Prévu le 26, c’est finalement hier 27 octobre que l’audience de confirmation des charges dans la procédure judiciaire contre le Général Diendéré a réellement commencé. Appelé à la barre, celui qui avait pris la direction du coup d’Etat de septembre 2015 s’est vu notifier plusieurs chefs inculpation : atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison, crime contre l’humanité, actes de terrorisme, complicité de dégradation de biens.
Dès la fin de l’audience, son avocat, Me Mathieu Somé a fait des révélations pour le moins surprenantes, en annonçant que son client a demandé l’inculpation de plusieurs chefs militaires et de personnalités non militaires qui avaient joué les médiateurs avant la proclamation du Conseil national pour la démocratie (CND). Selon Me Somé, le chef d’inculpation pour "association de malfaiteurs" a été abandonné pour la simple raison qu’il n’y a pas eu de concertation pour préparer et exécuter le coup d’Etat. Ceci explique t-il le flottement qu’on a constaté entre la prise d’otage des autorités de la Transition dans l’après-midi du 16 et la proclamation du CND le 17 ?
Toujours est-il que le Général Gilbert Diendéré ne veut pas payer seul ce qui était apparu très vite aux yeux des Burkinabè comme une forfaitaire de trop.
Dès la proclamation du CND, le GL avait annoncé qu’il avait le soutien de l’armée, avant de se retrouver seul quand la mobilisation contre le putsch a été lancée dans les quartiers et dans l’intérieur du Burkina.
Face au juge, le Gl a donc demandé la mise en accusation du chef d’Etat-major de l’époque, le Gl Pingrenoma Zagré, aujourd’hui ambassadeur du Burkina au Ghana, mais aussi le patron de la gendarmerie, de la police, de l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo et de Mgr Paul Ouédraogo, qui avaient tenté de dissuader les putschistes de renoncer à leur funeste projet.
Face à la presse, Me Somé a expliqué que les médiateurs n’avaient pas la confiance des militaires, qui estimaient avoir été floués lors des précédentes crises.
Me Somé rapporte l’échange qui aurait eu lieu entre les putschistes et les médiateurs : "Si vous ne voulez pas nous écouter, qu’est-ce que vous comptez faire ?. Ils ont dit qu’ils vont s’assumer. Vous voyez comment une situation peut changer assez facilement ? Et dans la nuit, quand ils sont repartis avec la hiérarchie militaire, ils n’ont pas trouvé de solution. Le lendemain 17, Mgr a dit : "le pays n’est plus gouverné depuis deux jours. Prenez vos responsabilités. Il n’y a plus de président, il n’y a rien. On ne peut pas laisser le pays comme ça ». Non seulement on demande aux soldats ce qu’ils comptent faire, mais ensuite on demande aux militaires de prendre leurs responsabilités".

Face à l’hostilité des Burkinabè, les éléments du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) s’en prennent aux manifestants avec du matériel qui aurait été sorti avec l’autorisation du chef d’Etat major et d’autres chefs militaires.

Georges Diao
Kaceto.net