Le 21 mars dernier, le groupe municipal de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de la commune de Ouagadougou s’était livré à une critique sans complaisance de la gestion de la commune par le maire Armand Béoindé et sur les allocations affectées aux différents secteurs relevant de la compétence de la mairie. Fort de 77 conseillers dont 5 maires d’arrondissement, un troisième adjoint au mairie en la personne de Nathanaël Ouédraogo, un vice président au conseil général du Centre, le groupe UPC est la principale force d’opposition au sein du conseil municipal. Il a donc joué son rôle en épinglant ce qu’il estime être de la mal gouvernance de la majorité municipale du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Selon l’UPC, sur un budget de 25,9 milliards de F CFA, "seulement 167 millions soient consacrés à la jeunesse et l’emploi, soit 0,6% du budget", nettement moins que l’enveloppe affectée à la communication qui est de 178 millions de F CFA. L’UPC ne comprend pas non plus pourquoi le volet social de la politique municipale ne bénéficie que de 0,3% du budget, que le plan de développement de la ville soit confié à des cabinets d’études privées, et qu’en fin d’année, le maire ait dépensé plus de 100 millions pour les festivités. Il s’étonne également que des promoteurs immobiliers s’accaparent de terres sans que la mairie daigne lever le doigt et regrette que seulement 0,7% du budget soit consacré au fonctionnement et aux investissements des 12 arrondissements soit 71 millions (56 millions au titre du fonctionnement et 15 millions au titre des investissements) par arrondissement.
Pour finir, Jean Léonard Bouda, chef de file de l’opposition municipale dans la commune de Ouaga, dénonce la gestion solitaire du maire central, ne s’occupant que de lui-même, laissant les autres sans moyens d’accomplir leur mission.
La sortie médiatique de l’UPC a fait mouche et le maire s’est senti dans l’obligation de se justifier. Mieux, le groupe municipal MPP (109 conseillers) est monté aux créneaux pour défendre la gestion de leur champion en animant hier une conférence de presse au siège du parti.
C’est Moustapha Semdé qui mène la réplique. "l’UPC s’est livrée à la diffusion de fausses informations pour semer le doute au sein de l’opinion publique", a t-il déclaré d’entrée de jeu, dénonçant "une volonté manifeste de nuire dans le contexte de campagne pour les élections municipales qui seront reprises dans l’arrondissement 4 de Ouaga".
Pour lui, les critiques de l’UPC visent à masquer "le désaveu" de ses propres militants avec "la démission de 29 conseillers dans le fief du président du parti pour rejoindre le MPP". Très en verve, Moustapha Semdé s’amuse du "tapage désespéré" de l’UPC, signe que ce parti est pris dans une tourmente de la "débâcle et la peur".
Mais, conclut-il, "si l’arbre chute dans le fracas, la forêt pousse dans le silence".
Bonjour l’ambiance au conseil municipal comme s’est inquiété un confrère.
Dans le fond, le MPP rejette tout du diagnostic établi par l’UPC.
Sur les études confiées à des cabinets privés, le MPP explique que "la direction des études de la commune n’a pas pour mission de réaliser elle-même des études, mais d’assurer une mission de préparation, de coordination, de suivi validation en lien avec les autres services de la mairie". On apprend que le budget alloué aux études est évalué à 1 343 686 700 FCFA dont 433 586 700 en fonds propres, le reste ayant été mobilisé auprès des bailleurs de fonds internationaux, notamment la Banque africaine de développement (BAD, la Banque islamique de développement (BID) et l’Agence française de développement (AFD).
Sur le volet assainissement, la commune de Ouaga aurait besoin de 7 milliards de F CFA pour face à l’insalubrité, résultat de l’incivisme et le déficit d’écocitoyenneté des des Ouagalais. Par manque de moyens, seulement 3 712 066 281 FCFA sont alloués au transport des déchets, au traitement et l’enfouissement des ordures, aux 3000 femmes de la brigade verte qui est une association indépendante de la mairie et au curage des caniveaux.
Quant à la politique vis à vis de la jeunesse décriée par l’UPC, Moustapha Semdé s’étrangle et n’y voit que la mauvaise foi de l’UPC, d’autant ses conseillers "ont voté le budget sans broncher". Il rappelle par ailleurs que la politique de la jeunesse est conduite par le gouvernement, la mairie n’assurant qu’un accompagnement.
Combien la mairie a t-elle dépensé pour les festivités de fin d’année 2016 ? "Nous avons trouvé un budget de 50 millions de F CFA voté par la délégation spéciale, et pour donner un cachet particulier aux festivités, nous l’avons augmenté en faisant appel à des annonceurs", répond Semdé. Mais, ni lui, ni ses camarades qui co-animaient la conférence de presse hier n’ont été capables de dire exactement le montant alloué aux festivités, indiquant simplement être restés "dans la fourchette des 50 millions".
Enfin, sur les lotissements, le MPP fait remarquer que la question ne relève pas de la commune, mais du gouvernement, lequel a suspendu les opérations. Alors que les populations expriment le besoin d’avoir des parcelles, le maire Béoindé a pris l’engament, à l"issue de la session du conseil municipal du 16 mars 2017, d’évoquer le sujet avec le gouvernement.
"Nous allons désormais réagir du tic au tac pour contrer les mensonge de l’UPC", a prévenu Moustapha Semdé.

Kaceto.net