Le Premier ministre, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, a accordé, ce vendredi 3 février 2023, une audience à une délégation de la Commission de l’Union africaine, conduite par son président, Moussa Faki Mahamat. A l’occasion, il a invité l’instance africaine, à se mettre en phase avec les réalités des peuples, à travers des solutions concrètes à leurs préoccupations.

C’est carte sur table et en toute franchise que se sont déroulés les échanges entre le Premier ministre, Me Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, et la délégation de la Commission de l’Union africaine (UA).
A l’entame de son propos, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a situé le contexte de sa visite au Burkina Faso.
« Nous sommes venus pour exprimer la solidarité et le soutien de l’Union africaine au Burkina Faso. C’est une mission d’écoute et d’information, pour permettre d’apprécier la situation du pays. Nous sommes venus échanger, afin de toucher du doigt, la réalité que vit le Burkina Faso », a-t-il fait savoir.
A sa suite et après avoir souhaité la bienvenue à Moussa Faki Mahamat et ses collaborateurs, le Chef du Gouvernement n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer sa déception quant à la politique de l’institution africaine au Burkina Faso.
Selon lui, l’Union africaine connait suffisamment les priorités de notre pays qui portent sur la paix et la sécurité.
« Que fait l’Union africaine pour soutenir le Burkina Faso ? Pendant que notre pays connait une période difficile, on nous parle de chronogramme pour un retour à l’ordre constitutionnel. On nous parle d’élection. Les élections, c’est à quelle fin et pour qui ? Notre priorité, c’est d’abord lutter contre le terrorisme et sécuriser notre territoire. On ne parle de développement que lorsqu’il y a un territoire à développer et des populations à mettre sur les sentiers du développement », a-t-il martelé.
A l’entendre, l’Union africaine n’apporte rien de concret aux citoyens burkinabè en particulier et aux Africains, en général.
Il a motivé cette position par le fait que depuis 60 ans d’existence, l’Union africaine n’a joué aucun rôle concret pour unifier les peuples d’Afrique.
« Dans notre situation actuelle, nous attendons de l’Union africaine des solutions concrètes. Nous sommes dans une phase où nous voulons du concret pour résoudre la crise sécuritaire », a-t-il soutenu.
En sus, il a affirmé que si l’Union africaine ne change pas de politique, elle sera abandonnée par les peuples.
« L’Union africaine est en déphasage avec les réalités des peuples. Pendant 60 ans, elle n’a fait que tenir des sessions. Il faut qu’elle se réveille. Elle est plus dans le diktat que d’apporter des solutions concrètes aux problèmes des peuples. Si elle continue dans ce sens, elle sera abandonnée par les pays », a déclaré le Premier ministre.

En guise de réponse, Moussa Faki Mahamat a dit comprendre et partager « la frustration » du Premier ministre.
« Nous ne sommes pas là pour vous faire la leçon. L’Union africaine est régie par des textes. C’est sur la base de ces textes que nous travaillons. Nous n’avons malheureusement pas de moyens pour intervenir quand une situation se présente à un pays. La question de la solidarité africaine à la base de la création de l’Union africaine n’est pas partagée par les pays », a-t-il souligné.
Et le président de la Commission de l’Union africaine d’ajouter : « Le Burkina Faso est un Etat souverain et personne ne doit lui imposer son partenaire. Nous prônons la solidarité interafricaine. L’Afrique ne peut être sauvée que par ses propres fils. Il faut qu’on travaille ensemble. La Commission n’a qu’un rôle essentiellement de plaidoyer auprès des Chefs d’Etat, auprès des partenaires. Notre cause est commune. Nous sommes convaincus de la gravité de la situation au Burkina Faso. De ce fait, nous ne sommes pas insensibles à ce que le pays traverse actuellement ».
En retour, le Chef du Gouvernement a préconisé une réforme de cette institution.
Ainsi, a-t-il dit, pour être efficace, il faut restructurer l’Union africaine et revoir son modèle de financement.
"L’Union africaine brille par son absence, elle brille plus par son discours que par les actes. C’est une instance de fonctionnement. Il faut avoir le courage de voir les choses en face. Nous voulons un accompagnement concret et pas théorique. Notre résolution est d’en finir avec le terrorisme. Nous avons décidé d’être souverain. Nous avons choisi notre chemin. Nous souhaitons l’accompagnement de l’Union Africaine. Mais même si nous ne l’avons pas, nous poursuivrons notre chemin", a indiqué le Premier ministre.

DCRP/Primature