Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 avril 2024, l’Iran a lancé 300 drones et missiles en direction d’Israël, en réaction au bombardement le 1er avril 2024 par l’Etat hébreu des bâtiments abritant son consulat à Damas, la capitale syrienne. Une attaque qui a tué sept membres de la Garde révolutionnaire iranienne et six citoyens syriens.
La réaction de l’Iran, on s’en souvient, avait été condamnée par de nombreux pays occidentaux, notamment la France et les Etats-Unis, une posture de partis pris dans cette affaire que déplore l’étudiant en relations internationales, Clovis Guiella

Les réactions des États-Unis face à la succession d’événements au Moyen-Orient au cours du mois d’avril révèlent une nouvelle fois qu’ils pratiquent la diplomatie sélective. Même si ces événements suggèrent de nombreuses violations du droit international par les diverses parties impliquées, les États-Unis persistent à adopter une politique internationale fluctuante, visant à protéger leurs intérêts.
Le 13 avril 2024, la République Islamique d’Iran a attaqué l’État d’Israël en réponse à la destruction de son ambassade à Damas, en Syrie. Les réactions de la communauté internationale ont été immédiates, condamnant fermement l’Iran tout en exprimant un soutien sans faille à Israël. Les États-Unis, fidèles à leur alliance indéfectible avec Israël, se sont également engagés dans la défense militaire du pays, affirmant ainsi leur soutien sans équivoque.
La réaction internationale, menée principalement par les puissances occidentales telles que les États-Unis, a été rapide. Le G7, un groupe de discussion économique composé de sept des plus grandes puissances mondiales, dont les États-Unis et le Canada, a émis une condamnation conjointe de l’attaque iranienne. De même, lors des débats aux Nations Unies, les États-Unis ont pris la tête d’un groupe de 48 États membres pour condamner fermement les actions de l’Iran.
En relations internationales, les condamnations sont souvent utilisées comme un outil politique pour dénoncer les actions d’un État vis-à-vis de la communauté internationale et pour exprimer des positions sur des questions sensibles. Cependant, il est intéressant de noter que l’attaque contre l’ambassade iranienne à Damas le 1er avril 2024, attribuée à Israël, n’a pas suscité la même réaction internationale, soulevant ainsi des questions sur la cohérence des normes internationales.
Les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques (1961) et consulaires (1963) accordent une inviolabilité et une protection aux missions diplomatiques. Récemment, l’incident où l’Équateur a perquisitionné l’ambassade du Mexique à Quito pour arrêter un ancien vice-président réfugié là-bas a également été vivement critiqué pour avoir violé ces conventions. Une fois de plus, la communauté internationale, y compris les États-Unis, a condamné unanimement cette violation de l’inviolabilité des missions diplomatiques.
Il est surprenant de constater que même un bombardement d’ambassade, entraînant la mort de ressortissants étrangers, n’a pas entraîné de condamnation internationale aussi unanime qu’attendu. Par exemple, le Conseil de Sécurité des Nations Unies n’a pas réussi à émettre de condamnation à l’égard de l’attaque israélienne. Les divergences d’opinions sur la responsabilité de l’attaque et sur le statut diplomatique des bâtiments touchés ont entravé la prise de décision.
Les États-Unis maintiennent eux-mêmes une position ambiguë sur une éventuelle condamnation de l’attaque. Ils affirment ne pas disposer de suffisamment d’informations pour déterminer le statut des bâtiments bombardés. Ce manque d’uniformité dans l’application des règles du droit international est déplorable et soulève des questions quant au respect de la protection diplomatique de manière générale. Lorsque des États comme les États-Unis refusent de prendre position dans ce genre de situation, ou adoptent leurs positions de manière partiale en fonction de leurs propres intérêts (ou de ceux de leurs alliés) plutôt qu’en accord avec le droit international, cela fait peser un risque important sur l’assurance de la protection diplomatique.
L’attaque iranienne contre Israël le 13 avril semble donc être une réponse inévitable au bombardement de ses installations diplomatiques. Malgré les appels à la retenue de la part de la communauté internationale, ainsi que des États-Unis, Israël a riposté le 19 avril.
Cependant, la riposte israélienne a été limitée, suggérant que les efforts diplomatiques n’ont pas été vains. Les États-Unis ont également signalé qu’ils ne soutiendraient aucune mesure de représailles entreprise par Israël, ce qui pourrait avoir influencé la réponse mesurée de l’État hébreu. De plus, Téhéran a minimisé l’incident et indiqué qu’il n’avait aucun plan de représailles, ce qui démontre une volonté d’éviter une escalade vers un conflit régional.
Enfin, ces événements récents au Moyen-Orient soulignent une fois de plus les tensions dans la région. Les réactions diverses de la communauté internationale et des États-Unis, en fonction des acteurs impliqués, sont symptomatiques d’une diplomatie à géométrie variable de la part des États-Unis et d’autres. La position des États-Unis s’inscrit notamment dans un narratif visant à préserver l’image d’Israël à soutenir sa campagne militaire à Gaza, sans reconnaître pleinement sa part de responsabilité dans la déstabilisation de la région.

Clovis Guiella
Etudiant en 2è année du baccalauréat en Etudes internationales
Université de Montréal
Kaceto.net