UNION NATIONALE DES ASSOCIATIONS BURKINA FASO
DES PARENTS D’ELEVES DU SECONDAIRE UNITE-PROGRES-JUSTICE
ET DU SUPERIEUR DU BURKINA (UNAPES B)
08 BP : 11 309 OUAGADOUGOU 08
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BURKINA FASO
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SECRETARIAT EXECUTIF

Ouagadougou le 14 décembre 2017

Conférence de presse de l’Union nationale des associations des parents d’élèves du secondaire et du supérieur du Burkina (UNAPES-B).

Mesdames et Messieurs les journalistes,
Au nom de l’UNAPES-B et en mon nom personnel, je voudrais d’abord vous remercier d’avoir répondu à notre invitation de ce matin pour cette rencontre que nous avons souhaité avoir avec vous. Merci pour le travail d’information et de sensibilisation que vous abattez au quotidien pour sortir les Burkinabè de l’ignorance et faire d’eux des citoyens conscients, car, comment prendre position sur un sujet d’intérêt public quand on n’a pas la bonne information ?
C’est dans le souci de bénéficier de votre canal pour faire connaitre la position de l’UNAPES-B sur la situation qui prévaut actuellement dans l’école burkinabè que nous sommes ensemble ce matin.
Vous le savez bien, depuis des semaines, les professeurs du post-primaire et du secondaire sont entrés dans un mouvement de revendication qui se déploie sous plusieurs formes : marches-meetings, interpellations dans la presse, sit-in tous les jeudis, suspension des évaluations, suspension de la transmission des statistiques et autres activités pédagogiques, manifestations de rue d’élèves du primaire et du secondaire, etc.
Au niveau de l’enseignement supérieur, la situation est totalement différente même si ces derniers jours, l’actualité sur le campus a été émaillée de faits qui déshonorent ceux qui en sont à l’origine. Toutefois, en dépit des problèmes que rencontre l’enseignement supérieur et que nous connaissons tous, les cours sont assurés au quotidien dans les différents instituts, écoles et départements. Tous les acteurs sont totalement engagés dans une dynamique visant à résorber les retards accusés dans le passé et qui ont conduit à des chevauchements.
Mesdames et messieurs les Journalistes,
Quel est l’état des lieux de l’école burkinabè qui justifie, en tout cas, qui explique tous les mouvements d’humeur dont j’ai évoqué plus haut ?
Dire que la situation de l’école burkinabè est loin d’être satisfaisante, c’est enfoncer des portes déjà largement ouvertes. Le dernier rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le système d’enseignement au Burkina, rendu public récemment est venu confirmer ce que nous savions déjà. A savoir :
Un gros déficit en infrastructures face à une demande en très forte progression, résultat de l’inadéquation entre les ressources disponibles et l’accroissement démographique. L’objectif du Programme de Développement de l’Education de Base (PDEB) qui est de réaliser l’accès universel à l’école à l’horizon 2021 a peu de chance d’être atteint
La persistance d’écoles sous paillotes malgré l’engagement du gouvernement actuel pris en février 2016 de résorber le stock existant, c’est-à-dire 4670.
Au préscolaire par exemple, le rapport de la commission d’enquête parlementaire révèle que notre pays enregistre un taux de préscolarisation de 2,9% contre une moyenne CEDEAO de 33,5%, et une moyenne africaine de 18%. Dans les détails, on découvre que la région du Sahel est particulièrement à la traine avec un taux de ….0,5% ! En termes d’infrastructures, le privé enregistre 374 centres d’éveil et d’éducation préscolaire contre 99 pour le public.
Au primaire, le taux brut de scolarisation est passé de 61,4% en 2005/2006 à 86%1 en 2015/2016, avec une forte progression du taux d’accès des filles, qui est passé de 54,3 à 86% sur la même période. Les campagnes de sensibilisation menées depuis des décennies par l’Etat et les différents acteurs commencent donc à porter des fruits. Reste que les filles sont plus exposées à l’échec scolaire en fin du primaire et du secondaire, ce qui montre que la bataille pour l’égalité des chances n’est pas encore gagnée.
