Après le Congrès pour la démocratie et le progrès, c’est autour de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA) de Djibril Bassolé de passer au peigne fin le bilan de l’an I de la gestion du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés. Globalement négatif !

La fin de l’année 2016 coïncide avec la première année de la gouvernance de Mr Rock Marc Christian KABORE, Président du Faso. La situation nationale ne laisse aucune personne indifférente. Cette première année de la gouvernance du MPP élargie à ses alliés se termine dans un contexte politique, socio-économique et sécuritaire extrêmement préoccupant et marqué par des frondes sociales dans presque tous les secteurs,, une incapacité notoire du pouvoir en place à instaurer l’autorité de l’autorité de l’Etat, une justice qui a du mal à retrouver ses repères et la confiance des citoyens, une gouvernance institutionnelle et administrative non rassurante , une morosité économique persistante et une insécurité effroyable qui a pris de l’ampleur.

De ce sombre et pitoyable contexte décrit plus haut, que peut-on retenir succinctement de l’exercice d’un an de pouvoir de Rock en termes de bilan ?

De façon générale, des mesures phares annoncées au démarrage du quinquennat telles que la gratuité des soins de santé des enfants de 0 à 5 ans et des femmes enceintes, le recrutement de jeunes, le programme prioritaire en matière d’eau potable, d’éducation, de santé, etc. se sont vite transformées en feu paille face à l’énormité des attentes non satisfaites des populations. Les problèmes tels que la persistance des problèmes sociaux récurrents comme les pénuries d’eau potables et d’électricité dans les grands centres urbains, la surcharge, voire l’incapacité des centres hospitaliers à offrir un minimum de services de qualité, la baisse du pouvoir d’achat, se sont amplifiés.

Toujours au plan global, l’année a été aussi marquée par le tâtonnement observé dans la mise en place des institutions (mise en place du gouvernement) et partant des orientations de développement pour le quinquennat et surtout pour cette première année du pouvoir de MPP comme si ce méga parti ne s’était pas suffisamment préparé à assurer le pouvoir d’Etat.

De façon spécifique, une lecture de l’action gouvernementale au cours de l’année 2016, nous fait observer ce qui suit :

Au plan politique, évoquons entre autres les faits marquants suivants :

De l’organisation des élections municipales
Le premier exercice politique public du pouvoir de Rock, a été la tenue effective des élections municipales du 22 mai 2016 marquées par des violences et agressions politiques avec des pertes en vies humaines. Lors de ces toutes premières élections organisées par les nouvelles autorités, le MPP nous a présenté son vrai visage, celui d’un parti ancré dans les manigances politiciennes dont un de ses sports favoris a été une corruption jamais égalée. Ces élections ont démontré l’incapacité du MPP à maintenir l’ordre public et à relever les défis de la démocratie. Jusqu’à date, des tensions existent encore et toujours dans la mise en en place où la gestion de certains exécutifs locaux. Tensions savamment entretenues dans la plupart des cas par les militants du MPP

De l’élaboration d’une nouvelle constitution
Dans la perspective d’aboutir à l’avènement d’une cinquième république, on note qu’une des activités phare du pouvoir actuel est la rédaction d’une nouvelle constitution. Cette activité qui fait partie d’une promesse de campagne électorale, semble, aux yeux des citoyens, posée plus de questions qu’elle en constitue une réponse : . Sur le plan juridique la constitutionnalité de la commission mise en place par le Président du Faso pour l’élaboration de cette constitution, est questionnable car la question de savoir qui va endosser le projet de texte reste posée ? En définitive, l’adoption de cette nouvelle constitution impose l’organisation d’un référendum , il n’en demeure pas moins que des questions légitimes se posent quant à son opportunité ( urgence et coût trop élevé) pour l’organisation d’une telle élection dans un contexte sécuritaire, économique et de grognes sociales des plus déplorables. Les priorités des burkinabé vivant les pires précarités sont certainement ailleurs.

