L’Office national du tourisme burkinabè (ONTB) a entrepris depuis 2020 diverses initiatives visant à promouvoir le tourisme interne, en encourageant les Burkinabè et les étrangers à découvrir les richesses du pays. La Grande saison du tourisme interne figure parmi ces initiatives. Après l’édition de 2023, l’ONTB a lancé la IIe édition, le 13 juillet 2024. Sidwaya s’est entretenu avec son directeur général, Sulaïman Kagoné, sur les actions mises en œuvre pour faire de cette édition une réussite et de découvrir le riche patrimoine touristiqe burkinabè.

Sidwaya(S) : En tant que structure en charge de la promotion et de la valorisation du patrimoine touristique du Burkina, comment se porte le tourisme burkinabè ?

Sulaïman Kagoné (S.K) : Le tourisme burkinabè se porte bien, malgré la crise sécuritaire que nous traversons et qui a beaucoup impacté la destination. D’un côté, le tourisme récepteur a pris un coup. Mais de l’autre côté, le tourisme interne est en net progrès et il y a beaucoup de satisfaction à ce niveau.

S : Le Burkina compte plus de 1 000 sites touristiques repartis par zone sur l’ensemble du territoire. Quelles sont ces zones et leur particularité ?

S.K : Au niveau de la politique nationale du développement du tourisme burkinabè, l’administration en charge de ce secteur a essayé de faire une répartition du pays en quatre zones touristiques. Cette répartition obéit à la particularité de chaque zone. Les quatre zones touristiques sont le Centre, l’Est, le Sahel et l’Ouest. En termes de particularité, dans la zone du Centre, il est développé le tourisme d’affaires. Il se tient beaucoup de conférences et des festivals à Ouagadougou. Dans la zone de l’Est, nous avons le Parc W qui est classé patrimoine mondial de L’UNESCO, et bien d’autres campements. C’est le tourisme de vision qui y est développé, la chasse sportive, etc. Sur le plan faunique, c’est une zone très riche. Quant à la zone du Sahel, elle regroupe le Grand Nord et le Sahel, à partir de Ouahigouya en remontant jusqu’à Oursi. C’est le tourisme de raid qui y est développé, à travers les dunes de sable, la marre d’Oursi, les gravures rupestres de Pobé Mengao, etc. Donc, c’est une zone assez spécifique. Et la zone de l’Ouest, la quatrième zone, elle prend en compte les Hauts- Bassins, les Cascades, le Sud-Ouest. Là-bas, c’est le tourisme de villégiature qui est pratiqué, parce que c’est une zone bien arrosée où il fait bon vivre avec surtout avec la présence de beaucoup de cours d’eau et des cascades à partir de Bobo-Dioulasso jusqu’à Banfora.

S : Le Burkina a réussi, le 26 juillet dernier l’inscription de la cour royale de Tiébélé sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Qu’est ce qui est prévu au niveau de l’ONTB pour mieux faire connaître ce site ?

S.K : C’est une très bonne nouvelle que nous avons accueillie avec joie. Cette inscription a été conduite par la direction technique et la direction générale de la culture et des arts et sous le leadership du ministre d’Etat en charge du tourisme. Nous avons tous été fiers d’entendre la très bonne nouvelle. Et, au niveau de l’ONTB, ce fut une joie et également une occasion de remobiliser les équipes pour que tous les projecteurs soient tournés vers ce site. Et pour cela, nous sommes en train d’envisager beaucoup de déplacements sur la destination Centre-Sud. Rien que ce week-end, nous avons été pour une prospection. Parce qu’en plus du site inscrit, il faut aller voir comment mettre en valeur les autres sites dans les environs pour que toute la destination soit vraiment promue. Donc, l’ONTB va organiser des excursions touristiques et des séjours en direction de la région du Centre-Sud et particulièrement au niveau de la cour royale de Tiébélé. Il y a beaucoup d’initiatives et nous allons les soutenir. Au niveau central, il y a des initiatives qui sont en train de se concocter. A notre niveau également, il y en a. Et comme c’est un mouvement d’ensemble, nous avons lancé l’appel. Je crois que tous les Burkinabè sont mobilisés pour contribuer à la promotion de notre destination.

