Message de rentrée politique du MPP prononcé hier 5 octobre par Simon Compaoré, 1er vice-président du parti

Camarades militantes et militants du Mouvement du Peuple pour le Progrès,

Il est de coutume pour l’homme, à l’image du créateur, de se donner un instant de repos après des temps de durs labeurs.

La reprise après cet intermède est célébrée partout sous le vocable "rentrée". C’est ainsi que les politiques effectuent leur rentrée politique. Mais au MPP, cette rentrée n’est pas consécutive à un repos quelconque, loin s’en faut.

En effet, chers camarades, les mois qui viennent de s’écouler ont été parmi les plus tristes de l’histoire de notre parti, de notre peuple. Il vous souviendra que c’est au moment où nous portions toujours le deuil de nos frères victimes des attentats du café AZIZ Istanbul que le destin, aveugle et sans pitié, a choisi de nous ébranler par la disparition brutale de notre grand militant, membre fondateur du parti, Président du Parti, Président de l’Assemblée nationale ; j’ai nommé le Docteur Salifou DIALLO. A ces évènements tragiques, survenus au mois d’août, s’ajoutent, et ce depuis lors, les attaques multiples et multiformes, orchestrés par les Zélateurs de Satan, qui s’ignorent, sur notre peuple. Dans ces circonstances, l’énergie de tous a été sollicitée pour transcender la douleur qui nous meurtrit afin de maintenir à jamais intact le flambeau de la renaissance du peuple Burkinabè sous la houlette du MPP.

Camarades, c’est donc la première fois que nous célébrons une rentrée politique en l’absence de notre Président, le Docteur Salifou DIALLO, je vous demande d’observer une minute de silence en sa mémoire et pour toutes les victimes innocentes, arrachées à l’affection de la Nation par la volonté des messies inconscients du diable.

……….Je vous remercie

Camarades, la lutte politique pour la conquête, la gestion et la conservation du pouvoir révèle à ceux qui reçoivent l’onction du peuple l’hostilité de ceux qui, ayant manqué d’offrir des garanties de réponses idoines au stress existentiel des masses laborieuses, ne se censurent pas d’actes de tous genres, même au péril de la Nation, comme remède à leur amertume consécutive à leur échec dans le jeu politique.

C’est ainsi qu’il a été entrepris d’accueillir et d’entretenir la gestion du pouvoir d’Etat par notre parti, de toutes sortes d’atteintes graves à la marche radieuse de notre peuple vers son plein épanouissement grâce aux outils de pilotage efficaces et efficients du navire national que sont le PNDES et le programme présidentiel.

Jugez en vous-mêmes :

 des attentats au Sahel, au Nord, dans la Boucle du Mouhoun, dans le Kadiogo… ;
 des grèves perlées, autres revendications syndicales ;
 des actes d’incivismes graves ;
 des sorties médiatiques provocatrices ;
 des marches, meetings pour exiger la libération de détenus putschistes ;
 des appels au retour de l’ancien Président ;
 des agendas cachés dévoilés….

Dans ces circonstances, la réflexion sur le sujet "le Mouvement du Peuple pour le Progrès face au défi de la sécurité, de la restauration de l’autorité de l’Etat et de la forte demande sociale", thème de notre rentrée politique est d’une pertinence qui invite tous les militantes et militants et par-delà, les Burkinabè des villes et des campagnes à une profonde introspection en vue d’un retour aux valeurs fondatrices de notre commune patrie.

A propos de la sécurité, et au-delà du Burkina Faso, on peut soutenir que les facteurs de tensions en Afrique de l’Ouest sont principalement liés au trafic, à la piraterie maritime et à l’intégrisme religieux. Viennent s’ajouter à cela, une jeunesse qui se sent exclue, l’augmentation des flux migratoires, les déséquilibres régionaux, la croissance rapide du secteur extractif et la lutte pour la possession des minerais.

Face à cette insécurité mondialisée et dont les modes d’expression se modernisent, notre parti, en sa qualité de gestionnaire du pouvoir d’Etat et par ricochet, garant de la sécurité des personnes et des biens se doit de proposer une doctrine dont les axes majeurs complètent l’action militaire par une articulation d’avec celle, non seulement des services de police et de sécurité, mais aussi des magistrats judiciaires. Je le dis avec d’autant plus de conviction que la nébuleuse terroriste slalome même au milieu des armées les plus puissantes du monde pour accomplir et célébrer ses ignominies.

J’entrevois déjà des inquiétudes sur la conciliation entre la sécurité et la liberté dans un tel scénario. Mais, faut-il rappeler qu’en démocratie, l’équilibre entre la sécurité et la liberté est instable. Il varie en fonction du contexte historique. Le développement des préoccupations de sécurité intérieure dans la plupart des démocraties depuis une décennie a inévitablement conduit à un durcissement des dispositifs juridiques, comme en témoigne l’évolution des régimes de lutte contre le terrorisme. Notre pays qui fait face à la mutation géostratégique du phénomène terroriste ne peut réussir dans sa lutte avec les outils et méthodes des lieux communs.

C’est le lieu de féliciter et d’encourager nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité qui paient un lourd tribut dans la défense de la Patrie. Nos militants et l’ensemble du peuple est appelé à appuyer nos Forces de Défense et de Sécurité. Leur dotation en moyens de tout genre devrait se poursuivre de la part de l’Etat.

