Significations et compréhension des mots homme et femme en langue mooré. C’est le sujet de cet écrit de l’enseignant Yaméogo Ignace publié sur Burkina Thinks. Très bel enseignement.

En Afrique, on a coutume d’entendre qu’entre l’homme et la femme, il faut faire attention, car c’est l’arbre et son écorce. C’est dire tout simplement qu’il faut se méfier de s’ingérer imprudemment dans des histoires de couples.

Les premiers Mossé ont compris cette leçon et l’ont appliquée aux deux sexes. Raogo et Poko, c’est l’homme et la femme en mooré. Ceux qui parlent cette langue savent que phonétiquement, le mot Raogo veut dire bois et Poko désigne l’écorce. L’homme c’est le bois avec tous ses attributs de solidité, de rigidité et de droiture. Poko, la femme est l’écorce, l’enveloppe, la peau avec toutes ses qualités de protection et de douceur, toutes choses qui font la féminité et le fait d’être mère.

Au Mogho, le stade suprême de la féminité est le fait d’être paga,
un être " enfermé". Avant que la jeune fille ne devienne femme, elle traverse diverses étapes. A la naissance, la petite fille est appelée bi-pougla : " enfant couronne, chapeau ou bonnet ". Elle est donc destinée à coiffer son futur époux qui serait un " rao-Konré ", un bois rasé, un célibataire. A l’âge de la puberté, elle devient pog-sada, dérivé de pog-sana ou pog-salga, une femme neuve, lisse. Par le mariage,la jeune fille lisse couronne son époux, son " sida " (sa vérité). Sa vérité à son tour l’enferme dans sa maison qu’il ne prenait pas la peine de fermer. "La porte du célibataire cesse de bailler une fois que la femme s’y installe." Paga= femme, paga ! = Enferme-la !

C’est le sens exact de l’idée " Pag la yiri ", la femme c’est la maison ! Voila pourquoi elle est appelée mousso en Dioula, mot qui selon notre impression, pourrait être le " mogo " de " so " ; l’être de la maison.

" Pag la yiri " est une façon de souligner la place prépondérante de la femme dans la constitution, la gestion de la famille et de la societe. La femme est le début et la fin de la concession.

Le célibataire peut avoir un abri mais pas une maison (Rao-Konré taar roog me, a ka tar zaak ye ).

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