S : Cette année, l’ONTB a lancé la IIe édition de la Grande saison du tourisme interne. Quel bilan peut-on faire de l’édition précédente ?

S.K : L’édition précédente, la difficulté que nous avons eue au niveau du Burkina et particulièrement dans nos services techniques, ce sont les statistiques. Les documents, les compendiums que nous éditons paraissent au minimum deux ans après. Cela fait que les données que nous avons actuellement sont celles de 2020-2021. Donc, peut-être qu’en 2025-2026, nous aurons les données de 2023. Cela va nous permettre d’avoir vraiment les éléments beaucoup plus tangibles. Mais déjà, nous gérons et cogérons des sites touristiques à l’Ouest et au Centre. Et à partir des données recueillies sur ces sites, nous pouvons dire que le tourisme interne est en nette amélioration. Cela nous réconforte de savoir que les Burkinabè ont entendu l’appel et ont pris conscience qu’il faut que nous soyons, nous-mêmes, nos propres touristes.

S : Sous quel signe placez-vous cette édition ?

S.K : Cette édition est placée sous le signe du développement des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Comment faire en sorte que ces technologies profitent au maximum à la promotion de la destination ? Aujourd’hui, tout le monde entier est sur la toile. Chaque citoyen a son Android. Nous estimons que c’est un canal privilégié pour pouvoir faire la promotion du tourisme burkinabè. Il s’agit de réfléchir sur la stratégie à mettre en œuvre pour pouvoir avoir des contenus assez intéressants à diffuser sur ces plateformes. Et comment faire en sorte que les initiatives, les journalistes, les influenceurs, tous ceux qui utilisent ces outils contribuent d’une manière ou d’une autre à la promotion de l’image de marque du Burkina ? Quand on fait le tour de YouTube, WhatsApp, Twitter, on constate qu’il y a un regain de patriotisme. De façon volontariste, les gens diffusent de belles images du Burkina. Partout où des gens vont pour des visites, ils font des captures et les diffusent. Donc, c’est vraiment de continuer à faire ce travail de mobilisation, de prise de conscience pour que ce soit un mouvement d’ensemble et que nous puissions tirer profit de ces outils pour la promotion de la destination Burkina.

S : Pour cette IIe édition, quelles sont les mesures prises par l’ONTB pour encourager les Burkinabè à visiter leur propre pays ?

S.K : Le Programme de développement du tourisme interne (PDTI) a mis à la disposition de l’ONTB 57 millions de francs CFA pour subventionner des activités de promotion, essentiellement. Et, ces activités tournent autour du week-end tourisme. C’est un concept que nous avons mis en œuvre cette année et qui consiste à offrir des packages valables à tout groupe qui souhaite visiter un pan de notre patrimoine touristique. Il y a également la création de plateforme numérique, de site web, de promotion de la destination Burkina. Il y a aussi la formation parce qu’avec cet engouement sur les sites, il faut un personnel qualifié pour pouvoir gérer et offrir des prestations de qualité. Pour cela, nous allons former les guides de tourisme. Cette fois, les formations vont plus être accentuées sur l’utilisation des langues nationales dans les guidages. Nous parlons le Français à Ouagadougou principalement et dans le milieu administratif. Mais près de 80% des Burkinabè ne parlent pas le Français. Nous allons essayer d’identifier quelques langues nationales sur lesquelles, nous allons travailler pour que les guides soient outillés à l’usage de ces langues nationales pour le guidage. Il y a 8 activités qui sont vraiment inscrites dans ce programme, sans compter les activités traditionnelles de l’ONTB.

Donc, nous avons lancé des séjours vacances à Bobo-Dioulasso et à Banfora. De façon régulière, nous organisons des excursions, des séjours au profit des grands groupes avec pour cible privilégiée, les scolaires. Dans le cadre de ce programme toujours, nous avons envisagé l’accompagnement à l’installation et l’opérationnalisation des clubs de tourisme dans les établissements publics. C’est une dynamique qu’on a enclenchée depuis une dizaine ou vingtaine d’années qui a porté fruits. Aujourd’hui, ce qu’il faut, c’est donner toute la technique ou les moyens nécessaires à ces élèves afin qu’ils contribuent à l’organisation de ces activités touristiques. Ne pouvant pas être à la fois sur tous les terrains, il sied de transmettre les connaissances à la base pour que la cible puisse se prendre en charge jusqu’à un certain niveau. Et nous nous pourrons venir après avec l’accompagnement logistique.

