"Si la justice ne doit plus être rendue conformément à notre droit positif et au nom du Peuple du Burkina Faso mais plutôt sur les diktats et les désidératas des Princes du moment, il est temps, sans faux fuyants, de constater la mort du pouvoir judiciaire et sans désemparer, organiser ses funérailles" ; écrit le Mouvement SENS dans une déclaration rendue publique hier 18 août sur sa page Facebook.
Il réagit à la réquisition, pourtant déclarée illégale par le tribunal administratif, de magistrats pour être envoyés sur le front des opérations de sécurisation du territoire national.
Le Mouvement SENS, fidèle à sa position de soutien aux Forces de Défense et de Sécurité de notre pays dans leur rôle républicain ainsi qu’aux braves combattants sur le front de la lutte contre le terrorisme, tient encore à rendre un vibrant hommage à tous ces acteurs qui, sans relâche, se battent au quotidien afin que notre Patrie reste debout. Encore une fois, nous tenons à affirmer notre compassion et notre solidarité à toutes les familles des victimes du terrorisme dans notre pays.
Chers compatriotes,
Il est de notoriété publique maintenant que le pouvoir du MPSR mené par le Capitaine Ibrahim Traoré, loin de s’en tenir à ses missions qu’il s’est assignées lors de sa prise du pouvoir par la force, ne cesse de s’illustrer dans le piétinement des droits et libertés des citoyens qu’il était censé défendre et protéger en prêtant serment devant le Conseil Constitutionnel : « Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution, la Charte de la Transition et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ».
Malgré cette profession de foi et ses engagements, nous constatons chaque jour que le pays est en train d’emprunter de manière résolue et déterminée, le chemin du non droit, où aucune voix discordante n’est tolérée, fut-elle constructive. Même, dans le cadre du strict exercice de leur fonction, certains citoyens sont inquiétés.
En effet, depuis le lundi 12 août 2024, des informations faisaient état de ce que des Magistrats avaient été réquisitionnés pour être déployés sur le théâtre des opérations de lutte contre le terrorisme. Ce qui apparaissait invraisemblable a été malheureusement confirmé par le communiqué de l’intersyndicale des Magistrats du 16 août 2024. Si l’on s’en tient aux termes de ce communiqué, sept (07) Magistrats seraient concernés par ces ordres de réquisitions émis par le Commandement des opérations du théâtre national (COTN).
Sur les motifs de ces réquisitions, les Syndicats de Magistrats soutiennent qu’ils seraient justifiés par des décisions prises par ces Magistrats dans le cadre de leurs fonctions respectives à l’encontre de citoyens présentés comme étant des soutiens du régime en place.
Il nous est revenu que ces ordres de réquisitions ont été déférés devant les juridictions administratives qui ont enjoint « à l’État burkinabè de ne donner aucun effet à ces ordres de réquisitions » en raison de leur caractère illégal. Malgré ces décisions de justice, les ordres de réquisitions ont été exécutés.
Chers compatriotes,
Pour le Mouvement SENS, la défense du Burkina Faso est un devoir pour tout Burkinabè. Si la nécessité l’exige, tous autant que nous sommes, nous devrions abandonner nos activités quotidiennes pour défendre notre Patrie avec fierté. Malheureusement, que constatons-nous ? Pour le MPSR, amener certains citoyens au front est une punition réservée à ceux qui refusent la pensée unique ou de se soumettre au diktat des Princes du moment.
Nous comprenons donc pourquoi à ce jour, nous peinons à enregistrer des résultats décisifs sur l’Ennemi. D’une part, on envoie paradoxalement au front ceux qu’on présente comme « apatrides », « valets locaux » de l’impérialisme, « ennemis » du pays, tandis que les « patriotes », les « souverainistes » se retrouvent loin des théâtres des opérations dans des bureaux climatisés et des voitures rutilantes. D’autre part, des Burkinabè formés et rompus à l’art de la guerre sont déployés dans des emplois civils, dans des ambassades à l’étranger et les moins chanceux arrêtés arbitrairement et séquestrés dans des prisons du MPSR.
Peuple du Burkina Faso, Chers compatriotes,
A travers la réquisition de magistrats, représentants du pouvoir judiciaire, le régime du MPSR a touché le fond. Si la justice ne doit plus être rendue conformément à notre droit positif et au nom du Peuple du Burkina Faso mais plutôt sur les diktats et les désidératas des Princes du moment, il est temps, sans faux fuyants, de constater la mort du pouvoir judiciaire et sans désemparer, organiser ses funérailles.
Chers compatriotes,
Le Mouvement SENS ne saurait rester indifférent et silencieux face à cet énième arbitraire. Cette tendance d’une gouvernance qui a échoué à résoudre les maux auquels le Burkina Faso fait face nous conduit toujours encore plus vers la déstructuration de notre société déjà fragilisée, en renforçant le cercle vicieux de la division, de la stigmatisation, de l’exclusion, de l’arbitraire et de la répression.
Nous ne pouvons et ne devons pas nous habituer à cette tendance répressive et dictatoriale du régime qui ne conduit à rien de constructif et de durable dans le court, moyen et long terme.
Le Mouvement SENS exprime sa solidarité à l’ensemble des magistrats réquisitionnés pour le front ainsi qu’à leurs familles respectives. Il encourage l’ensemble des acteurs de la chaîne judiciaire à rester républicains, dignes, intègres et résilients dans l’accomplissement de leurs nobles missions. Le mouvement SENS réaffirme de même son soutien et sa solidarité à tous les citoyens de toutes les catégories, enlevés, réquisitionnés, emprisonnés injustement ou subissant l’arbitraire et l’injustice du pouvoir militaire du MPSR.
Le Mouvement SENS appelle enfin l’ensemble des filles et fils du Burkina Faso à s’engager dans une dynamique unitaire, à rechercher l’Union sacrée pour faire face aux terrorismes, à sauver les acquis de l’Etat de droit et à sauvegarder nos valeurs d’intégrité, de dignité, de solidarité et de justice sociale qui constituent le socle de notre vivre-ensemble et de notre cohésion sociale et nationale.
SENS, servir et non se servir !
Ouagadougou le 18 août 2024,
La Coordination Nationale
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