Démographie, développement, numérique, changement climatique, monnaie, justice, etc., l’essentiel du discours d’Emmanuel Macron prononcé hier 28 novembre face aux étudiants burkinabè.

Arrivé le 27 novembre aux alentours de 22h45 minutes, Emmanuel Macron avait été accueilli par son homologue burkinabè, Roch Kaboré, ainsi que tous les membres du gouvernement au grand complet. Il avait remercié le gouvernement pour l’accueil chaleureux qui lui avait été réservé.
Très tôt le lendemain matin, le président Macron a eu un entretien avec son homologue à Kosyam, avant que tous les deux ne prennent la route de l’université de Ouagadougou où il devait prononcer un discours.
C’est un amphithéâtre plein comme un œuf qui attend impatiemment l’arrivé du président Macron. L’endroit est hyper surveillé au moindre périmètre par les forces de défenses et de sécurité burkinabés et français. Seuls les journalistes accrédités, les ministres du gouvernement burkinabés, les membres de la délégation française et des étudiants sélectionnés au préalable pour l’occasion y ont accès. D’autres amphis ont été aménagés pour ceux qui n’auraient pas accès à la salle où le président Macron devait prononcer son discours.
A son arrivé au campus, le président Macron a été ovationné par les étudiants ainsi que toute sa délégation.
Prenant en premier la parole, le président de l’université de Ouagadougou a souhaité la bienvenue au président français et dit sa fierté de l’accueillir dans ce lieu symbolique. C’est autour d’Emmanuel Macron de s’exprimer, et dans son intervention qui a duré près de deux heures, 1h41 minutes exactement, il a tenu un discours franc, décomplexé, évoquant tous les problèmes qui minent depuis des décennies les rapports entre la France et les pays francophones. Sécurité, démographie, justice, monnaie, éducation, colonisation, changement climatique, etc., tout a été passé au peigne fin par le locataire de l’Elysée.
Pour lui, la jeunesse burkinabè et française ont pratiquement la même histoire du fait qu’elles soient de la même génération. Il a affirmé sa détermination à soutenir le Burkina Faso dans ses efforts de développement notamment face au terrorisme, au changement climatique, mais surtout dans l’éducation des filles. A ce sujet il a affirmé : « Je serais du côté de tous les chefs d’état qui feront de la scolarisation des jeunes filles une obligation ». Emmanuel Macron dit être favorable à ce qu’une jeune fille ait le choix de ne pas se marier à 13 ou 14 ans.
Sur la démographie où ses déclarations en juillet dernier avaient suscité une vive polémique, il a maintenu ses positions mais en pesant cette fois-ci les mots : "Quand vous avez une croissance démographique durablement supérieure à la croissance économique, vous n’arrivez jamais à lutter contre la pauvreté", a t-il soutenu. Il souhaite une démographie choisie et contrôlée. Sur le F CFA qui suscite des débats passionnés, il a été direct, surtout lors de la séance des questions réponses. Contrairement à ce que les uns et les autres pensent, le franc CFA serait pour Macron un outil qui permet une stabilité dans les pays qui l’utilisent, et se dit favorable à toute évolution que les Africains proposeraient, soit sur sa dénomination, soit sur son périmètre. Il a affirmé que chaque pays pouvait souverainement se retirer de la zone franc s’il estime bénéfique à son développement. Sur le dossier Thomas Sankara, le président Macron a déclaré : "Les archives sont aujourd’hui disponibles et ouvertes à la justice burkinabè, sauf pour les documents classifiés et couverts par le secret défense. J’ai pris un engagement clair et je viens de le dire au président Kaboré : ces documents seront déclassifiés pour la justice burkinabè qui aura accès à tous les documents sur l’affaire Sankara".
Quant à la demande d’extradition de François Compaoré, il a affirmé que la justice française était indépendante et que la décision dépendait d’elle, mais qu’il accompagnerait ce que la justice aura décidé. "Je ne vous donne pas de leçon, je vous dis ce qui sera ma part dans le développement et ce qui sera votre part à vous", a t-il conclu.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net