Camarades militantes et militants,

S’agissant de la restauration de l’autorité de l’Etat, il me semble que nous voulons vivre dans une Nation vertueuse sans le concours de notre vertu personnelle. Il est vrai que la responsabilité de la perte de l’autorité de l’Etat peut être recherchée, en partie, dans l’Etat lui-même. Mais serait-ce une raison pour que chaque citoyen s’établisse dans ses certitudes, conçoive son mode de vie et vive sans égard aux valeurs communes fondatrices de la société à laquelle il appartient ? Assurément non ! L’autorité de l’Etat se construit, en partie, sur l’autorité que lui confèrent ses citoyens. Un gouvernement dont le pouvoir est affaibli, quelle qu’en soit la raison, doit retourner à sa population, pour rétablir son autorité. Autrement dit, dis-moi qui tu es, je te dirai quel Etat tu as. C’est pourquoi, le MPP lance un appel vibrant à toutes les filles et à tous les fils du Burkina Faso pour qu’ils se posent individuellement la question : « quand ma partition, en tant que citoyen, était sollicitée pour la restauration de l’autorité de l’Etat, qu’ai-je fait ? »

En tout état de cause, face une menace d’agonie du contrat social, l’Etat ne peut qu’user de ses prérogatives, dévolues par le fait même du vouloir vivre ensemble et ses contraintes subséquentes, en adjoignant la force à la loi pour sortir notre Nation d’un péril planifié dans des laboratoires d’alchimie funeste.

Ainsi, en adéquation avec notre proposition sur la question sécuritaire, le renforcement du dispositif juridique et judiciaire est appelé par notre parti afin de permettre la poursuite et la sanction de tout comportement s’écartant des normes de vie en société.

Camarades, si la liberté de pensée qui n’a aucune barrière permet de s’imaginer à la place de Dieu lui-même, son expression doit avoir pour leitmotiv la distillation de valeurs constructives et non constitutives de sève nourricière de la fracture sociale, source de péril national.

La confusion des rôles, entretenue çà et là par des experts d’un genre nouveau en politique, téléguidés ou s’étant découverts par rêve, des ambitions d’homme politique tel le tâcheron qui ambitionne de pratiquer la meilleure chirurgie sur le malade, doit être clarifiée.

La restauration de l’autorité de l’Etat, surtout dans notre contexte, exige une justice indépendante et efficace. Cette conviction que nous imaginons partagée par tous les démocrates ou dits tels rend incompréhensible les revendications pour ne pas dire les pressions de toutes sortes exercées sur l’appareil judiciaire en vue d’obtenir telle ou telle décision de justice dans tel ou tel délai.

Le MPP invite le Gouvernement à une posture de respect de la séparation des pouvoirs. Il appelle cependant les tenants de l’ordre judiciaire à se convaincre avec le peuple que l’indépendance de la justice doit servir la cause du juste dans l’efficacité et la bonne gouvernance du service public.

Camarades militantes et militants,

Analysant la demande sociale, le MPP partage la légitimité des attentes de nos populations dont la réalisation constitue l’essence même de son existence et la raison de son avènement au pouvoir. Mais il sied d’indiquer que la rareté des ressources est une donnée objective qui, face à la multitude des priorités ne milite pas toujours pour une visibilité des actions entreprises sur le terrain. C’est dire que des efforts sont faits çà et là (et seront intensifiés les jours à venir) même si nos contempteurs, à titre de raison existentielle, ne le reconnaissent pas.

Camarades, vous aurez compris que notre vigilance est sollicitée pour établir la différence entre liberté syndicale et libertinage subversif au dessein inavoué. Le MPP milite pour un syndicalisme constructif qui se nourrit à la sève des réalités de la Nation. Il milite pour un syndicalisme rénové, dont le sens et la portée peuvent échapper à plus d’une personne, mais qui a l’avantage de se soucier du sort de toutes les autres entités nationales dont le meilleur vivre légitime celui de ses militants parce qu’incarnés dans une société pour laquelle ils souhaitent par ailleurs et également un épanouissement pour une symphonie du bonheur.
C’est pourquoi, la légitimité des revendications sociales doit être soumise à cette analyse. Les esprits ordinaires, non sujets à l’innovation et réticents par essence au changement s’élèveront pour clamer et prôner le classicisme béat alors que notre contexte justifie la nécessité de prospecter et proposer un paradigme nouveau dans la philosophie du syndicalisme.

Du reste, le MPP en tant que parti social-démocrate, c’est de logique idéologique de proposer ainsi une forme de redistribution des fruits de la croissance.

Camarades militantes et militants,

Le peuple tout entier fonde ses espoirs sur notre capacité à le conduire vers les cimes rêvées du bonheur. Nous devons donc transcender nos divergences, conjuguer nos énergies et nous montrer à la hauteur des missions à nous confiées par le peuple. C’est pourquoi, j’en appelle à une union sacrée autour du Président du Faso, Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE et de son Gouvernement par des actions, des paroles qui concourent à la réalisation du PNDES et du programme présidentiel. C’est le lieu pour moi de saluer la collaboration des partis politiques qui, soucieux d’associer leur nom au développement économique et social durable de notre pays, ont accepté de partager avec nous l’expérience de la conduite des affaires de la Nation.

La rentrée politique coïncidant avec celle académique, judiciaire et parlementaire, je ne peux manquer de souhaiter :

  aux élèves et parents d’élèves ;
  aux encadreurs et personnels enseignants ;
  aux étudiants, une bonne rentrée scolaire ;
  aux magistrats, auxiliaires et personnels de la justice une année judiciaire pleine d’inspirations divines pour une bonne administration du service public de la justice ;
  aux élus de la Nation, au Président de l’Assemblée nationale, nos députés une bonne session budgétaire.

A tous les camarades, au peuple burkinabè tout entier, je formule les vœux de courage et d’abnégation dans la lutte contre l’adversité sous toutes ses formes.

  Vive le MPP
  Vive le peuple Burkinabè

Je vous remercie !

Simon Compaoré
1er vice-président du MPP