Cinq personnes, trois civils et deux militaires, ont péri dans l’attaque jihadiste visant des étrangers près de Bamako dimanche, qui s’est également soldée par la mort des assaillants, revendiquée par la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda.

Une quarantaine de civils ont réchappé de ce premier attentat anti-occidental depuis plus d’un an dans la capitale malienne contre un vaste "ecolodge", lieu de détente en périphérie de Bamako prisé des expatriés et fondé par un Français.

"Les quatre assaillants ont été neutralisés", a déclaré le ministre malien de la Sécurité, le général Salif Traoré, mais dans sa revendication, le "Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans" affirme qu’ils étaient au nombre de trois.

Tous trois appartenaient à l’ethnie peule, précise dans un communiqué cette alliance jihadiste dirigée par le chef islamiste touareg malien Iyad Ag Ghaly.

Le type d’objectif rappelle celles visées par les groupes jihadistes du Sahel ces dernières années, notamment la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam (mars 2016, 19 morts, dont huit étrangers).

Le Mali est sous état d’urgence quasiment sans interruption depuis l’attentat contre l’hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui avait fait 20 morts, outre ses deux auteurs. Cet attentat avait été revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), en coordination avec le groupe jihadiste de l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, Al-Mourabitoune, rallié à Aqmi.

"Le mode opératoire est semblable aux attaques de la Terrasse (à Bamako en mars 2015) et (de l’hôtel) Radisson Blu", a indiqué le procureur du pôle judiciaire spécialisé, Boubacar Sidiki Samaké, faisant état de la découverte de trois fusils d’assaut kalachnikov.

Le bilan, moins lourd que lors d’attaques similaires, pourrait s’expliquer notamment par la présence parmi les clients de membres de militaires de la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTMMali) et de la force de l’ONU, la Minusma, qui ont pu lancer une première riposte, selon des témoins.

Un des tués, de nationalité portugaise, était d’ailleurs un militaire de l’EUTMMali.

Les quatre autres sont un militaire malien de la garde nationale et trois civils, une Malienne, un Chinois, et un Camerounais, le seul à ne pas être mort par balles, mais d’une crise cardiaque, selon le procureur.

Ce comptage est légèrement différent de celui du ministre de la Sécurité, qui a évoqué une victime gabonaise, et non camerounaise.

 Sommet du G5 Sahel en juillet -

L’étendue du site a aussi offert des possibilités de cachette aux victimes, a indiqué à l’AFP un employé du campement, Lancina Traoré. "Quand j’ai vu les terroristes, tout de suite, j’ai indiqué un trou où se sont cachés les clients", a-t-il dit, précisant que les assaillants avaient la "peau claire".

Trois suspects ont été arrêtés, deux par la gendarmerie et "un par les populations près du campement", a souligné le procureur.

La haute représentante de l’Union européenne, Federica Mogherini, a précisé que la Malienne tuée travaillait pour la délégation européenne au Mali.

Mme Mogherini a rappelé l’appui financier de 50 millions d’euros promis le 5 juin lors de sa visite à Bamako à la force conjointe que veulent déployer les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad).

Le président français Emmanuel Macron est attendu dans la capitale malienne le 2 juillet pour le prochain sommet du G5 Sahel, qui doit porter sur cette initiative, en butte à de sérieuses réticences au Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier des États-Unis.

Les forces spéciales maliennes ont été soutenues dans leur intervention par les militaires de l’opération française antijihadiste Barkhane et de la Minusma.

Par ailleurs, dans le nord du pays, une attaque lundi à Bamba a fait un mort dans les rangs de l’armée malienne et un parmi les assaillants, a-t-on appris de source militaire.

La dernière attaque jihadiste visant des Occidentaux à Bamako remonte à mars 2016, contre un hôtel abritant l’EUTMMali. Un assaillant avait été tué.

Le 9 juin, l’ambassade des États-Unis avait publié une consigne de sécurité à l’intention des Américains les informant d’une "menace d’attaques accrue" à Bamako dans les lieux fréquentés par les Occidentaux.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés de cette région par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes et étrangères, régulièrement visées par des attaques meurtrières malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix, censé isoler définitivement les jihadistes, dont l’application accumule les retards.

AFP