L’Alliance pour la défense de la patrie (ADP), une des nombreuses associations de la société civile burkinabè, était en Assemblée générale le 3 juin. A l’issue de laquelle une décision a été prise entre autres d’organiser un meeting de protestion contre la gouvernance du pouvoir en place

Le 03 juin 2018, l’association de la société civile, l’Alliance pour la défense de la patrie (ADP), a tenu une assemblée générale extraordinaire afin de recueillir l’avis de l’ensemble de ses membres sur l’opportunité de tenir un meeting de protestation contre la gouvernance actuelle du Burkina Faso par le pouvoir en place. La décision de tenir ce meeting annoncée à notre conférence de presse du 24 mai 2018 a été suscitée par les faits majeurs suivants :
  les coupures intempestives et sauvages de l’électricité et de l’eau au Burkina Faso ;
  l’achat inopportun de véhicules de luxe (Renault Talisman, V8) par le gouvernement à hauteur de 3 milliards ;
  la délocalisation inopportune du conseil de ministre budgétivore sur le dos du contribuable ;
  l’intention affichée du pouvoir en place de ne pas rendre effectif le vote des Burkinabè de l’extérieur à la présidentielle de 2020 ;

L’assemblée générale en toute impartialité et indépendance a passé au peigne fin les différents thèmes afin de dégager sa position sur la dynamique de gouvernance du président Roch Marc Christian Kaboré et du Premier ministre Paul Kaba Thiéba.

Point 1 : Les coupures intempestives et sauvages de l’électricité et de l’eau au Burkina Faso
Notre pays vit depuis plus de deux (2) mois au rythme de délestages intempestifs d’électricité et de coupures d’eau. Le constat majeur qui se dégage est la non possibilité de la société d’électricité, SONABEL, et de l’eau, ONEA, d’honorer leurs contrats et engagements à l’égard des populations. Les conséquences immédiates de cette incapacité de la SONABEL et l’ONEA sont :
  le manque criard d’électricité et de l’eau (source de vie) ;
  l’incapacité des populations d’exercer les activités rémunératrices de revenus à même de les permettre de subvenir à leurs besoins et aux besoins de leurs familles : cas des commerçants, des soudeurs, des tenanciers de débits de boisson, des coiffeurs etc. ;
  l’incapacité des élèves et des étudiants de préparer leurs examens ;
  la morosité de l’économie nationale ;

Face à cette catastrophe, le pouvoir en place use du dilatoire et semble se complaire de la situation. Mieux, des explications fallacieuses sont servies en permanence aux populations par la SONABEL et l’ONEA pour justifier leurs impairs.
Trop est toujours trop. Notre silence devant cette démission du gouvernement Paul Kaba Thiéba sur les coupures sauvages de l’électricité et de l’eau, creusera à coup sûr la dégradation continue des conditions de vie et de travail des populations.

Point 2 : L’achat inopportun de véhicules de luxe (Renault Talisman, V8) par le gouvernement à hauteur de 3 milliards ;
Pour paraphraser feu le Président Sangoulé Lamizana, nous disons que « notre pays, le Burkina Faso, souffre du manque de vision de ses gouvernants actuels plutôt que de la pauvreté de ses ressources naturelles ». L’opinion vient encore d’être témoin de cette triste réalité avec l’achat de véhicules de luxe, Renault Talisman et V8, au profit des membres du gouvernement Thieba 3 et de présidents d’institutions pour un montant d’environ 3 milliards de francs CFA. Quelle aberration que cette attitude des gouvernants dans un pays où l’insécurité alimentaire touche près de deux (2) millions d’habitants. Il a même fallu que des lanceurs d’alerte envoient des signaux de détresse stridents sur la situation alimentaire très critique dans le village de Noogo dans la province de Sanmatenga pour que le gouvernement Thieba 3 daigne toute honte bue apporter une solution conjoncturelle à ce problème structurel. Le cas précis de la localité de Noogo amène à se demander si les gouvernants vivent et connaissent les vraies réalités du pays.
A la réprobation générale de cette dépense de prestige, le gouvernement tente par la voix du mannequin et tristement célèbre ministre Rémis Fulgance Dandjinou de faire passer cette mascarade.
Trop est toujours trop. Masse populaire et laborieuse, l’heure a sonné d’indiquer à ce gouvernement myope les priorités du Burkina Faso.

