Ancienne mannequin, Pascaline Kabré est la présidente de la commission « Défilé de mode » du SITA. Elle lève un coin du voile de ce qui attend le public durant la semaine du Salon, prévue du 18 au 25 novembre

A quoi le public peut-il s’attendre lors des défilés de mode pendant la SITA ?

Il y a deux défilés de mode : le concours des jeunes créateurs et le défilé de mode lors de la nuit du coton où il n’y aura que deux participants, ceux qui auront été nominés. Ils se joindront aux grands créateurs dont François 1er, Pathé’O, Bazem’s, Michèle Yakice, Georges Kaboré, etc., qui vont défiler lors de la nuit du coton. Je précise que les stylistes confirmés ne viennent pas pour être récompensés, mais juste pour faire voir leurs créations et apporter de l’éclat à l’évènement.

Tous travaillent-ils sur le textile africain ?

Oui, presque tous travaillent sur le textile africain ; nous savons par exemple que c’est Bazm’s qui a mis en valeur le pagne de Bobo-Dioulasso même si la matière première n’est pas faite par nos femmes ; Pathé’O est connu pour ses célèbres chemises « Mandela » et Koro DK qui est dans la généralité, apporte une touche dans la créativité. Tous seront au SITA pour apporter quelque chose aux jeunes créateurs et donner du rêve au public

Vous avez supervisé un casting le 9 novembre sur le podium du SIAO. Etes-vous satisfaite du résultat ?

Oui, tout s’est bien passé puisque nous avons enregistré environ 120 inscrits, ce qui est au-delà de nos attentes. Après, il faut faire des choix parce qu’on ne peut pas satisfaire tout le monde. Il y avait trois cas : d’abord, ceux qui remplissaient les critères et avaient manifestement de l’expérience ; là, le choix est facile ; ensuite les candidats qui ne remplissaient pas du tout les critères de base, et là aussi, le choix est facile ; c’est l’élimination directe ; enfin, il y avait les candidats sur lesquels on a tâtonné car leur situation était complexe. Mais au final, on a fait le choix.
Sur le Burkina, on a retenu 15 filles dont 3 sur la liste d’attente, et 8 garçons, dont deux sur la liste d’attente. Deux autres garçons viendront de l’international et une burkinabè vivant en Côte d’Ivoire connue sous le nom de La Duchesse sera aussi là. D’autres viendront du Cameroun et du Congo-Brazzaville. C’est donc un mélange de nationalités pour donner plus de diversité

Pour le néophyte, quels sont les critères de base pour retenir les candidats ?

D’abord, il y a la taille : chez les filles, il faut avoir au moins 1,75m, et pour les garçons 1,85. Etre mannequin, ce n’est pas participer à un concours Miss où il faut se mettre en valeur, sourire et capter l’attention sur soi. Pour le défilé de mode, on a besoin que le mannequin soit grand, qu’il sache marcher et qu’il vante la tenue qu’il porte. Il est là pour mettre en valeur la tenue du créateur et non se mettre en valeur lui-même.

Pour certains, il y a une mode africaine alors que d’autres préfèrent parler de créateurs tout court, même si les stylistes sont africains. Pour eux, un styliste est un styliste. Quel est votre avis ?

Non, un styliste n’est pas un styliste car quand on est un professionnel, il est facile de reconnaitre la marque, la touche de chacun créateur. Une chemise Pathé’O, Bazem’s, François 1er, etc., porte leur touche et on le sait sans avoir besoin de voir la griffe. Même ceux qui aiment s’habiller savent identifier les créateurs à travers les tenues. Une création de Gilles Touré se voit à vue d’œil !

Comment les créateurs peuvent-ils contribuer à valoriser le textile africain ?

Nous sommes des promoteurs du textile et on ne peut pas avancer sans les stylistes. Il faut faire avec eux dans l’objectif d’amener ceux qui hésitent encore à travailler sur le textile africain et à le valoriser au plan international. Il n’y a pas que les boubous que nous produisons, et qui est d’ailleurs très appréciés par nos chefs et nos papas. Une nouvelle génération d’africains aime d’autres créations et les stylistes doivent avoir une approche moderne qui s’adapte aux goûts des jeunes africains

Comment « démocratiser » la mode sur le contient au profit du plus grand nombre ?

C’est ce que le SITA cherche à faire en invitant des investisseurs qui ne sont pas forcément des Africains à venir participer à l’événement. L’objectif est de permettre une production de masse qui évitera que les prix soient chers et inaccessibles au plus grand nombre. Quand nous aurons des infrastructures de production avec lesquelles nos tisseuses pourront travailler de manière industrielle, on aura trouvé une réponse à cette question. En ce sens, le SITA vise aussi à démocratiser la mode.

JV ; Kaceto.net