Les groupes d’autodéfense Koglweogo de Bogandé ont affirmé que les bastonnades qu’ils infligent à leurs ’’frères voleurs’’, visaient uniquement à les remettre sur le droit chemin, alors que les autorités locales rejettent catégoriquement cette option.

Le mercredi 11 janvier 2017 dans la salle de conférence de la mairie de Bogandé (Est, 270km), a eu lieu une rencontre de sensibilisation sur le décret du 14 novembre 2016, portant création de la Police de proximité.

La rencontre a regroupé des autorités administratives dont le Haut-commissaire de la province du Bogandé, Ousmane Balima, le procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Bogandé, Roland Ouédraogo, les représentants des groupes d’autodéfense, les responsables coutumiers et religieux et les associations intervenant dans la promotion et la protection des droits humains.

Ousmane Balima a expliqué article par article, le contenu de la loi pour mettre tous les participants au même niveau d’information.

Selon le procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Bogande, Roland Ouédraogo, le nouveau décret entend mieux organiser toutes les structures d’autodéfenses sur l’ensemble du territoire national, pour qu’elles soient plus efficaces tout en respectant les lois du pays.

"Dans les structures d’autodéfenses communément appelées Kolgweogo, pour ce qui nous concerne, il y a du bon, car environ sur les 300 dossiers que recevait le parquet par an, cela s’est réduit à 150. Mais il y a aussi du mauvais car on ne peut pas passer par des infractions pour lutter contre l’insécurité’’, a martelé Roland Ouédraogo.

’’Les lieux de détention (des Koglweogo) sont bien connus de tous et on y enregistre également des décès dans la Gnagna, notamment à Piéla et à Bilanga, alors il faut nécessairement se conformer aux textes en vigueurs dans le pays", a poursuivi Roland Ouédraogo.

Les débats ont tourné principalement autour de l’article 11 du décret, portant sur les interdictions du port illégal d’arme à feu , de déplacements en groupe avec port ostensible d’armes , du port de tenues assimilables à celles des Forces de défense et de sécurité (FDS), la détention et la séquestration des présumés auteurs d’infractions, et de toutes autres pratiques illégales.

Mais pour les groupes d’autodéfense, les punitions visent uniquement à corriger les coupables.

"Laisser nous frapper nos voleurs, ce sont nos frères et nos enfants, nous ne sommes pas contre eux, nous voulons qu’ils changent de comportement", a déclaré le secrétaire général du groupe d’autodéfense Koglweogo de Mani (35km de Bogandé), Oumarou Lankoandé dit Sergent.

Le commandant de compagnie de gendarmerie de la Gnagna, Edmond R. Zoma a attiré l’attention des participants sur la menace terroriste

Il les a exhortés à la prudence afin que le comportement des uns et des autres ne soit une occasion d’infiltration pour ces groupes terroristes.

Selon lui, seule la franche collaboration entre les populations et les FDS permet de lutter efficacement contre l’insécurité.

Le Haut-commissaire de la Gnagna, Ousmane Balima a donné au maximum six mois aux groupes d’autodéfense pour se conformer au nouveau décret.

En rappel, les groupes d’auto-défense Koglweogo, créés en très grande majorité en 2016, sont le fait de populations rurales exaspérées par le grand banditisme et le vol de leur bétail.

Mais la barbarie de leurs méthodes ont révolté des organisations de défense des droits humains et de nombreux observateurs qui appellent régulièrement l’Etat à prendre ses responsabilités pour ne pas mettre en péril la cohésion nationale.

Le 13 janvier dernier, le président du Faso Roch Marc Christian Kaboré a une nouvelle fois invité les Koglwéogos à arrêter les sévices, au risque d’être conduits directement en prison.

Agence d’Information du Burkina (AIB)

Oyé Ardjima Yempabou TINDANO, AIB Bogandé.

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