Afin d’éviter à l’avenir les massacres de Barsalogho du 24 août, Me Hermann Yaméogo estime qu’il revient en premier à aux "dirigeants de prendre acte de la dissémination du mal pour explorer avec un esprit plus inclusif des stratégies et techniques de guerres alternatives plus adaptées, afin de mieux endiguer la déferlante terroriste"

À Barsalgho dans un flot de sang et de larmes intarissables, le deuil s’est invité par-delà une multitude de familles dans toute une région, dans toute la nation. Quelle indicible monstruosité !

Condoléances les plus attristées aux familles éplorées. Prompts rétablissements aux nombreux blessés dans le corps et l’esprit.

Depuis le déclenchement de la guerre anti-terroriste, des hécatombes en série nous en avons connues et dénoncées. Mais jamais des massacres terroristes n’ont atteint un tel seuil dans l’horreur au point que l’on se retrouve en manque de qualification comme ce fut le cas à Barsalgho.

Il ne faut pas alors s’étonner de la diversité des réactions audibles ou non, spontanées ou organisées comme c’est le cas avec le collectif justice pour Barsalgho (CJB ) et l’église catholique notamment. Elles témoignent toutes que même en quantité résiduelle, malgré les charges ascendantes de malheurs affligeants et désœuvrant l’empathie sociale, le sens de l’humanité existent encore dans ce pays.

Mais ce n’est pas tout, elles conseillent une pause réflexive et de remise en cause avec humilité pour chercher ensemble de meilleurs voies qui puissent nous aider à venir à bout de cette menace collective globale.

Dans cette logique les devoirs des citoyens, des organisations politiques et sociales indépendantes, de la faîtière des organisations coutumières religieuses et traditionnelles sont patents. Il en va tout autant de la communauté internationale avec laquelle nous sommes liées par bien de conventions obligatoires et qui ne devrait pas être si distante face à de telles tragédies aux graves implications internationales. Surtout qu’il existe une Stratégie antiterroriste des Nations Unies dont on voudrait tester l’opérationnalité chez nous.

Mais dans tout ça évidemment, ceux dont on attend le plus de réaction pour une meilleure approche de solutionnement de la crise sécuritaire majeure, sont nos dirigeants nationaux. Qu’ils aient déployé du matériels et de multiples initiatives pour combattre le mal est incontestable mais les faits parlants d’eux mêmes ils se doivent de reconnaître la distance existante entre ces efforts et le mal en progression et aggravation continues.

Il revient en premier à ces dirigeants de prendre acte de la dissémination du mal pour explorer avec un esprit plus inclusif des stratégies et techniques de guerres alternatives plus adaptées, afin de mieux endiguer la déferlante terroriste.

Ne pas le faire et laisser le champs de guerre gagner en extension par la multiplication d’autres fronts de guerre, par l érosion continue des capacités de ripostes unitaires, par la montée en puissance de la désinformation et le mépris de tout ce qui touche à la réconciliation, ne fait que nous éloigner des berges de la pacification nationale. Ce sort funeste est d’autant plus angoissant que les prises de distances de la gouvernance avec les libertés fondamentales objet d’engagements internationaux de notre part ( non encore dénoncés ), accentuent notre isolement au plan international, ce qui n’est pas la voie la plus indiquée dans la situation que nous vivons.

Il faudrait pendant qu’il est encore temps des assises nationales dans le sens originel, c’est à dire représentatif d’un échantillonnage fidèle de l’opinion nationale et non d’un montage au regard de priorités exclusives. Seule une telle initiative peut nous libérer des psychoses sécuritaires et nous permettre une évaluation responsable à mi-parcours des voies jusqu’à présent empruntées, pour combattre ce mal qui est non pas celui d’un individu ou d’un groupe de citoyens mais celui de tout un peuple.

Barsalgho il ne fait pas se le cacher peut sonner plusieurs coups de gongs mais celui-ci est le plus indiqué.

En attendant encouragements à tous ceux qui ont toujours plaidé pour la paix, la réconciliation nationale et internationale, le retour des exilés, la libération des détenus politiques à la MACA et à la MACO . La tâche n’est pas de tout repos mais ils sont dans le sens de l’histoire.

Qu’ils se sentent encore plus l’obligation de redoubler d’engagement pour décourager par l’union sacrée qui résultera de leur combat d’autres BARSALGHO.

Me Hermann Yaméogo.