Des enquêtes parlementaires à connotation partisane et politicienne
Dans le principe, on devrait saluer la réalisation des enquêtes parlementaires dans des secteurs sensibles comme le foncier et les mines touchées par la mal gouvernance avec toutes les frustrations sociales et les fraudes financières que cela a dû engendrer. Mais l’on constate malheureusement, que lesdites enquêtes ont été diligentées avec comme toile de fond des vengeances politiciennes claniques. Il ressort clairement de par les discours et les faits, qu’un des objectifs avérés par les ténors du pouvoir actuel à travers ces enquêtes est de nuire et de jeter à la vindicte populaire leurs anciens camarades d’hier et qui ne sont plus en odeur de sainteté avec eux. La partialité de ces enquêtes ne fait aucun doute au regard des conclusions hâtives disculpant certaines personnes notoirement connues pour avoir trempés dans des deals nauséeux de parcelles et qui se trouvent aujourd’hui du ‘bon côté’. Par exemple l’enquête sur le foncier devrait couvrir les dix villes moyennes, comment expliquer alors qu’on laisse la ville de Gourcy pour aller à Titao ? A ce propos, la NAFA se réjouit de la décision du conseil constitutionnel réfutant la constitutionnalité de la résolution du parlement sur le retrait des parcelles, bloquant ainsi la promulgation de la loi. Quant à l’enquête sur les mines, les analyses sont restées très superficielles avec des conclusions et recommandations en termes de condamnations très orientées, ce qui portera à coup sûr des préjudices sur le secteur minier avec des investisseurs étrangers.

Des autres dérives d’une gouvernance politique et administrative en panne
Au lieu de s’attaquer véritablement aux vrais problèmes des burkinabé, les 12 mois de pouvoir de Rock ont servi plutôt à camoufler le manque de vision prospective, l’incapacité des autorités à inventer des réponses idoines et à assurer un management productif des affaires de l’Etat dans un contexte de crises multiformes et multidimensionnelles post insurrectionnelles. Autrement dit, le MPP à travers son système de gouvernance à trois têtes, a toujours chercher à indexer l’ancien régime comme le facteur limitant à son inactivité, oubliant du même coup que les trois dirigeants du MPP ont été les acteurs clé du régime passé et qu’au-delà de tout ceci et en connaissance de cause, ils ont promis d’être à mesure d’apporter des transformations sociales profondes pour un renouveau démocratique et pour un Burkina prospère. Au titre des incapacités managériales,. on remarque que le système de gouvernance administrative est grippé par l’ostracisme, la suspicion, la politisation de l’administration, le tricéphalisme au sommet de l’Etat entre les « RSS », la diabolisation de l’opposition républicaine, la diabolisation de la transition après le service à eux rendu par le biais de loi d’exclusion, l’instabilité politique des collectivités territoriales, la fuite de la responsabilité politique du président de l’assemblée, président par intérim du parti au pouvoir qui, par moment, fustige le gouvernement par un populisme inavoué, , etc.

Au plan économique, la situation n’est pas des plus reluisantes non plus. Car bien au contraire ni le budget 2016 révisé deux fois, ni le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES), assorti des multiples promesses de plus de 18 milles milliards faites par les bailleurs à Paris pour son financement, lors de la récente table ronde, ne sont de nature à rassurer sur la rupture attendue et l’amorce de la satisfaction des attentes des populations. Pendant que le président de l’assemblée accuse le gouvernement de n’avoir pas le courage de ses ambitions et ne devrait dépendre des institutions financières de Breton Woods, il vote le budget 2017 avec un déficit de plus de 400 milliards, soit environ 20% du budget théorique. Qui va combler ce déficit ?

