Ingénieur hydraulique, Jean-Claude Louari préside aux destinées des 57 000 âmes qui peuplent la commune de Fada Ngourma depuis mai 2016. Mais l’élu sous l’étiquette MPP a dû affronter une crise qui a duré cinq mois, née de la démission de plusieurs conseillers municipaux, principalement de l’Union pour le progrès et le changement (UPC).
La tempête passée, celui qui avait été élu président du conseil régional en avril 2013 s’attèle depuis lors à l’œuvre de développement de la commune.
Education, formation professionnelle, assainissement, gestion des infrastructures de la ville, etc. Sur tous ces sujets, le maire s’explique avec franchise, y compris, bien entendu sur l’action de Koglwéogos qui n’ont pas toujours bonne presse dans le pays

Dès votre élection, la démission de 51 conseillers sur 96 a provoqué une crise au conseil municipal. Peut-on dire que cette crise est maintenant derrière vous ?

Oui, on peut le dire même si des crises pareilles ne finissent jamais totalement. Celle que nous avons connue était une crise majeure, mais nous avons réussi avec le concours des uns et des autres à la juguler parce que nous sommes restés sur nos positions depuis le début jusqu’à la fin en tenant le même discours à ceux qui avaient démissionné. Nous avons été clairs : quand on démissionne librement, en connaissance de cause, que le conseil municipal en prend acte au cours de sa session du 27 août 2016, on ne peut pas revenir après dire qu’on n’a pas démissionné.
D’autant que les suppléants ont été appelés pour remplacer les démissionnaires, comme le prescrit la loi. Les démissionnaires étaient 51 au départ sur un total de 96 conseillers, mais certains avaient été dupés. On a fait signer des lettres à des conseillers qui ne savent pas lire et qui ignoraient ce que démissionner veut dire. Les lettres de démission ont été déposées le 8 août. Nous avons alors commencé à discuter avec eux, et ceux qui l’avaient fait en toute conscience, sont restés sur leurs positions. Mais les autres, qui ont appris que démissionner veut dire que tu n’es plus conseiller, sont revenus sur leur position. Nous leur avons demandé d’aller devant huissier notifier qu’ils revenaient sur leur démission. Ils sont 8 à l’avoir fait et pour les autres, on a pris acte et appelé les suppléants.

Avec ces démissions, le fonctionnement du conseil municipal risquait-il réellement d’être bloqué ?

Absolument, et je pense que c’était l’objectif des démissionnaires ! A l’issue des élections municipales, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) a obtenu 47 conseillers ; l’Union pour le progrès et le changement (UPC) 39 ; le Nouveau parti démocratique (NTD) et le Parti de la renaissance nationale (Paren) 2. Il y a donc un équilibre des forces entre la majorité présidentielle et l’opposition, ce qui n’est pas mal en démocratie. Mais c’est dans cet équilibre des forces qu’ils ont tenté de faire tomber le bureau du conseil municipal afin de provoquer de nouvelles élections. J’ai été élu avec 49 voix, ce qui veut dire que deux conseillers de la majorité ont voté pour le candidat de l’opposition puisque nous sommes 51.
Le gros lot des démissionnaires venait de l’UPC et ils n’ont pas consulté ceux qui ont fait d’eux des conseillers, à commencer par leurs suppléants qui ont dit qu’ils ne se reconnaissaient pas dans leur décision. La crise a duré cinq mois, et à présent, il n’y pas de procédure en cours. Le dialogue est toutefois maintenu entre nous puisque l’UPC est toujours présente au conseil avec les suppléants qui ont remplacé les titulaires démissionnaires

Quelles sont les grandes priorités de l’équipe municipale que vous conduisez ?

