C’est parti pour la 17è édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) qui a ouvert ses portes hier 25 octobre en présence du chef de l’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré sous le thème : Artisanat africain, entrepreneuriat des jeunes et autonomisation ».
C’était à l’occasion d’une cérémonie haute en couleurs marquée en entrée par un spectacle offert par le ballet national, avec une chorégraphie et du rythme qui célèbrent la beauté de la danse et la diversité culturelle du Burkina.
Une cérémonie retransmise en direct sur la chaine de télévision nationale, la RTB et qui aura duré une heure d’horloge, discours et prestations artistiques compris

Jusqu’au 3 novembre, Ouagadougou sera assurément la capitale de l’artisanat africain avec la présence de 4000 exposants venant d’une trentaine de pays, d’acheteurs professionnels d’Afrique et d’autres continents et plus de 300 000 visiteurs attendus.
Président de la délégation spéciale de la commune de Ouagadougou, Maurice Konaté a offert aux participants les clés de la capitale burkinabè et les a invités à s’en servir en découvrant les délices et autres curiosités de sa ville. Quant au parrain de l’édition 2024, le président de l’Assemblée législative de transition, Ousmane Bougouma, il a rappelé que depuis sa création il y a 34 ans, le SIAO a toujours été pour les artisans africains, une tribune pour montrer au monde leurs talents et de faire affaires.
Il a rassuré que l’institution qu’il préside soutient l’artisanat pour une transformation positive de l’économie de nos pays.
Membres de l’Alliance des Etats du Sahel, le Mali et le Niger, « pays invités spéciaux » sont bien là avec chacun, une forte délégation d’une centaine de personnes. Avec leurs collègues burkinabè, elles animeront le « Village AES », spécialement aménagé pour la circonstance.
Comme celles des deux dernières, l’édition 2024 du SIAO qui se tient dans un contexte sécuritaire pour le moins préoccupant avec des attaques terroristes dans plusieurs régions du Burkina, sonne encore comme celle de la résilience. « En dépit d’un contexte sécuritaire marqué par des attaques terroristes lâches et des multiples et vaines tentatives de peindre le Burkina Faso en rouge, la terre libre et souveraine de notre pays a une fois de plus réussi à rassembler des délégations venues d’Afrique et d’ailleurs pour célébrer la richesse de l’artisanat africain », a souligné le chef de l’Etat dans son discours lu par le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat, Serge Gnaniodem Poda. Pour lui, la « présence de nombreuses délégations provenant de nombreux pays témoigne de la confiance et de la solidarité internationale envers le Burkina Faso, dans sa quête constante d’indépendance réelle et de souveraineté ».
Avec une part de 20% du PIB dans l’économie de l’Afrique, l’artisanat emploie plus de 60 millions de personnes, majoritairement des jeunes et « constitue une source essentielle de revenus pour de nombreux ménages, tout en constituant un levier incontournable de croissance et de réduction de la pauvreté ».

Le chef de l’Etat l’a toutefois souligné, l’artisanat africain fait face à d’importants défis, accentués par la crise sécuritaire qui frappe plusieurs pays de la sous-région, dont le Burkina Faso, avec comme conséquences, « des déplacements massifs de populations et de la diminution des opportunités de commercialisation des produits artisanaux ». A quoi s’ajoute le difficile accès aux financements « avec des offres inadaptée aux réalités du secteur », ce qui « freine l’émergence des entreprises artisanales et limite leur capacité d’innovation et de contribution à la structuration de nos économies ».
Autres défis à relever pour un artisanat prospère, le manque de formation qualifiante et professionnalisante de nombreux artisans et « la concurrence déloyale des produits industriels importés, la fraude et la contrefaçon, qui compromettent les efforts de souveraineté entrepris par nos nations pour stimuler les capacités productives locales ».
Sur ce dernier point, en l’occurrence la lutte contre la concurrence déloyale et la contrefaçon, le Burkina a labellisé plusieurs produits issus du savoir-faire national, notamment le Faso Dan Fani, le Koko dunda, le chapeau de saponé, le beurre de Karité et le poulet bicyclette.

Face aux difficultés que rencontrent les artisans africains pour écouler leurs produits sur les marchés internationaux, il revient aux Etats africains de leur offrir des opportunités, en équipant par exemple l’administration avec des productions nationales. Dans cette optique, L’Etat burkinabè a « conclu un accord-cadre en septembre 2021 avec la Chambre des métiers de l’artisanat du Burkina Faso (CMA-BF) pour la production et la fourniture de biens et services artisanaux pour lesquels les artisans disposent de compétences requises ». Environ 5 milliards de F CFA ont été ainsi alloués à près de 2000 artisans sur l’ensemble du territoire national, augmentant ainsi leur accès à la commande publique. Mieux, selon le chef de l’Etat, le gouvernement a entrepris depuis 2018 la mise en œuvre de l’initiative 5000 métiers à tisser qui a permis à ce jour, de doter 2 350 métiers à tisser petites bandes et 18 métiers à tisser larges bandes. A quoi s’ajoute, l’institution du mois du « Consommer local », l’objectif étant « de promouvoir et de valorises nos produits artisanaux « made in Burkina ».
Accompagné du président de l’ALT et du ministre de l’Industrie, du commerce et de l’artisanat, le chef a procédé à l’ouverture du SIAO en coupant le ruban, ouvrant le plus grand marché africain de l’artisanat aux visiteurs.
Le SIAO, c’est aussi des animations culturelles et artistiques sur le site, des débats sur la protection des œuvres de nos artisans, des visites touristiques, des rencontres B to B et un atelier de création au profit des enfants « SIAO KID’S ».

Dominique Koné
Kaceto.net