Il y a neuf (9) ans, les Burkinabè s’étaient opposés au coup d’Etat conduit par le Général Gilbert Diendéré contre le pouvoir de la Transition issu de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014.
Une occasion que saisit un groupe d’Organisations de la société civile pour s’exprimer sur la situation nationale
Il y a neuf ans, le 16 septembre 2015, notre peuple, uni et déterminé, s’est levé contre une tentative de putsch perpétrée par les forces réactionnaires du défunt Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP). Cette résistance héroïque, menée par les masses populaires, en particulier la jeunesse, a marqué une étape cruciale dans notre lutte pour la liberté et la souveraineté. Elle a permis de sauvegarder les avancées obtenues lors de l’Insurrection Populaire de 2014. Nous rendons hommage aux martyrs de cette Résistance et renouvelons notre solidarité indéfectible envers leurs familles ainsi qu’envers toutes les victimes des combats pour la liberté et le progrès social.
Cette commémoration intervient dans un contexte de dégradation de la situation sécuritaire. Presque chaque semaine, notre pays est le théâtre de massacres barbares perpétrés par des groupes armés terroristes (GAT) touchant aussi bien les FDS et/ou VDP, que des populations civiles des zones de conflit. Le dernier le plus meurtrier en date est celui de Barsalogho. Cette véritable hécatombe a provoqué un choc profond au sein de notre peuple, suscité une vague de compassion au niveau des pays voisins et à travers le monde, au regard du bilan particulièrement effroyable. Les conditions de la survenue de cette tragédie qui sonne comme un revers, non encore expliquée au peuple par le pouvoir en place, sont source de questionnements. Comment un tel drame a pu survenir dans une zone connue pour la présence des GAT et dans une localité située à une quarantaine de km de la ville de Kaya qui abrite la première région militaire ? Que comprendre de ce drame alors que les informations officielles tendaient à dire que la situation s’améliorait ?
Les structures signataires s’inclinent devant la mémoire des disparus, présentent leurs sincères condoléances aux familles et proches des victimes. Elles souhaitent prompt rétablissement aux personnes blessées. Elles témoignent leur solidarité à toutes les populations éprouvées de la zone de Barsalogho et environnants ainsi qu’à celles des autres régions du pays qui vivent de façon récurrente, les dures épreuves de la guerre civile réactionnaire en cours dans notre pays.
Les conséquences terribles de cette guerre sont perceptibles à divers niveaux :
• Économiquement, la guerre a détruit des moyens de subsistance des populations, déplacé des millions de personnes et exacerbé la pauvreté. Outre cette situation, les multiples taxes et impôts, l’augmentation du prix du carburant, la cherté des produits de première nécessité, plongent davantage les masses populaires dans une grande précarité. Des milliers de travailleurs, du fait de la fermeture d’entreprises (en l’occurrence dans le secteur minier) et des compressions, se retrouvent au chômage. Des millions de jeunes voient leurs espoirs d’avoir des emplois, qui étaient déjà minces, s’évaporer complètement ;
• Au plan national, la cohésion sociale est presqu’en lambeau, du fait de la prouesse inégalée du MPSR (1 et 2) dans la division de notre peuple en deux catégories. D’un côté, les « patriotes » « soutiens du MPSR » et qui ont tous les droits, notamment le droit de manifester, de menacer, d’injurier, de calomnier en toute impunité. Ces personnes semblent n’avoir de comptes à rendre à personne, même pas à la justice, si ce n’est au pouvoir en place. De l’autre côté, se trouvent les « apatrides » qui regrouperaient tous ceux qui sont indexés comme étant « contre le pouvoir » et comprenant des Burkinabè et des organisations démocratiques qui émettent des avis critiques sur la gouvernance de leur cher pays, le Burkina Faso, sur la base de sentiments patriotiques historiquement prouvés. Depuis quand, dans notre pays, critiquer ou émettre un avis contraire à la position d’un pouvoir équivaudrait à de l’apatridie ? Combien de pouvoirs se sont succédés dans notre pays depuis 1960 ? Les pouvoirs quels qu’ils soient passent et passeront ! Mais notre pays et notre peuple restent et resteront toujours ; ils sont éternels !
Prétextant la guerre, le pouvoir du MPSR2 se livre à une remise en cause flagrante et décomplexée des libertés fondamentales si chèrement acquises dans notre pays, notamment par la sueur et le sang de ses dignes filles et fils. Notre peuple qui s’est insurgé en octobre 2014 et qui s’est opposé au putsch de septembre 2015, revendiquait, entre autres, plus de liberté, notamment la liberté d’opinion et d’expression sur la gestion du pays, une justice indépendante, le respect des décisions de justice, une égalité de traitement de tous les Burkinabè devant la loi. Les dernières actions du gouvernement, telles que l’envoi de magistrats et de journalistes au front, les enlèvements ciblés de personnalités critiques et la répression accrue contre les voix dissidentes, sont autant de signes inquiétants d’une dérive autoritaire. Ces actes, qui visent à museler toute forme d’opposition et à consolider un pouvoir de plus en plus autocratique, mettent en péril les acquis de notre Insurrection Populaire et de la Résistance Populaire de septembre 2015. Nos organisations dénoncent avec force ces atteintes aux droits fondamentaux et réaffirment leur engagement à défendre les libertés d’opinion et d’expression pour lesquelles tant de Burkinabè se sont battus et ont sacrifié leur vie. A la faveur de cette commémoration, nos organisations réaffirment leur position anti-putschiste de principe. Notre histoire nous enseigne que les putschs ne peuvent pas apporter des réponses appropriées aux aspirations de notre peuple à l’indépendance et au progrès social véritables. Nos structures appellent les populations de la ville de Ouagadougou et des environs à :
– avoir une pensée pieuse et respectueuse pour les martyrs de la Résistance Victorieuse au putsch de septembre 2015, pour les victimes FDS, VDP et civiles de la guerre ; mais également pour le peuple martyr de Barsalogho ;
– œuvrer à l’unité de lutte des différentes composantes sociales en s’inspirant de l’expérience de l’Insurrection populaire d’octobre 2014 et de la Résistance victorieuse de septembre 2015, contre la guerre et pour l’amélioration de leurs conditions de vie ;
– organiser encore plus la solidarité et l’entraide envers les PDI et toutes les personnes affectées durement par les conséquences multiples de la guerre ;
– poursuivre la lutte pour la défense des libertés d’expression et d’opinion, pour la justice sociale et contre l’arbitraire. Vive l’Insurrection Populaire des 30, 31 octobre et 1er et 2 novembre 2014 ! Vive la Résistance Populaire Victorieuse au putsch de septembre 2015 !
Ouagadougou, 16 septembre 2024
Ont signé :
Association des femmes KEBAYINA du Burkina/section du Kadiogo Coordination des Comités de Défense et d’Approfondissement des Acquis de l’Insurrection Populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou Organisation Démocratique de la Jeunesse (ODJ)/ section du Kadiogo Union Régionale du Centre de la CGT-B Mouvement Burkinabé des Droits de l’Homme et des Peuples Kadiogo (MBDHP)/section du Kadiogo
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