Dans un pays sous-développé comme le Burkina, tout est prioritaire, et au sein du conseil municipal, nous avons dû faire des choix pour éviter de faire du saupoudrage en voulant tout faire. Nous avons privilégié des axes principaux : d’abord, offrir de l’eau potable aux populations en réalisant un nombre important de forages, parce qu’il y a encore des villages où les gens boivent à la marre. Nous avons donc décidé de réaliser le maximum de forages, et pour l’année 2017, nous en sommes à 49 exécutés ou en cours d’exécution. Nous pensons qu’au bout des cinq ans, en plus du Plan national de développement économique et social (PNDES) qui travaille dans le même volet, on arrivera à quelque chose de substantiel, et réaliser l’engagement du chef de l’Etat qui est, « zéro corvée d’eau pour les femmes ».
Ensuite, il y a le volet assainissement, parce que la ville de Fada est confrontée à un gros souci. Sur ce volet, il y a la gestion des ordures ménagères, l’évacuation des eaux pluviales et sur ces deux tableaux, nous sommes en train de conduire une étude sur la collecte et l’évacuation des eaux pluviales parce que depuis une dizaine d’années, à chaque fois qu’il y a une pluie importante, on a des inondations dans certains secteurs, 1-2-3 et une partie du secteur 6 nord. Cette étude globale sur la ville nous permettra d’avoir un schéma d’évacuation des eaux pluviales.
Au niveau du ministère des Infrastructures, nous avons l’engagement du ministre Bougouma d’accompagner la commune en termes de contribution au cas où nous avons un dossier bien fait. Le traitement des ordures ménagères est la partie la plus difficile parce qu’il faut d’abord collecter les ordures de ménage, les transporter vers des centres de transit, mettre en place un mécanisme qui va collecter ces ordures dans ces quartiers et les amener hors de la ville, dans un dépôt que nous sommes en train de créer, puis les traiter. C’est une opération qui est suffisamment complexe et avec le soutien de la coopération suisse, nous avons espoir d’y arriver.
En résumé, il nous faut installer des poubelles familiales, organiser les associations dans les quartiers qui vont collecter les ordures dans les familles et les emmener dans les centres de dépôt, avant qu’un mécanisme nous permette de les convoyer vers le centre de traitement. Nous comptons subventionner en partie les poubelles familiales et soutenir les associations qui vont aller dans les familles pour collecter ces ordures. Il faudra par la suite recruter un privé qui va disposer de camions pour collecter les ordures dans les centres de transit vers le dépôt de traitement.
Donc, nous sommes en train de finaliser la stratégie et cherchons des soutiens dans ce projet et fondons l’espoir de bénéficier de l’accompagnement dans le cadre de la coopération décentralisée avec notre partenaire en France qui est Epernay. Tous les deux ans, cette ville organise les 72 heures consacrées à la coopération décentralisée. Nous y seront fin août début septembre pour plaider notre cause parce que ça me tient à cœur d’avoir une ville qui soit belle et propre.

Quelle est la politique de la commune en matière d’éducation, sachant que la région de l’Est détient le recours des écoles sous paillotes ?

Sur l’éducation, je dois dire qu’il y a un engagement fort de l’Etat cette année, parce que d’énormes transferts de ressources financières ont été effectués au profit des collectivités. La commune de Fada en a reçu 700 millions, ce qui nous permet de gérer les obligations déjà transférées et de construire des infrastructures scolaires pour faire face aux besoins de la population. Hélas, sur l’éducation, nous portons le maillot jaune s’agissant des écoles sous paillotes. En réalité, nous sommes confrontés à un problème qui est la jonction éducation-femmes. Les parents ont été suffisamment sensibilisés pour envoyer leurs enfants, y compris les filles. Résultats, dans certaines écoles primaires, les filles représentent 50% des effectifs, parfois elles sont majoritaires. Reste qu’après le CM2, il n’y a pas de collèges dans tous les villages. A Namoungou par exemple qui est un village de Fada, on en trouve 12 autres dans un rayon de 12-20 km, et c’est là qu’on a implanté le collège. Les choses se passent à peu près sans problème pour les garçons, mais pas pour les filles. Les premiers peuvent commettre des bêtises sans trop de conséquences sur le déroulement de leur scolarité, alors que les filles sont sous la menace de grossesse précoce.
Quand on inscrit les filles au collège de Namoungou, loin des parents, elles deviennent des proies faciles, et on se retrouve avec un taux de grossesse élevé pour une raison simple : par manque d’internat, les parents confient leurs filles dans des familles ou louent des maisons pour elles. Ils viennent les voir une ou deux fois par mois, et entre les deux visites, les filles sont laissées à elles-mêmes. Au, final, à cause des grossesses précoces, on se retrouve à 75% de garçon contre 25% pour les filles ! Pour résoudre ce problème, il faut construire des collèges près de chaque village, les collectivités n’ayant pas les moyens de gérer un internat. Cette année, nous allons construire un collège à Koaré, un autre à Pentchangou, renforcer celui de Namoungou en espérant venir à bout de ce problème sur la durée.

