Lettre au Minsitre Alpha Barry

Excellence Monsieur le Ministre,

En date du 17 mars 2017, les Délégués CSBE (Conseil supérieur des Burkinabè de l’extérieur) de France ont reçu un courrier du Consul Général du Burkina à Paris les invitant ainsi que les ressortissants de nos juridictions respectives à une rencontre avec une Délégation de la Commission constitutionnelle. La rencontre, précise -t-on, a pour but de restituer les travaux de la dite commission chargée d’élaborer un projet de constitution.
Cette démarche s’inscrit manifestement dans la volonté du gouvernement d’associer la diaspora aux grandes réformes politiques conformément aux promesses faites par son SEM Roch Kaboré lors de son discours d’investiture et de sa visite en France en juin 2016. De cette rencontre unanimement saluée, au cours de laquelle le Président s’était engagé à un exercice du pouvoir basé sur la recherche constante du consensus, on a hélas le sentiment, que finalement,ce n’était, comme que degrands discours .
Afin que vous compreniez ma réaction d’aujourd’hui, qui n’engage que ma seule personne, permettez-moi de revenir un peu en arrière et de rappeler les faits. N’y voyez surtout pas de ma part une volonté de régler des comptes ni avec vous ni avec une personne quelconque.

Pour la désignation des membres de la commission constitutionnelle, le Président a souhaité qu’elle soit la plus représentative possible. C’est ainsi que les Burkinabè de l’extérieur se sont vu attribuer 5 membres. Il leur revenait en toute logique de procéder de façon démocratique au choix des personnes devant siéger en leur nom.
En ce sens, le Ministère des Affaires Etrangères, de la coopération et des Burkinabè de l"extérieur la avait, courant mai 2016, adressé une note aux ambassades afin de charger les Délégués CSBE de cette mission : procéder à un appel à candidature et choisir après concertation un représentant au titre des différents continents dans la commission constitutionnelle. De façon inexpliquée, ce courrier n’a pas été transmis aux Délégués CSBE de France qui auront ensuite la désagréable surprise d’apprendre que le choix s’était porté sur une personne, sans que l’on sache exactement par qui, à l’issue de quelles concertations , encore moins sur quels critères pertinents. Étions-nous aussi immatures au point d’être incapables de taire nos divergences et prendre une décision commune afin que la personne désignée aille à cet grand rendez-vous avec le soutien et la confiance de ses compatriotes ?

Monsieur le Ministre, de deux choses l’une : soit on estime que les 15 millions de Burkinabè vivant à l’étranger sont tout aussi des acteurs de la vie politique, économique et sociale du pays et méritent à ce titre du respect. Et si vous tenez à ce qu’ils exercent pleinement leurs droits, alors il faudra y mettre la manière, les moyens adéquats et du temps. Elire un membre d’une commission constitutionnelle n’est pas une chose aussi anodine pour que l’on puisse se contenter de tractations téléphoniques ou d’arrangements expéditifs conclus au bout d’à peine deux jours.
Ou on les considère comme une quantité négigleable. Dans ce cas, il ne sert strictement à rien de mettre en place des structures réprésentatives que l’on vient ensuite court-circuiter sous de faux prétextes.

Les Délégués CSBE exercent à titre bénévole leur fonction. Ils ont cependant tous des contraintes professionnelles et une vie familiale. Sachez Monsieur le Ministre , qu’ils ne sont pas de simples militants zélés à qui l’on donne des mots d’ordre du parti.

L’élaboration d’une nouvelle constitution ( qui au passage n’a pour moi aucun caractère d’urgence ) aurait pu être une occasion de se réconcilier avec l’esprit de l’inssurection,de réhabiliter le politique en dotant notre nation d’institutions solides au service de tous et non d’intérêts partisans voire claniques. Voila que cette initiative fait aujourd’hui l’objet d’une certaine défiance et indifférence légitimes puisque ceux qui ont rédigé la nouvelle loi fondamentale sont supectés d’avoir agi sur commande.

N’ayant donc été associé, ni directement ni indirectement à la désignation des membres de la commission, vu le manque de considération à l’égard du Délégué CSBE, vu l’absence de réaction suite aux critiques que nous avons exprimées sur la façon anti -démocratique avec laquelle le choix des répresentants de la diaspora été fait, je refuse simplement de servir de commis ou de simple faire-valoir.
Par conséquent , il ne saurait être question pour moi de mobiliser mes compatriotes afin qu’ils aillent à la rencontre de la Délégation de la Commission constitutionnelle.

Je vous prie par conséquent de vous adresser aux responsables de la répresentation diplomatique à Paris afin qu’ils prennent d’autres dispositions nécessaires pour les informer les Burkinabê de la Région 2.

Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma respectueuse considération.

Tapsoba Désiré
Délégué CSBE
Région 2 ( Pas de Calais- Normandie – Picardie )
France