Plusieurs centaines de personnes ont marché, jeudi matin, à Fada N’Gourma, capitale de la région de l’Est du Burkina Faso, pour protester contre la mise à l’écart des prestataires locaux dans la mine d’or de SEMAFO Boungou, a constaté, sur place, un journaliste de l’AIB.

Les manifestants qui ont parcouru des artères de la ville de Fada N’Gourma, exigent le respect des engagements à propos de l’exploitation de l’or, en vue, dans le village de Boungou, dans la commune de Partiaga, province de la Tapoa à environ 320 km à l’Est de Ouagadougou.

Ils dénoncent la violation du code minier par l’octroi de marché de carburant à la société Total au détriment de MEGA Energie jusque-là fournisseur du site.

Pour eux, il s’agit d’une « violation flagrante de l’article 101 du code minier qui intime à la société minière SEMAFO, la prise en compte des prestataires locaux et des compétences locales ».

Pour une première, des femmes avec des bébés au dos se sont mêlées à la danse.

La pomme de discorde, selon Adoplhe Tankoano, un des organisateurs, est la mise à l’écart des prestataires nationaux et locaux au détriment de sociétés étrangères.

Pour la circonstance, le marché central et les boutiques sont restés fermés.

« Tuer les entreprises locales, c’est tuer le PNDES. Pas de Total à SEMAFO Boungou » ou « la population exige de SEMAFO, le respect du code minier, mais aussi la prestation des service à la région », pouvait-on lire sur les pancartes.

Et un jeune d’ajouter : « On connait le désastre de l ‘or. Après l’exploitation, ils fuiront tous nous laisser avec les conséquences. On ne va pas accepter cela ».

M. Tankoano de tirer la sonnette d’alarme : « Nous ne sommes pas encore dans l’exploitation, mais déjà, on constate que la prestation est donnée à des sociétés étrangères au détriment des sociétés nationales et locales ».

Selon un mémorandum parvenu à l’AIB, les responsables de MEGA énergie ont rencontré en juillet 2016 le président du groupe SEMAFO à Ouagadougou en compagnie du PCA, du directeur national et de deux membres du conseil d’administration.

« Ils nous ont félicités sur la présentation de notre société lors de notre mission à Montréal tenue du 9 au 14 juin 2016. Elles se sont engagées dans la mesure du possible à promouvoir les entreprises nationales », indique le document transmis au gouverneur de la région de l’Est en date du 8 janvier 2017.

En outre, l’opérateur natif de la région qui a une forte présence dans le Gulmu, s’était engagé à reverser un montant au litre de carburant à la commune de Partiaga et à promouvoir la main d’œuvre locale.

Le gouverneur de la région de l’Est, Ousmane Traoré qui a reçu une délégation des marcheurs, n’a pas manqué de relever son incompréhension par rapport à la marche.

Pour le premier responsable de la région de l’Est, les choses ne se font pas par des humeurs mais avec responsabilité.

« Nous avons échangé avec les responsables de la SEMAFO et la direction générale de Total sur nos préoccupations. Nous ferons ce que nous pouvons faire à notre niveau. Et le reste, nous le transmettrons à qui de droit », a ajouté le gouverneur Traoré.

Au Burkina Faso, de 2008 à 2015, le secteur minier a apporté plus de 916 milliards de FCFA de contribution directe au budget de l’Etat burkinabè.

Des manifestations d’humeur des populations liées à l’exploitation des mines deviennent également de plus en plus fréquentes.

Agence d’information du Burkina