Poursuite en justice du journaliste Lookman Sawadogo pour diffamation par six hauts magistrats, annulation de la marche-meeting du Cadre d’expression démocratique (CED), agression d’un animateur de radio par des artistes, annulation d’une émission sur la télévision dont l’invité était le ministre démissionnaire de la Culture, Tahirou Barry, etc., autant de faits qui conduisent l’Observatoire de la démocratie et des droits de ’lhomme a tiré la sonnette d’alarme

L’Observatoire de la démocratie et des droits de l’homme (ODDH) a animé une conférence de presse le 22 décembre au cours de laquelle, il a dévoilé le contenu de son rapport semestriel de l’année 2017 sur la situation des droits de l’homme au Burkina Faso. La rencontre avec les médias a eu lieu dans les locaux de l’Association burkinabè pour le management de la qualité (BMAQ) en présence de représentants de partenaires, dont l’ambassade de France à Ouaga, le PNUD, l’Association femme battante, le ministère de la Justice et le Cadre d’expression démocratique (CED).
Selon le président de l’Observatoire, le journaliste Lookman Sawadogo, la rédaction du rapport a pris en compte le contexte socio-politique actuel que traverse le pays et est basée sur "l’observation directe au quotidien de faits, gestes et paroles, la revue de presse, la consultation de documents notamment, les rapports d’organisations et/ou des services publics". Un pré-rapport a été ensuite analysé avant d’être validé. La principale conclusion qui se dégage du rapport est que la situation des droits de l’homme est "très inquiétante", au vu des différentes violations des droits l’homme.
« Les violations qui ressortent de ce rapport font apparaître un lien de cause à effet entre le contexte sociopolitique national et les procédés de violation des droits de l’homme", explique Lookman Sawadogo. D’après lui, "l’Etat burkinabè présente une tendance à la négation des droits de l’homme à caractère politique", mais ces violations peuvent être aussi provoquées par des individus et certaines entités non étatiques.
Pour illustrer la situation très "inquiétante" des droits de l’homme, le rapport cite en exemple la poursuite en justice du journaliste Lookman Sawadogo par six hauts magistrats en première instance. Relaxé, il est à nouveau poursuivi devant la cour d’appel dont le président et deux autres magistrats y siégeant, font partie des requérants. Le document cite aussi la descente musclée d’artistes membres de la Cora BF dans les studios de la Radio Omega FM contre un animateur, l’annulation de la participation du ministre Tahirou Barry à l’émission « Sur la brèche » de la télévision nationale sur injonction du ministre de la Communication, et l’annulation de la marche-meeting du président du CED, pascal Zaida.
Autant d’éléments qui, aux yeux de l’ODDH, sont des atteintes graves aux droits de l’homme et une négation d’un ensemble d’instruments et de mécanismes pertinents de promotion des droits de l’homme, que l’Etat a pourtant le devoir de faire respecter

Frédéric Tianhoun
kaceto.net