Les producteurs d’oignons en ont marre des tracasseries qu’ils subissent en voulant écouler leur marchandise. Ces rackets qui durent depuis toujours plombent leur activité et c’est ce qui les a amenés à organiser un atelier national sur la filière oignon. En marge de cet atelier qui a débuté le jeudi 16 mars 2017, nous avons rencontré Kanazoé Mahamadi, le président du Comité Interprofessionnel de la Filière Oignon du Burkina (CIFOB). Le constat dressé avec lui est très amer.

Kaceto.net : Quel est l’objectif de votre atelier ?

Kanazoé Mahamadi : Cet atelier entre dans le cadre de notre programme annuel d’activités et vise à résoudre une bonne fois pour toutes, les tracasseries que nous subissons dans le cadre de l’écoulement des oignons au Burkina. C’est pour cela que nous avons convié toutes les parties prenantes, notamment la Douane, la Gendarmerie, la Police mais aussi les ministères en charge de l’Agriculture et du Commerce. Il y a également des représentants de la Chambre de Commerce et de l’UEMOA.

Kaceto.net : Quelles sont les tracasseries que vous rencontrez sur la route ?

Kanazoé Mahamadi
 : Les rackets. Quand nous quittons Ouagadougou pour la Côte d’Ivoire, nous allons subir au minimum 9 contrôles de Douane sur le territoire national et si nous ajoutons les postes de Police et de Gendarmerie, nous en serons à une quarantaine. Et à chaque fois, il faut payer en général 5000FCFA et en plus il faut donner un sceau ou à défaut, un sachet d’oignons pour qu’on nous laisse passer.

Kaceto.net : Ils vous remettent au moins des reçus de paiement ?

Non aucun reçu ne nous est donné. Ils nous demandent de l’argent et ensuite ils nous exigent des oignons. Pour traverser le pays de Ouagadougou jusqu’à Niangoloko, il nous faut prévoir entre 100.000 F et 150.000 F pour ces faux frais sans compter les oignons que nous devons distribuer.

Kaceto.net : Que prévoit donc la loi à ce propos ?
Normalement, nous ne devons rien payer. Si nos véhicules sont en règle nous avons le droit de nous déplacer avec notre marchandise comme on veut pour la vendre là où nous voulons. C’est comme le mil ou le maïs produit au Burkina. On peut se déplacer comme on veut avec sans problème, mais avec l’oignon, les forces de l’ordre ne font que nous racketter. Aujourd’hui, quand on se déplace avec notre production, les forces de l’ordre pensent que c’est de l’or et chacun veut se servir.

Kaceto.net : Alors pourquoi acceptez-vous de payer ?

Kanazoé Mahamadi : L’Oignon est un produit périssable. Si nous ne payons pas, ils nous gardent là-bas pendant de longues heures et si à chaque contrôle nous allons nous éterniser, nous arrivons à destination avec une cargaison fortement endommagée. Certains producteurs sont obligés de répercuter le coût de ces tracasseries sur le prix de vente au client

Quel est l’impact de ces tracasseries sur votre secteur d’activité ?

Kanazoé Mahamadi : Ces tracasseries augmentent le coût de nos produits et nous ne sommes plus compétitifs face aux producteurs nigériens qui nous prennent beaucoup de parts de marché. Aujourd’hui, l’oignon est cultivé dans au moins 11 des 13 régions du Burkina. C’est la principale culture maraîchère qui permet aux jeunes de subvenir à leurs besoins ; le risque avec ces tracasseries, est de créer des jeunes chômeurs car ne pouvant pas écouler leurs productions qui finissent par pourrir aux bords des champs.

Kaceto.net : Pourquoi c’est seulement maintenant que vous commencez à lutter contre les tracasseries ?

Kanazoé Mahamadi : C’est vrai que les rackets ont toujours existé. Moi j’ai été élu président du Comité Interprofessionnel de la Filière Oignon du Burkina (CIFOB) seulement en septembre dernier et suite aux plaintes de nos membres lors de notre dernière Assemblée Générale, nous avons décidé d’inscrire le point en priorité. Nous avons alors fait une mission à l’intérieur du pays à la rencontre des responsables dans les postes de Douane, de Police et de Gendarmerie de plusieurs localités, notamment, Bobo Banfora et Niangoloko afin de plaider pour un changement de comportement des agents sur le terrain. C’est dans cette même lancée que nous avons initié cet atelier.

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