Quant aux infrastructures, le nombre d’écoles publiques est passé de 6960 à 11292 entre 2006 et 2016 ; dans le secteur privé, on est passé de 1222 à 3363 écoles sur la même période, soit une croissance moyenne de 6,7%.
Selon le MENA, le nombre de classes s’établit à 59938 en 2015/2016, ce qui donne une moyenne de 48 élèves par classe.
Là également, il y a des disparités selon les régions. Dans les Hauts-Bassins, le ratio élèves/classe est de 58 élèves alors dans certains centres urbains, on atteint 100 à 120 élèves par classe.
Dans l’ensemble, les écoles ont besoin d’être rénovées car certaines datent du début des indépendances comme le lycée Bogodogo. La décentralisation n’a pas donné des résultats escomptés et pour l’instant et l’Etat central reste le principal acteur dans la construction des infrastructures scolaires.
Quant au personnel enseignant, il compte 69 148 en 2015/2016 contre 64 177 un an plus tôt, soit 4971 enseignants de plus en un an !
On dénombre 31668 enseignants de sexe masculin contre 37480 de sexe féminin.
En résumé, on peut dire, l’offre éducative est nettement en deçà de la demande à l’école primaire et dans le préscolaire avec un personnel insuffisant et mal réparti.
Au post primaire et au secondaire, aussi bien dans l’enseignement général que dans l’enseignement technique, le nombre d’élève a connu aussi une forte augmentation. Le taux brut de scolarisation au post primaire qui était de 46,6% en 2015/2016, a progressé de 1,7 point comparativement à l’année précédente, avec 47,2% de filles contre 46,0% pour les garçons.
Au secondaire, le taux est de 15,0% en 2015/2016, ce qui montre l’ampleur de l’échec scolaire entre le post primaire et le secondaire.
Au supérieur, la demande est également supérieure à l’offre dans le secteur public. On comptait 34 586 étudiants en 2007/2008 contre 25 982 deux ans plus tôt, avec une relative égalité entre les deux sexes.
Enfin, dans l’éducation non formelle, des efforts doivent aussi être faits sachant que 51% des enfants sont hors du système classique.
Je ne vais pas trop vous ennuyer avec les chiffes, mais je souhaitais montrer une photographie globale du système éducatif actuel et les problèmes auxquels les acteurs impliqués dans l’éducation et la formation de nos fils et filles, sont confrontés.
De ce qui précède, il va sans dire que la qualité de l’offre éducative en prend un coup à tous les niveaux. C’est la combinaison de tous ces facteurs qui explique en partie les mouvements sociaux dans le monde éducatif depuis quelques semaines.
Vous l’avez suivi, les enseignants, à travers leurs syndicats ont déposé une plateforme revendicative comprenant environ une dizaine de points et attendent que le gouvernement leur apporte des réponses.
Par moment, il y a eu ce que nous considérons comme un manque de communication entre les deux parties, ce qui a conduit à des débordements que nous avons tous déplorés ces derniers jours.
Face à cette situation, que fait l’UNAPES-B ?
Comme vous le savez, l’UNAPES-B est la faîtière des associations de parents d’élèves de tout le Burkina. En tant qu’acteur à part entière du système éducatif, notre rôle en tant que parents n’est pas de prendre position pour un camp contre l’autre camp. Nous nous sommes investis depuis le début des grèves et autres manifestations de protestation, à créer les conditions pour rapprocher les parties prenantes afin qu’elles engagent des négociations dans un esprit de confiance.
Nous nous réjouissons de ce qu’à l’heure actuelle, il y a une volonté de part et d’autre de trouver un compromis et éviter une année blanche, ce qui compliquerait davantage les choses.
Si vous le souhaitez, nous reviendrons sur les médiations que nous avons menées et continuons de mener, sans tambours battants pour que très vite, élèves et enseignants retrouvent le chemin de l’école.

