Le chroniqueur de kaceto.net, Ousmane Sawadogo rend un hommage à Bernard Lédéa Ouédraogo, décédé aujourd’hui à l’âge de 87 ans. "Un révolutionnaire sans armées", selon lui

Je viens d’apprendre le décès d’un baobab que j’admirais, Monsieur Bernard Lédéa OUEDRAOGO.
Ce fut un Révolutionnaire "sans armes". "Développer sans abîmer", "auto-responsabilisation des acteurs du monde rural" c’était son credo. Pour lui le développement voulait dire "partir de notre culture, réfléchir et innover".
C’est ainsi qu’il créa en 1967 les groupements "Naam" à travers lesquels il vulgarisera les pratiques du Zaï, des demi-lunes et des cordons pierreux pour faire face à la rareté des pluies et à l’aridité des sols dans le Nord du Burkina. L’introduction de ce que l’on appelle le "tapis herbacé" est une de ses innovations pour récupérer les terres dégradées.
En 1976 Bernard Lédéa fonda, avec le Français Bernard Lecomte, expert en développement, l’association "Six S" (Se Servir de la Saison Sèche en Savane et au Sahel). A côté des groupements "Naam", les "Six S" avaient pour vocation de lever trois principaux obstacles à la mobilisation paysanne :
 le manque de savoir-faire technique pour faire face à la sécheresse et à la désertification ;
 le manque de qualifications pour traiter et négocier avec les agences gouvernementales d’aide au développement ;
 le manque de fonds pour mettre en application les petits projets.
Personnellement, je n’ai pas oublié que grâce aux "Six S" ma propre mère, paix à son âme, a été, pour la première fois de sa vie de femme rurale et paysanne, l’heureuse bénéficiaire d’une formation sur la confection des "foyers améliorés" à Ouahigouya, avec pour responsabilité de former les autres femmes de son village à son retour de formation. Il faut savoir que les foyers de cuisson améliorés contribuent à la lutte contre le réchauffement climatique, la déforestation et, plus généralement, la pauvreté.
Je suis donc très attristé d’apprendre sa disparition. Je rends hommage aux mérites de ce grand homme, inlassable serviteur du peuple burkinabè. Que la terre du Burkina Faso, sa terre qu’il aimait tant, lui soit légère ! Son combat est d’actualité, sa vision et ses actions sont inspirantes. J’espère que la Nation saura lui rendre un hommage digne des Héros de notre pays.

Ousmane SAWADOGO