La région de l’Est détient le record des écoles sous paillotes. A-t-on réussi à stopper au moins la progression ?

C’est un sujet suffisamment complexe parce que nous avons un taux de progression démographique de 3.9% par an et face à la demande, on ne peut pas refuser d’ouvrir les écoles sous paillotes. Je n’ai pas le chiffre exact de ces écoles, mais je sais qu’à Fada, une dizaine d’écoles a été construite, soit par l’Etat, soit par la commune, mais le nombre était tellement important qu’un ne peut pas résorber ce problème en deux ans. Il faut une planification sur cinq ans pour résorber ce qu’il y avait, mais l’ennui est qu’il y a encore une forte demande de nouvelles écoles.
Que fait-on ? Soit on ouvre dans des conditions précaires mais les enfants vont à l’école quand même, soit on n’ouvre pas et beaucoup d’enfants n’iront pas à l’école ! C’est un choix à faire et nous disons que malgré l’engagement de l’Etat de ne plus ouvrir d’écoles sous paillotes, il y a la réalité du terrain qui impose que nous trouvions une solution intermédiaire en attendant mieux. Par manque de moyens, nous ne pouvons pas construire des écoles avec matériaux classiques, mais nous avons décidé de faire des hangars renforcés avec une toiture définitive et une clôture solide de sorte à assurer la sécurité des élèves et des enseignants.

Y a-t-il une politique communale en matière de formation professionnelle ?

Bien sûr ! Surtout qu’à Fada comme ailleurs, tout le monde ne parvient pas à terminer le cursus scolaire et que pendant des années, on a sous-estimé le besoin en formation professionnelle. A présent, un effort est fait dans ce sens puisqu’un nouveau lycée technique va bientôt s’ouvrir à Fada en 2017-2018. Nous savons que nous devons prendre à bras le corps la formation des jeunes, notamment dans les métiers comme la couture, la coiffure, la menuiserie et la maçonnerie. Compte tenu de nos besoins, il faudra, ici aussi, faire des choix.

Comment mobilisez-vous les ressources locales pour le financement de vos projets et programmes ?

La collecte des taxes fiscales et parafiscales relève des services de l’Etat, c’est-à-dire les impôts ou le trésor. Nous ne faisons que prendre des délibérations pour fixer les montants et eux, la stratégie pour la collecte. Pour l’instant, nous constatons un incivisme fiscal qui fait que pour un oui ou un non, les gens protestent et veulent voir clair dans l’utilisation des ressources. Pour plus transparence dans la gestion de la chose communale, nous avons décidé, avec le laboratoire citoyenneté, de faire retransmettre en direct tous les travaux des sessions du conseil municipal sur toutes les radios locales. Ainsi, chaque citoyen peut savoir pourquoi certaines décisions sont prises et que fait-on des ressources financières collectées que nous partageons avec le conseil régional

Dans quel état la Délégation spéciale vous a-t-elle laissé les finances de la commune de Fada ?

Nous avons pris fonction le 28 juin 2016 alors que la délégation spéciale avait voté un budget primitif 2016 que nous avons corrigé en juillet pour terminer l’année. C’est donc en 2017 que nous avons vraiment notre budget qui s’élève à 1,500 milliard F CFA avec des recettes qui proviennent en grande partie du transfert de l’Etat central, qui a fait un effort extraordinaire en faveur des collectivités.
En 2016, les transferts vers les collectivités s’élevaient autour de 17 milliards vers les collectivités et en 2017, le volume est passé à 57 milliards de F CFA. La commune de Fada a reçu pour cette année 700 millions F CFA, ce qui nous permet de répondre aux besoins de nos concitoyens.

Fada dispose d’un grand marché à bétail, mais certains émettent des critiques sur sa gestion. Vous êtes interpellé puisque c’est un patrimoine de la commune….