Mesdames et Messieurs, les journalistes,
Il ne vous a pas échappé que l’université de Ouaga1 Pr Joseph Ki Zerbo a été récemment le théâtre d’évènements qui n’ont pas leur place sur un campus. Voir des étudiants se livrant à des scènes de ratonnade ne fait pas honneur à l’université burkinabè. Sur ce sujet, comme sur le thème global de l’incivisme et de la violence en milieu scolaire, l’UNAPES-B s’est également s’investie pour dénouer des situations parfois inextricables.
Au fil des années, l’incivisme et la violence accrue en milieu scolaire et universitaire ont pris des proportions très inquiétantes avec des scènes mettant parfois à mal la quiétude des acteurs et mêmes les résultats scolaires.
Les parades acrobatiques à travers la ville de jeunes gens se faisant passer pour des élèves sont suivies d’assauts souvent très violents dans des établissements où tous les acteurs sans distinction subissent des agressions physiques et morales assorties d’actes de vandalisme (destruction des biens publics et privés) etc…
Cette année encore et depuis le début de la rentrée scolaire, toute la nation assiste avec désarroi et grande inquiétude à ces manifestations qui depuis la mi-novembre ont pris une dimension qui risque de plonger le pays dans une situation dramatique.
Si le droit de grève est certes reconnu, ce type de manifestations très violentes avec des actes d’incivisme qui s’en suivent sont inacceptables.
Le 27 0ctobre 2017,le Président de l’Association des Parents d’élèves du collège NOTRE DAME DE KOLOGH NABA a été victime d’une double fracture après qu’il ait été bousculé par des groupuscules de JEUNES ACTIVISTES qui sillonnaient les établissements scolaires pour perturber les cours.
Le 4 décembre 2017, un groupe de JEUNES ont fait une descente au LYCEE LE CREUSET PLUS de OUAGA 2000 et ont emporté les casques des élèves qui étaient sur leurs motos. La population a appréhendé ces voleurs pour les remettre aux forces de sécurité, la police de OUAGA 2000 ne s’étant pas déplacée sur les lieux malgré des appels répétés de la population.
Les 22, 23 et 24 novembre 2017 à FADA N’GOURMA, au complexe scolaire LABI DIERO et au CENTRE PROFESSIONNEL, des enseignants sont rentrés dans des salles de classe et ont violenté des élèves qui étaient en composition, allant jusqu’à déchirer les copies de devoirs ;
Dans plusieurs villes (HOUNDE, TITA, KOMBISSIRI….) des axes routiers sont bloqués pendant plusieurs heures par des élèves manifestants.
A l’université OUAGA 1 JOSEPH KI ZERBO, le 6 décembre 2017, premier jour de la grève lancée par l’Association nationale des étudiants du Burkina (ANEB), il y a eu des courses poursuites et de la bastonnade entre étudiants. C’est le spectacle qu’étudiants Pro-ANEB et Anti-ANEB, avenir du Burkina Faso nous ont livré. Bilan : 06 étudiants ont été grièvement blessés dont deux (02) avec des lésions au cerveau après le scanner.

Messieurs et Mesdames les journalistes,
L’UNAPES-B joue et jouera sa partition pour que l’école burkinabè retrouve son lustre d’antan, selon les moyens dont elle dispose, c’est-à-dire, rien du tout. Nous n’avons ni siège, ni budget de fonctionnement. C’est la conjugaison des bonnes volontés qui permet aux membres du bureau de faire face à des urgences. Il existe pourtant une convention signée entre l’Etat et l’Union sur le financement de nos activités, mais pour l’instant, le texte n’est pas appliqué.
Avant de nous prêter à vos questions, permettez-moi de vous présenter les membres du bureau du l’UNAPES-B, élu en fin juillet 2016 pour un mandat de 04 ans renouvelable une seule fois.

Je vous remercie de votre attention.