Hier, le conseil des ministres a confirmé par des chiffres ce que tout observateur qui a l’occasion de parcourir l’intérieur de notre pays avait déjà constaté à vue d’œil : dans certaines provinces, l’hivernage n’est pas bon. Un euphémisme. C’est même catastrophique. Dans le Bazèga, l’Oubritenga, une partie du Ganzourgou, le Kourwéogo, le spectacle qu’offrent les champs n’est pas beau à voir.
Ici, la pluie s’est arrêtée au moment où les plantes avaient le plus besoin d’eau, au stade de la floraison. Il n’y a donc rien à récolter. Même pas de foin à couper, car explique un éleveur, « les tiges sont amères et les animaux n’aiment pas ça ».
Ailleurs, la « grossesse » s’est bien passée, mais au moment d’accoucher, paf, la pluie s’est envolée. Pas d’épiaison du sorgho et du petit mil. Morts avec la grossesse. Une monstruosité !
Trois mois à semer, sarcler, biner pour ne rien récolter. Zéro à l’arrivée. Rien à déposer dans les greniers ; pas de stock à renouveler alors que l’ancien est épuisé depuis fin juin.
Selon le ministère de l’Agriculture et des aménagements hydrauliques, « la production céréalière prévisionnelle de la campagne agricole 2017-2018 est estimée à 4 552 273 tonnes, en baisse de 0,32% et de 1,01% respectivement par rapport à la campagne agricole précédente et à la moyenne des cinq (05) dernières années. Les productions céréalières prévisionnelles rapportées aux besoins de consommation céréalière font ressortir un déficit brut estimé 72 677 tonnes ».
Que faire ? Le gouvernement doit donc agir sans attendre. Si déjà avant les fêtes de fin d’année, il y a des poches de famine, que feront ceux dont l’alimentation sort directement du grenier ? On n’assistera pas à une simple migration de jeunes ruraux vers les villes. Non, ça risque d’être plus sérieux. La radio Savane FM est très écoutée dans l’intérieur du pays, et tous les matins, nos compatriotes des campagnes savent exactement ce qui se passe dans la capitale. Ils sont au courant des mouvements sociaux qui mettent le gouvernement à rude épreuve. Mais aussi, des réponses que l’exécutif tente d’apporter aux revendications des uns et des autres. Si l’idée leur vient de monter dans la capitale pour exiger, -c’est le terme approprié- de quoi survivre…

Kaceto.net