Parlant du PNDES fabriqué à la hâte et dont le premier ministre qui l’a enfanté est obligé à faire sa promotion voire son appropriation à travers des tournées d’explication régionales et sectorielles budgétivores. En effet ce document dit d’orientation qui a insuffisamment pris en compte certains secteurs clés (privé, la décentralisation, le genre, etc.) se présente comme une tentative dans la précipitation de faire du neuf avec de l’ancien, afin de combler le manque d’un plan opérationnel de développement propre au vainqueur de l’élection présidentielle de novembre 2015. Du coup, tant dans ses ambitions que dans sa rigueur, le PNDES est en deçà des documents de stratégie qui l’ont précédé (SCADD, CSLP, etc.). Nous en voulons pour preuve les 50 000 emplois à créer par an soit 250 000 en cinq ans que le PNDES prévoit pendant qu’au même moment les concours de l’année 2016 de la fonction publique ont enregistré plus d’un millions de candidats. En clair, pour le régime MPP, près d’un millions de chômeurs restant et qui seront certainement grossis par l’arrivée de nouveaux diplômés d’ici à cinq ans, doivent encore patienter.

. A cela s’ajoutent la fermeture des entreprises pourvoyeuses d’emplois (mines), la dette intérieure, la situation n’a pas changé pour les entreprises incendiées/ou pillées, la faillite des petits commerçants, la délocalisation de certaines entreprises vers les pays voisins, etc. Le constat est clair et alarmant : le régime MPP est incapable de se projeter dans l’avenir pour dénicher des solutions idoines au développement économique et social de notre pays.

Au plan social, la conséquence immédiate du tâtonnement au sommet de l’Etat, est lle constat amère d’une explosion sociale généralisée manifestée par la flambée des revendications sociales et leur corollaire de grèves dont le summum a été atteint avec la récente grève du SYNTSHA sans service minimum, une première au Burkina Faso. Là où un véritable plan Marshall pour la redynamisation et la modernisation de l’administration s’avère plus que nécessaire, le Gouvernement MPP propose, comme à son accoutumé, des ‘mesurettes’ face aux revendications légitimes des travailleurs. Les autres constats inquiétants sont révélés par les grèves des élèves et étudiants, la défiance de l’autorité de l’Etat par les actes d’incivisme accru et où la rue semble désormais gérer et prendre les décisions en lieu en place des nouvelles autorités, etc. Pour sortir définitivement le pays de cette tourmente, la NAFA invite instamment le Gouvernement à engager un dialogue franc et inclusif avec l’ensemble des partenaires sociaux.

Sur le plan judiciaire, la justice bien que supposée indépendante suite aux états généraux tenus sur la justice par le gouvernement de la transition, reste apparemment toujours embrigadée par le pouvoir. La persistance de l’immixtion du gouvernement et du parlement dans l’appareil judiciaire a été perceptible au cours de cette année 2016, montrant ainsi l’intention d’une remise en cause de l’indépendance de la magistrature par les nouvelles autorités. Les dossiers pendants en justice du régime Blaise Compaoré, utilisés comme alibi pour justifier l’insurrection restent toujours en veilleuse. Certains d’eux connaissent par ailleurs des ralentissements dans leur aboutissement pour des raisons ignorées.

En particulier, la justice militaire dans le dossier du Putsch manqué est un exemple patent d’une justice d’exception aux ordres du plus fort du moment, on change les juges comme des cacahouètes. La justice militaire est une vraie incarnation d’une justice à deux vitesses, on va et vient ; on tourne en rond selon le bon gré des ténors du MPP. Fortement instrumentalisée à des fins politiques inavouées et pour des vengeances haineuses, le cas Djibrill Ipèné BASSOLE, leader de la NAFA, illustre très bien une justice prise dans son propre piège, confuse dans ses propres contradictions flagrantes et fait de BASSOLE, le premier prisonnier politique du pouvoir de MPP.. La NAFA revendique légitimement pour tous les burkinabé une justice équitable, gage d’un véritable renouveau démocratique et d’un progrès économique et social assuré..

Du point de vue sécuritaire, la situation va de mal en pire avec l’insécurité grandissante et des attaques tous azimuts contre notre pays comme le montre bien la cartographie sécuritaire du Burkina diffusée par certaines chancelleries occidentales basées à Ouagadougou.