C’est exact ! Le marché est une infrastructure de la commune dont le financement a été totalement assuré par la coopération suisse. Pour son exploitation, nous avons mis en place un comité de gestion qui est en grande partie composé des acteurs de la filière : vendeurs de petits et grands ruminants, exportateurs de bétails, etc. Ce sont eux qui gèrent la structure, la mairie étant partie prenante. Mais je dois dire que depuis quelques années, la partie suisse n’est pas très contente de la manière dont le marché à bétail est géré. Quand nous avons pris nos fonctions, nous avons mis en place une commission ad ’hoc pour réfléchir et proposer des réformes pour une gestion efficiente de la structure. Mais vous savez que depuis l’insurrection de 2014, les gens sont devenus très susceptibles et veulent comprendre davantage le sens des réformes qu’on leur propose. Il faut donc les associer, discuter parfois longuement pour convaincre tout le monde et ça prend du temps. Entamée en décembre 2016, la concertation est à présent terminée et nous nous sommes mis d’accord sur une nouvelle gouvernance afin de résorber la déperdition des fonds et taxes.
Le comité de gestion a été reformaté pour y intégrer les éleveurs ou vendeurs d’ânes et les exportateurs de bétail. Nous avons demandé à tous les acteurs de désigner leurs représentants et après quoi, le conseil prendra un arrêté qui fixera la composition du comité de gestion. On espère ainsi régler les questions de gestion du marché dans son ensemble parce qu’il y a y a plusieurs marchés à bétails dans la région : Fada, Namoungou, Nagré, Tanwalbougou, Natiaboani et chaque marché a son comité de gestion composé de 15 membres mais avec un seul conseil d’administration. Pour l’instant, seuls les acteurs de la filière s’en tirent à bon compte, mais il y a des déperditions en ce qui concerne les ressources de la commune.

L’Etat désastreux du tronçon Koupéla Fada cause un manque à gagner à l’économie de la région….

L’état de la RN4 est un problème national, mais le 29 avril dernier, à notre invitation, le ministre des Infrastructures Eric Bougouma est venu rencontrer l’ensemble des acteurs de la région. Il a exposé le calendrier du ministère en rapport avec la réhabilitation de la voie, et nous continuons de penser que ça va se faire dans les délais raisonnables. Mais les gens sont impatients, et je les comprends, car lorsqu’on emprunte la route une, deux fois, on en revient fâché.
Reste que la construction d’une route comme la RN4 n’est si simple et facile parce que nous avons besoin du concours des bailleurs de fonds. Or, ces derniers ne financent que sur une base définie selon un calendrier arrêté par leurs conseils d’administration qui ne se réunissent pas à cause de la route de Fada ! Des institutions comme la Banque africaine de développement (BAD) ou la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) ont leur calendrier de réunion avec des dossiers inscrits à l’ordre du jour. Pour avoir discuté plusieurs fois avec le ministre Bougouma, je sais que l’engagement du gouvernement sur le sujet est fort et qu’il en fait une priorité. Mais il faut que les bailleurs donnent l’argent.

L’abattoir de Fada fonctionnait dans des conditions d’hygiène déplorables. Le saviez-vous avant d’être maire ?

Oui, je suis allé visiter l’abattoir et franchement, j’ai été peiné de voir ce qu’il y a dedans car, figurez-vous que cette infrastructure manquait d’eau et que l’évacuation des déchets n’était pas régulière. Rapidement, nous y avons construit un forage afin d’améliorer l’hygiène sur place et avons mis en place un mécanisme pour évacuer les déchets et assainir le milieu. En fait, c’est un abattoir qui date des années 50, avant les indépendances, et à l’époque, la population de Fada dépassait à peine 10 000 habitants. Aujourd’hui, rien que la ville de Fada compte 57 000 et on ajoute les 34 villages qui composent la commune, on n’est pas loin de 175 000 habitants !
Donc, il faut trouver une solution radicale aux problèmes qui se posent à l’abattoir et avec le programme de croissance du secteur agricole en tandem avec le Conseil régional, nous sommes en train d’aller vers un abattoir frigorifique. Un nouveau site a été identifié sur la route de Bogandé et les études de faisabilité sont terminées. Reste l’avis de non objection du bailleur de fond pour commencer les travaux cette année et nous espérons la fin des travaux en 2018. Le coût des travaux est évalué au bas mot à 600 millions FCFA et comme il est difficile de mobiliser les fonds en une année, nous avons opté pour un abattoir modulaire, ce qui nous permet d’avancer selon la disponibilité des ressources.