S : Parmi les mesures prises pour booster le tourisme interne, il y a cette année, la réduction significative des coûts des chambres dans certains établissements hôteliers du pays. Pensez-vous que cette mesure peut inciter les Burkinabè à prendre d’assaut les différents sites touristiques ?

S.K : Nous saluons très chaleureusement cette initiative des acteurs du secteur privé, notamment la faitière des organisations patronales du tourisme et de l’hôtellerie qui n’a ménagé aucun fort pour accompagner la grande saison du tourisme interne à travers cette réduction de 50%. L’hébergement constitue vraiment une des difficultés quand les gens prennent l’initiative de voyager. Le coût des chambres n’est parfois pas à la portée du Burkinabè lambda. Il y a eu beaucoup d’investissements de la part du secteur privé dans ce domaine et qui permettent aujourd’hui de satisfaire toutes les catégories de clients. C’est une mesure salutaire qui va encourager les nationaux voyageurs à prolonger leurs séjours. En plus, après négociation, les acteurs du privé sont en train de proposer des offres, des gadgets, des lots, mais aussi des bons d’hébergement et de restauration à la clientèle. Tout cela pour contribuer à la promotion du tourisme.

S : Quelles sont les activités majeures qui seront menées au cours de cette IIe édition de la Grande saison du tourisme
interne ?

S.K : D’abord, au lancement de cette IIe édition de la Grande saison du tourisme interne, il y a eu une excursion touristique qui a mobilisé 300 personnes à Loango, le jour J. Et les activités qui ont suivi, c’est l’organisation de deux séjours touristiques à l’Ouest, Bobo-Dioulasso et Banfora, pour les adultes et pour enfants. Il y a également les jeux radiophoniques où, nous allons donner des gadgets et des lots dont des bons d’hébergement aux auditeurs qui auront trouvé les bonnes réponses. Il y a aussi le week-end tourisme qui vient coïncider avec la Grande saison de tourisme interne. Cela, ce sont des facilités que nous offrons aux populations, tous groupes confondus. Si vous êtes à partir de 2, 3, 4, 5 jusqu’à 100 et même au-delà, nous avons tout ce qu’il faut pour que les gens puissent se déporter tranquillement vers les sites touristiques. Et ce qu’il faut ajouter, c’est que nous avons travaillé sur les sites de sorte à recueillir les informations nécessaires pour les commentaires. Donc, nous invitons les uns et les autres à se faire accompagner, soit par l’ONTB soit par les guides indépendants qui sont organisés au sein d’associations.

S : Quel appel avez-vous à lancer aux Burkinabè pour faire de cette IIe édition de la Grande saison touristique une réussite ?

S.K : L’appel reste le même. Il faut que les Burkinabè prenne conscience que le tourisme n’est plus une activité de riche. Ce qui était une conception erronée d’une certaine époque. Aujourd’hui, nous pensons qu’avec la dynamique qu’on est en train d’enclencher au niveau national qui prône le retour à nos valeurs, vers des valeurs de patriotisme, d’intégrité, le tourisme peut y contribuer beaucoup. En ce sens que vous ne pourrez jamais aimer, comme il se doit, quelque chose que vous ignorez. Donc, pour développer notre esprit patriotique, il va falloir que nous puissions découvrir nous-mêmes notre beau pays pour pouvoir mieux l’aimer et mieux en prendre soin. Nous leur rassurons qu’il existe des mesures d’accompagnement pour que les citoyens puissent visiter le Burkina, dans tous ses quatre coins. Des efforts qui sont faits pour sécuriser l’ensemble des sites touristiques et des zones qui accueillent du monde. En somme, il y a un travail qui est fait. Il faut que les populations aussi puissent suivre la dynamique.

Sidwaya