La Faiblesse des moyens de lutte contre l’insécurité transfrontière et le grand banditisme ne sont plus à démonter et la dérive sécuritaire avec la consécration par le gouvernement, des groupes d’auto défense appelés « kolgweogo » qui foulent au pied toutes civilités humaines et le respect des droits des prévenus voire les droits humains tout court. ;

Ces « kolgweogo », grâce à l’ingéniosité du tout puissant ministre en charge de la sécurité, sont rentrés de pleins pieds dans la légitimité et la légalité du pouvoir MPP, leur co géniteur. La non maitrise et l’agenda caché de ces milices d’auto défense, présagent de grands risques d’instabilité sécuritaires et des lendemain incertains, si rien n’est fait pour endiguer à temps cette navigation à vue de l’appareil sécuritaire national aux mains du MPPP car au lieu de chercher des solutions inclusives pour faire faces aux menaces grandissantes du terrorisme international, certains ténors du pouvoir tiennent un discours qui rejette le dévolu sur le régime passé, est-ce vraiment responsable ? ..

C’est l’occasion ici pour nous de renouveler notre solidarité avec les forces de de défense et de sécurité et de condamner vigoureusement ces attaques lâches et barbares et d’encourager les forces de défense et de sécurité à redoubler d’efforts et de vigilance pour venir à bout ou réduire à sa plus simple expression ces velléités de déstabilisation de notre chère patrie le Burkina Faso.

Cette situation d’insécurité généralisée préoccupante est la résultante de la déstructuration de notre système sécuritaire et de nos services de renseignement opérée sous la transition couplée au mauvais positionnement institutionnel du département en charge de la sécurité et au sous équipement des FDS. Or qui dit insécurité, dit par conséquent mort de l’économie nationale, instabilité sociale et institutionnelle C’est pour cela que la NAFA invite le pouvoir MPP à renforcer conséquemment les capacités opérationnelles de nos FDS en les dotant des moyens humains et matériels nécessaires à l’accomplissement de leur mission.

Il est également urgent de reformer l’institution militaire pour renforcer son unité et ses capacités opérationnelles.

En terme de leçons tirées, les difficiles résultats atteints par le MPP et ses alliés au cours de cette première année de pouvoir d’Etat, ne sont ni figues, ni raisins et n’assurent pas des lendemains meilleurs pour les burkinabé. Des questions essentielles et urgentes telles que la réconciliation nationale, l’Etat de droit et une justice indépendante et efficace qui font partie des conditionnalités pour le financement du PNDES par les bailleurs de fonds, ne sont pas abordées avec sérieux et n’étaient pas à l’agenda de la gouvernance 2016 de Rock à telle enseigne qu’il y a une véritable cacophonie sur ces problématiques au sommet de l’Etat (chacun parle comme il veut et comme il peut). La NAFA pense qu’avec une telle crise profonde que connaissent et subissent les burkinabé, une des urgences pour un gouvernement responsable, est sans doute de chercher vaille que vaille à souder et cimenter les fractures sociales largement et profondément ouvertes entre les burkinabé, à apaiser les cœurs meurtris, à favoriser le cadre du dialogue social et politique, en mot à promouvoir une véritable réconciliation nationale, conditions sine qua non pour mettre les burkinabé au travail et impulser par ce fait le développement socioéconomique inclusif et durable.

Il faut affirmer que si une réconciliation nationale n’est pas faite en impliquant tous les fils et filles du Burkina Faso pour l’intérêt supérieur de la nation, rien ne présage un avenir réconfortant, et nous risquons d’aller droit au mur. Les autorités actuelles ne semblent pas s’approprier de la situation réelle de la population et apparaissent vouloir régner plutôt que de servir.

La NAFA ne cessera jamais de lancer un appel au gouvernement d’ouvrer pour la résolution des problèmes des burkinabè au lieu de s’enfermer dans un esprit de fuite en avant, de vengeance, de haine sociale, de règlement de compte et d’arrogance de certains de ses dirigeants

Paix et stabilité pour le Burkina

Justice- Unité- Travail

Le Secrétaire Général