Les Koglweogos suscitent beaucoup de débats dans tout le pays. Quel est l’avis du maire de Fada sur les activités de ces groupes d’auto-défense ?

C’est vrai, les Koglwéogos sont un sujet très passionnant qui suscite beaucoup de débats, mais nous qui sommes à Fada, notre avis tient compte du contexte. Avant l’arrivée des Koglwéogos, il y a des villages où les chefs de famille ne dormaient plus à la maison dès la nuit venue. Si tu es par exemple un exploitant agricole, comme le sésame, au moment de la récolte et la vente, tu n’as plus le droit de dormir chez toi. La nuit tombée, on te prend en otage et on te dépouille de ton argent. Les bandits sont dans la population, font partie des vendeurs et acheteurs, et savent que tu es venu vendre du sésame et combien tu as gagné. La nuit, ils te prennent en otage et te dépouillent de ton argent.
C’est la même chose pour les exploitants de coton. En 2015, quand les producteurs ont vendu leur coton, ils ont repoussé le plus longtemps possible le moment où on devait les payer ! Car, une fois qu’on te paie, les bandits le savent et tu ne peux plus dormir chez toi. Des femmes ont été violées parfois devant leur mari ! Ce qui se passait ici était très grave. Dans certains villages, quand vous y alliez à partir de 18 heures en véhicule ou à moto, dès l’entrée du village, les gens fuient leur maison parce qu’ils ne savent pas qui vient. Cela en plein jour !
Il faut savoir une chose : les quartiers périphériques de Fada appelés zones non loties sont peuplés de gens qui ont été victimes des exactions des bandits. Si tu es au village et que tu as un revenu au-dessus de la moyenne, tu es une cible des bandits et inévitablement, ils te rendront visite un jour. C’est dans ce contexte d’angoisse que sont arrivés les Koglwéogos en 2015-2016. Ils ont commencé à traquer les bandits et au bout de quelques mois, les choses ont radicalement changé. Grâce à eux, monsieur a maintenant le droit de dormir à la maison avec sa femme ; madame a le droit d’aller au marché et revenir sans être inquiétée.
Dans la commune de Fada, un homme politique qui oserait dire : « Je ne suis pas pour les Koglwéogos », aucun des 34 villages de la commune ne votera pour lui parce qu’il est loin de la réalité. Les Koglwéogos sont venus mettre un terme à une situation qui était invivable. Il est arrivé des cas où les bandits assiègent tout un village de 19h jusqu’à 1h du matin ! Les effectifs de la gendarmerie et la police ne leur permettent pas de faire grand-chose malgré leur bonne volonté. En plus, les bandits faisaient parfois de fausses alertes en simulant une attaque sur la route de Pama, et quand la gendarmerie décide de s’y rendre, hop, ils vont opérer sur la route de Ouaga. Je vous le dis, ici à Fada, les Koglwéogos ont un succès extraordinaire car, à l’inverse de ce qu’on a connu dans d’autres localités, il n’y a pas eu mort d’homme de leur fait à Fada. Je ne dis pas qu’ils sont totalement irréprochables ; d’ailleurs, avec les forces de sécurité, nous essayons de corriger leurs insuffisances. Il y a des échanges réguliers entre les deux entités et fort heureusement, l’état central a légiféré sur le sujet. Il est question pour nous maintenant de mettre en place les conseils communaux de sécurité qui vont être des instances où la sécurité et les groupes d’autodéfense vont se parler avec la participation des organisations de la société civile et les élus locaux que nous sommes. Chacun jouera son rôle pour assurer la sécurité et la justice pour tous.

Comment dirige-t-on avec efficacité une équipe municipale quand on vient du secteur privé comme vous ?

Franchement, ce n’est pas facile surtout pour quelqu’un qui a travaillé avec la coopération allemande où il y a des règles bien définies, des tâches à faire dans un délai bien précis. Au conseil municipal, je travaille avec des fonctionnaires des collectivités, et la gestion des affaires, c’est toute autre que dans le privé. Pour gagner en efficacité, nous avons lancé un audit organisationnel de fonctionnement de l’institution afin de connaitre nos forces et nous faiblesses. Nous avons des résultats à réaliser et des comptes à rendre au peuple, et au moment venu, nous devons avoir la tête haute.

Interview réalisée par Joachim Vokouma
Kaceto.net