Des producteurs et des exportateurs de cacao de Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de la fève, ont dénoncé vendredi l’immobilisation de plusieurs milliers de tonnes de cacao au port d’Abidjan, à la suite du blocage du système d’achat mis en place par les autorités de la
filière.
Plusieurs dizaines de camions chargés de sacs de cacao sont alignés le long des voies bordant la zone portuaire de Treichville et Vridi, où se concentrent la plupart des exportateurs.
"Depuis le 22 décembre nous sommes venus avec les camions chargés de cacao. On ne nous reçoit pas, on ne sait pas pourquoi", s’est plaint Mohamed Touré, un chauffeur de camion.
Le prix "bord champ" du kilo de cacao a été fixé à 1.100F CFA (1,67 euros) par le gouvernement ivoirien.
Mais selon un exportateur qui a requis l’anonymat, tout est parti "du gap de 470 FCFA (0,71 euros) qu’il y a entre le prix du cacao à la Bourse de Londres qui est de 1.380 FCFA (2,10 euros) et le prix de vente à l’exportation imposé par le Conseil café-cacao qui régule la filière, qui est de 1.850 FCFA (2,80 euros)".

"Le problème c’est que c’est le Conseil qui donne les autorisation d’exportation. Mais comme il ne veut pas soutenir le gap de 470 FCFA, il ne donne plus d’autorisation à l’exportation - document qui permet aux exportateurs d’acheter le cacao -", a expliqué un autre exportateur qui "attend depuis deux semaines une autorisation d’exportation pour 100 tonnes" de cacao.

Il y a près de "700 camions qui sont bloqués ici au port" à Abidjan, a déploré Moussa Koné, le président du Syndicat national des producteurs pour le progrès, assurant qu’"à San Pédro,deuxième port du pays, les camions chargés de cacao attendent depuis de longs jours".

"Le cacao qui est entassé dans les sacs exposés au soleil a pris de l’humidité. Dans ce cas-là les exportateurs refusent de l’acheter. Il faut donc que l’Etat dédommage les producteurs", a indiqué Sibi
Le cacao est vital pour l’économie ivoirienne. Ce secteur représente 15% du PIB, plus de 50% des recettes d’exportation et surtout, les deux tiers des emplois (directs et indirects) et des revenus de la population, selon la Banque mondiale.