« Le Général Diendéré nous a assurés que les chefs militaires accompagnaient le coup d’Etat » a déclaré lundi à la barre du Tribunal militaire, le Lieutenant Boureima Zagré, tout en reconnaissant y avoir accompli trois missions sous l’ordre de son supérieur.

Le Lieutenant Boureima Zagre a reconnu lundi devant la barre du Tribunal militaire avoir accompli trois missions dans la période du putsch manqué de septembre 2015.

Il a également affirmé que le Général Gilbert Diendere leur a assuré « que les chefs militaires accompagnaient le coup d’Etat ».

Au cours du putsch manqué, le Lieutenant Boureima Zagre s’est rendu au Togo dans la nuit du 17 septembre 2015, à la demande selon lui, du chef de corps par intérim le commandant Abdoul Aziz Korogo, pour acheter des matériels de maintien d’ordre au profit de la gendarmerie et de la police nationale.

Il a également été chargé de la mission « d’empêcher tout rassemblement à la place de la Nation », le 20 septembre 2015, toujours par le commandant Abdoul Aziz Korogo.

Il s’est par la suite, rendu à Yimdi du 21 au 23 septembre 2015, pour sécuriser les lieux et évacuer des éléments blessés par l’attaque de "forces rebelles".

Pour autant, l’accusé ne reconnait pas à la barre, les faits qui lui sont reprochés. A savoir complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes, incitation des militaires à poser des actes d’indisciplines.

« Je n’ai fait qu’accomplir des ordres de mon chef. Un ordre s’exécute sans murmures » s’est-il justifié.

Pour Me Guy Hervé Kam, l’accusé ne dit pas la vérité car selon lui, le règlement de discipline militaire autorise tout militaire à refuser d’obéir à un ordre illégal.

C’est pourquoi dira-t-il à l’accusé, « la mission que vous avez exécuté était au service du coup d’Etat ».

« Je n’ai pas reçu d’ordres d’auteurs de coup d’Etat. Je n’ai jamais reçu d’ordre du Général Diendéré » a renchéri l’accusé.

Malgré cela, Me Guy Hervé Kam trouve l’accusé coupable parce qu’il a exécuté ses différentes missions après la proclamation de la prise de pouvoir du Général Diendéré qui leur a assuré de l’appui des chefs militaires dont son supérieur hiérarchique le commandant Abdoul Aziz Korogo.

Selon Me Séraphin Somé, les propos de l’officier-subalterne tendant à dire que le militaire doit exécuter tout ordre qu’il reçoit, lui fait croire que le « pays n’a pas tourné la page des coups d’Etats » car de son avis, si l’on lui demande (au lieutenant Boureima Zagre) demain d’aller « arrêter le président du Faso, il va le faire ».

« Cet accusé n’a pas de repenti. C’est un monstre froid. Il a une telle froideur que je suis désaxé » a déclaré le magistrat obligeant le Tribunal à l’inviter à retirer l’expression « monstre froid » utilisé pour qualifier l’accusé. Ce qu’il fit.

Selon le Lieutenant Boureima Zagre, s’il était « un monstre froid », le bilan des morts lors du putsch manqué serait plus que 13 morts argumentant que « c’est avec un esprit de professionnalisme » qu’il a exécuté ses missions.

Pour le bâtonnier de l’ordre des Avocats, l’accusation de la partie civile est faible car elle tend à dire que tous les militaires qui ont accompli des missions pendant la période du putsch, l’ont soutenu.

Selon lui, « si l’ordre est manifestement illégal, on ne l’exécute pas mais il n’appartient pas au soldat de discuter de l’opportunité d’un ordre ».

Au moment des faits, le Lieutenant Boureima Zagre était détaché au Mali dans le bataillon Badenya 3 depuis fin janvier 2015.

En septembre 2015, il était en permission à Ouagadougou.

Pour Me Guy Hervé Kam, si le Lieutenant Boureima Zagre n’était pas de mèche avec les putschistes, pourquoi, lui qui avait quitté le Régiment de sécurité présidentiel (RSP) pour une mission onusienne pendant 7 mois, a été celui qui a été choisi pour exécuter des missions pendant le putsch.

« Au moment des faits, j’étais le sous-lieutenant le plus ancien. J’ai été désigné pour que ces missions se passent sans bavures. Dieu merci, mes missions se sont déroulées sans bavures » a répondu l’accusé.

Pour le parquet militaire, l’accusé a reconnu que, les officiers dont le commandant Abdoul Aziz Korogo qui est son supérieur étaient présents à la rencontre du 16 septembre 2015 avec le Général Gilbert Diendere.

Et ce dernier aurait déclaré à ces derniers que « les autorités de la Transition ont été arrêtées », de ne pas « s’offusquer et de « l’accompagner ».

A partir de ce moment, le parquet estime que « toutes les instructions » que l’accusé a reçues visaient à « accompagner le Général Diendere dans son putsch ».

C’est dans un français soutenu que le Lieutenant Boureima Zagre s’est exprimé tout au long de son audition en insistant qu’il n’a fait qu’exécuter les ordres de son supérieur hiérarchique.

Agence d’Information du Burkina