouverture
Son apparente bonhommie s’accompagne néanmoins de propos chocs, parfois cinglants, destinés à interpeller les consciences des hommes, des gouvernements, voire des prélats. Il dénonce souvent la « sclérose spirituelle » ou « l’indifférence » d’une société de consommation obsédée par l’argent.

« Celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut d’inconnu ou d’immigré ou de réfugié, mais encore devient une menace, acquiert le statut d’ennemi », a-t-il déploré samedi, en créant dans la basilique Saint-Pierre 17 nouveaux cardinaux.

« Nous sommes tous des migrants ! », a aussi lancé dans l’île grecque de Lesbos ce fils d’émigrés italiens né en Argentine, qui avait alors ramené à bord de son avion papal trois familles musulmanes syriennes.

Le pontife argentin avait lancé son Année sainte extraordinaire de la miséricorde le 8 décembre 2015, au côté du pape émérite démissionnaire Benoît XVI. Elle célèbre le 50e anniversaire de la fin du très marquant Concile Vatican II, qui avait ouvert l’Eglise sur la modernité.

Car la miséricorde est synonyme pour le pape François d’une poursuite de cette ouverture entamée il y a un demi-siècle, seule solution pour ce réformateur de faire revenir dans le giron de l’Eglise les croyants tièdes.

Certains cercles catholiques conservateurs sont néanmoins las d’entendre parler sans cesse de justice sociale et de paix dans le monde, plutôt que des valeurs traditionnelles de l’Eglise. Quatre cardinaux ont même défié le pape cette semaine sur l’un de ses textes phares apportant une timide ouverture pour les couples divorcés remariés civilement.

Mais ceux qui veulent « fomenter la division avec un mauvais esprit » ne l’empêchent pas de dormir, a-t-il commenté dans un entretien vendredi au quotidien catholique Avvenire. « Certains rigorismes naissent d’un manque, d’une volonté de cacher dans une armure sa propre triste insatisfaction », a-t-il assené.

Kaceto.net
(Avec 24matins)