Points 3 : La délocalisation inopportune du conseil des ministres budgétivore sur le dos du contribuable
La décision de délocaliser le conseil des ministres il y a quelques jours est un autre acte qui matérialise l’inconséquence du président Roch Marc Christian Kaboré et du gouvernement Thiéba 3. Quelle est cette logique de dilapider de l’argent en s’adonnant à une parade à bord de rutilants Renault Talisman et de V8 dans les différentes provinces sous le fallacieux prétexte de tenir des conseils de ministres, en faisant fi par exemple de l’état désastreux des centres de santé du pays qui manquent de tout ? L’état pitoyable du centre public de santé Yalgado Ouédraogo est une illustration parfaite.
Trop est toujours trop. Il est inconvenable que le pouvoir actuel ne soit obnubilé que par sa réélection en 2020 en se lançant dans une précampagne avec le fruit des impôts payés par le contribuable.

Point 4 : L’intention affichée du pouvoir en place de ne pas rendre effectif le vote des Burkinabè de l’extérieur à la présidentielle de 2020
Le vote des Burkinabè de l’extérieur à la présidentielle de 2020 consacré par la constitution semble ne pas être la chose la mieux partagée par le pouvoir en place. A défaut de parvenir à empêcher l’expression de ce droit constitutionnel, des velléités de restriction de ce droit par le pouvoir en place commencent à prendre forme. Le pouvoir ambitionne confectionner un code électoral à travers lequel la carte nationale d’identité Burkinabè (CNIB) devrait être le document exigé aux Burkinabè de l’extérieur pour prendre part à la présidentielle de 2020. Le gouvernement entend donc balayer du revêt de la main la carte consulaire et le passeport comme des documents devant permettre aux Burkinabè de l’extérieur de prendre part à la présidentielle prochaine. Bonnes gens, cette logique du gouvernement vise à cloisonner et à empêcher la participation massive des Burkinabè de l’extérieur à la présidentielle de 2020 car il n’a aucune assurance de maîtriser cet électorat nouveau. C’est tout de même ahurissant qu’il soit décidé d’exiger la CNIB à des compatriotes résidents à l’étranger plutôt que la carte consulaire ou le passeport.
Aussi, une information circule faisant cas d’un possible enrôlement par la CENI de nouveaux électeurs par le biais de sms et d’appels téléphoniques. Si cette information était avérée, ce serait la porte ouverte à une nouvelle forme de fraude massive.

Décisions prises à l’issue de l’Assemblée générale extraordinaire

Cher(e)s compatriotes, aux regards de l’ensemble des impairs énoncés ci-dessus dans la gouvernance actuelle du Burkina Faso, l’assemblée générale extraordinaire donne quitus au Bureau Exécutif National (BEN) de l’Alliance pour la Défense de la Patrie pour la tenue d’un meeting de protestation le samedi 23 juin 2018 à Ouagadougou.
L’assemblée générale décide d’une motion de soutien aux syndicats authentiques et intègres engagés sur tous les fronts de la lutte pour le respect des libertés syndicales et démocratiques acquises de hautes luttes. Pendant que le gouvernement se donne le devoir d’interdire les sit-in sur un avis du conseil d’état, le même gouvernement oublie par la même occasion de demander à la même institution judiciaire si l’insurrection populaire qui l’a permis aujourd’hui d’accéder au pouvoir était légale.
L’ADP lance donc le mouvement « TROP EST TOUJOURS TROP » le 23 juin 2018 à travers un meeting à Ouagadougou pour dire non :
  Aux coupures intempestives et sauvages de l’électricité et l’eau par la Sonabel et l’Onea ;
  A l’achat inopportun de véhicules de luxe (Renault Talisman, V8) par le gouvernement à hauteur de 3 milliards ;
  A la délocalisation inopportune du conseil de ministre budgétivore sur le dos du contribuable ;
  l’intention affichée du pouvoir en place de ne pas rendre effectif le vote des Burkinabè de l’extérieur à la présidentielle de 2020 ;
  A la remise en cause par le pouvoir actuel des libertés syndicales et démocratiques.

Ouagadougou, le 04 juin 2018
Pour le

Bureau Exécutif National de l’ADP
Abraham Badolo