La polémique suscitée par le choix des représentants de la diaspora devant siéger dans la commission constitutionnelle n’est pas prêt de s’estomper. Dans cette tribune parvenue à notre rédaction, le MBDHP/France demande au ministre des Affaires étrangères de reconsidérer sa position quant à la désignation du délégué de la Zone Europe.

MOUVEMENT BURKINABE DES DROITS DE L’HOMME
ET DES PEUPLES
(M.B.D.H.P.)
Membre de la FIDH Membre de l’Union Interafricaine des Droits de l’Homme
Membre observateur auprès de la Commission Affilié à la Commission Internationale des Juristes Genève)
Africaine des droits de l’Homme et des Peuples

A Excellence, Monsieur Alpha BARRY, Ministre des Affaires Etrangères
Selon les promesses du candidat devenu président, Rock Marc Christian KABORE, l’initiative d’une reconsidération de la constitution actuelle ayant fondé la 4ème république depuis 1991, devrait permettre de franchir une étape, celle d’asseoir une 5ème république et consolider ainsi le processus démocratique en cours au Burkina Faso. Pour préparer cette étape, le principe d’une commission constitutionnelle a été validé, et dont la mise en place a eu lieu à travers la désignation de personnes ressources.
Monsieur le Ministre, la Section de France du MBDHP salue votre intention d’associer les burkinabè de la diaspora à cette initiative. Cependant, elle dénonce et marque son désaccord total face aux modalités douteuses, et pour le moins anti-démocratiques, qui ont prévalu lors de la désignation de représentants de la diaspora en général, celui de l’Europe en particulier, dont la France.
Il n’aura échappé à personne que la désignation de Paul KERE, comme représentant de la diaspora Europe, non seulement n’a fait l’objet d’aucune consultation auprès des Burkinabè vivant en France et de leurs organisations représentatives. Nous comprenons difficilement qu’en guise de consultation, des autorités diplomatiques se soient contentées de quelques appels téléphoniques, entérinant de fait des méthodes de travail d’une époque révolue, et témoignant d’un manque de respect envers leurs propres compatriotes. Ce sont là des comportements anti-démocratiques qui plus est, ont eu la fâcheuse caractéristique d’opérer ici un choix totalement illégitime, aux yeux des Burkinabè de France.
Monsieur le Ministre, ces méthodes, propres au régime déchu de Blaise Compaoré, semblent être encouragées par vous-même, premier responsable des Burkinabè de l’étranger. Elles constituent en ce début de votre mandat, une conception et une gestion de votre mission que nos compatriotes n’entendent plus voir s’ériger en méthode de gouvernance. En raison de cette procédure même, le minimum que nos compatriotes attendent de vous est que vous déclariez nulles et non avenues toutes ces désignations fantaisistes, dont certaines constituent mêmes des parjures à notre histoire récente et à la mémoire du peuple burkinabè. L’argument du temps que vous brandissez dans vos communications est malheureusement aux antipodes des enjeux en cours dans cette période de notre histoire nationale et aux antipodes du processus démocratique que la future constitution devrait consolider. Quel mauvais départ !
Cette façon de faire en dit déjà long sur l’avenir d’une telle initiative qui, de fait, exclut les Burkinabè de l’extérieur à travers les contributions de leurs représentants désignés, non crédibles et illégitimes. En effet, il y va de l’avenir de la participation démocratique de la diaspora, pour la consolidation de la démocratie au Burkina Faso, que votre pouvoir annule immédiatement et sans condition ces désignations. Un refus de votre part dans cette attitude finira de convaincre nos compatriotes de votre réelle volonté de ne pas engager les Burkinabè de l’extérieur sur la voie d’une vraie contribution nationale.

Au vu de ce qui précède,
  La Section de France du MBDHP vous invite, Monsieur le Ministre, à un retour en arrière. S’il n’est jamais trop tard pour bien faire, il est cependant de mauvais aloi d’entériner ses propres erreurs et de les ériger en méthode de gestion. (« Errare humanum est ; persevare diabolicum ! »). De plus, l’argument du temps devient obsolète en une circonstance aussi capitale. Enfin, l’importance numérique, politique, économique de la diaspora burkinabè est telle que l’initiative en vue d’une telle commission ne saurait se saborder dès sa constitution. Aucun autre argument se saurait prévaloir en dehors d’une association responsable des compatriotes à un travail qui engage notre histoire commune, d’hier, d’aujourd’hui et de demain. En effet, le temps de l’histoire des nations ne saurait se confondre avec celui de votre agitation

  La Section de France du MBDHP vous interpelle, ainsi que les corps diplomatiques, tentés encore par des procédures anti-démocratiques, à vous départir de toutes ces formes anciennes, que sont la cooptation, la mise devant le fait accompli dans des décisions qui engagent des communautés sans leur avis, de toutes vraies-fausses consultations qui aboutissent au même résultat, le non-respect des principes de gouvernance démocratique. La libre association des compatriotes dans des organisations de leur choix ne saurait les discriminer ni à l’égard des autorités diplomatiques, ni à l’égard d’un CSBE qui n’a jamais rien été qu’une caisse de résonnance du pouvoir de Blaise Compaoré et que vous voudriez remettre en selle dans la gestion actuelle de votre pouvoir. Que les périodes se ressemblent, étrangement, dangereusement ! La rupture doit non seulement être sans condition, mais doit surtout être réelle. En effet, les attentes d’un exercice démocratique du pouvoir ne saurait s’accommoder de vos méthodes éculées et préjudiciables à la cohésion des Burkinabè de l’extérieur, plus que jamais déterminés pour leur contribution patriotique au devenir de notre peuple

  La Section de France du MBDHP, appelle, devant vous, tous les compatriotes soucieux de leur implication responsable dans le processus démocratique au Burkina Faso, à dénoncer, au nom de ce même processus, votre méthode de gestion de la chose publique, à refuser vos modes de désignation de ses représentants, à exiger la mise en place de nouvelles formes de représentation légitime.

Monsieur le Ministre, les atteintes aux principes démocratiques d’implication des Burkinabè de l’extérieur constituent le premier motif de notre interpellation face à ce mode de désignation dont la désapprobation est totale. Nul doute que cette amorce de dialogue vous permettra de mieux comprendre les attentes des Burkinabè de France et faire désormais montre de méthodes et des moyens adéquats pour les satisfaire, dans un esprit véritablement démocratique.

Le Bureau National de la Section de France du MBDHP