C’est une relation gagnant-gagnant qui dure depuis plus deux décennies. Le 18 janvier dernier, le Pool bancaire international et la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) ont signé à Paris une convention de financement de la campagne cotonnière 2016/2017. 26ème du genre, elle traduit la confiance qui règne entre les partenaires de la filière cotonnière

Les acteurs et le temps passent, mais le rituel demeure le même : chaque année, la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) et ses partenaires financiers internationaux se retrouvent dans la salle des fêtes de l’ambassade du Burkina à Paris, pour signer une convention de financement de la campagne cotonnière en cours. Le 18 janvier 2017, le directeur général de la Sofitex, Wilfried Yaméogo et la déléguée Sofitex à Ouagadougou, Hélène Traoré/Sanou, étaient à Paris, dans la même salle, pour signer la 26ème convention de financement avec le Pool bancaire international, conduit par la Société Générale et comprenant BNP Paribas (la BICIA-B étant sa filiale au Burkina) et la Société financière internationale, une filiale de la banque mondiale dédiée au secteur privé : montant de l’enveloppe, 90 millions d’euros, soit 59 milliards de F CFA. Une bonne nouvelle pour tous les acteurs de cette filière qui, comme le souligne l’ambassadeur Alain Gustave Ilboudo, « contribue pour environ 4% à la formation du Produit intérieur brut (PIB) et pour 17,5% aux recettes d’exportations, faisant ainsi du coton, le deuxième produit d’exportation du pays après l’or ».
Le 19 décembre dernier, le leader de la filière cotonnière avait déjà bénéficié d’un soutien financier de 80 milliards de F CFA octroyé par le Pool bancaire national dont Ecobank est le chef de file.
Manifestement, la Sofitex dispose d’un capital de confiance auprès des financiers, et ce n’est pas par hasard que le partenariat est reconduit depuis plusieurs années. C’est le résultat d’une « gestion professionnelle de la filière par les acteurs économiques au premier rang desquels, la Sofitex, mais aussi la performance et la rigueur dont elle fait preuve dans le respect strict de ses engagements financiers », croit savoir le représentant de la Société Générale, Vincent Nobilet. C’est sans crainte que le Pool bancaire, rejoint cette année par BNP Parisbas, accorde ce prêt de 59 milliards de F CFA pour la campagne 2016/2017, soit 13 milliards de F CFA de plus que la campagne passée. D’autant que, d’après Vincent Nobilet, le contexte économique international pousse à l’optimisme quant à l’évolution des prix.

Quant à la SFI, son soutien ne se limite pas seulement à la filière cotonnière, mais s’inscrit dans le cadre de son programme global pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. Raison pour laquelle, même au plus fort de la surchauffe sociale due à la volonté du pouvoir à l’époque de modifier la constitution, puis durant la Transition, la SFI a maintenu ses engagements au Burkina en investissant 200 millions de dollars (122 milliards de F CFA) dans divers projets dont le soutien à la Sofitex.
« Nous sommes intéressés aussi par l’anacarde, la tomate, le haricot et toutes les filières rentables et où il y a un avantage comparatif pour le Burkina », explique Ronke-Amoni Ogunsulire, représente régionale de la SFI pour le Bénin, le Burkina, le Ghana, le Niger et le Togo. Elle ajoute : « En analysant la situation, nous avions compris que sans un soutien à la Sofitex, cela pouvait avoir un impact sur l’économie du Burkina. Nous l’avons fait sans hésiter surtout que la Sofitex est bien gérée même si c’est une entreprise étatique. La bonne gestion est le principal critère de notre intervention », explique t-elle.
A la différence des banques, la SFI accorde des prêts dont le taux d’intérêt et la durée du remboursement varient en fonction du projet et du risque. Mieux, la filiale de la banque mondiale dédiée au secteur privé apporte également du service en dépêchant sur place des spécialistes dans chaque secteur pour conseiller les producteurs. Dans son discours, Ronke-Amoni Ogunsulire a révélé que son institution a signé un accord avec la Sofitex pour accompagner les cotonculteurs dans la gestion rationnelle de l’eau et des sols grâce à des aménagements antiérosifs et à l’utilisation des eaux pluviales pour une irrigation d’appoint. Lors de la conférence sur le financement du PNDES début décembre 2016 à Paris, la SFI était également présente et s’est engagée à soutenir les secteurs porteurs identifiés dans le Plan, notamment dans l’énergie, l’agro-business et les Partenariats public Privé (PPP).
Prenant la parole, le directeur général de la Sofitex, Wilfried Yaméogo a rappelé que la signature de la 26ème convention de financement intervient dans un contexte marqué par le retour à 100% au coton conventionnel et la reconquête du label coton burkinabè. Avec 555 000 tonnes de coton graine attendues dans la zone Sofitex, soit 80% de la production nationale, et 254 000 tonnes de coton égrené, c’est un DG heureux qui a révélé que cette année, « Dieu merci, il y a 0 fibre courte (1.1/16) et une abondance de la fibre longue (1.5/32). « Burkina Faso cotton label is back », a t-il lancé, un pari gagné (Voir ITW en bas) qui annonce de « bonnes affaires ».

Le concours financier du Pool bancaire international de 59 milliards de F CFA, remboursable sur un an au taux de 3,75% vise, faut-il le rappeler, à soutenir les opérations de récolte, d’égrenage, de conditionnement et de transports du coton vers les ports d’Abidjan et de Lomé pour être mis sur le marché international.
Premier produit agricole d’exportation, le coton est un levier de taille du développement socio-économique du Burkina. La culture de l’or blanc mobilise en amont et aval de nombreux secteurs d’activités comme les huileries, les filatures, les assurances, les transports, les hydrocarbures, les fournisseurs d’intrants, les appareils de traitement des pesticides et les équipementiers agricoles.
En paraphant le document, le DG de la Sofitex a rassuré ses partenaires de sa ferme « détermination à maintenir le cap de la bonne gouvernance et surtout à respecter les engagements contractés ».
La cérémonie de signature de la convention de financement s’est achevée, comme par le passé, dans la dégustation de mets et de boissons burkinabè.

Joachim Vokouma
Kaceto.net

La Sofitex en chiffres

Créée en 1979, la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) domine la filière cotonnière au Burkina. Elle est dirigée depuis le 31 mars 2016 par Wilfried Yaméogo, précédemment Secrétaire permanant du suivi de la filière coton libéralisée, une structure mise en place par l’Etat pour assurer la surveillance du bon fonctionnement de la filière.
La Sofitex, c’est :
• 182546 cotonculteurs affiliés à 7014 Groupements de producteurs de coton(GPC)
• 80% de la production de coton burkinabè, avec une moyenne d’environ 500 000 tonnes de coton graine sur les 12 dernières campagnes
• 255 milliards de FCFA de chiffre d’affaires par an
• 123 milliards FCFA par an distribués directement aux producteurs
• Sept (7) régions cotonnières
• Quinze (15) usines d’égrenage
• Une (1) usine de délintage chimique des semences
• Un (1) laboratoire de contrôle qualité et de certification des semences
• Un (1) laboratoire de classement technologie coton accrédité selon la norme ISO17025
• Quatre-vingt six (86) camions et 816 conteneurs pour le transport du coton graine et des intrants agricoles
• Plus de 5000 travailleurs dont 1260 permanents et 3 900 saisonniers
• 4,1 milliards de F CFA versés à l’Etat en termes d’impôts et taxes directs
Source : Sofitex