Nul ne peut nier le savoir du Professeur Laurent Bado. Ses cours magistraux sont pris d’assaut par les étudiants et les salles de conférence qui l’accueillent ne désemplissent point. Cependant l’on ne peut pas dire qu’il a été beaucoup futé en politique. L’interview qu’il a accordée ce 17 Aout à nos confrères de 226 infos vient encore le confirmer.

Laurent Bado aurait dû être candidat à l’élection présidentielle passée. Il a été surpris d’entendre que Tahirou Barry a été désigné candidat lors d’un congrès tenu à Bobo sans même que le Professeur ne sache qu’il se tramait quelque chose si l’on s’en tient à ses propres propos « … Et vous savez, ils ont fait un congrès extraordinaire à Bobo Dioulasso. Le président du parti, BARRY vient me dire que c’est pour soutenir le nouveau chef de région de Bobo. Je dis mais non, ça va chasser le précèdent, ça ne va pas marcher. Le nouveau là il n’a pas de base. Il me dit : « oh non, il mobilise beaucoup, tu vas voir, il mobilise ». Je dis bon, c’est bien allez-y. Moi j’avais cours à l’UCAO. Ils font leur congrès, je crois que c’est du 25 au 26 janvier 2014. Il vient me dire que ce soir-là ils vont aller donner les résultats au ciné Sanou ou Sagnon (Ndlr ; Ciné Sagnon) je ne sais pas à Bobo. C’est maintenant que le président Barry me dit : « je t’informe que le congrès extraordinaire m’a désigné comme candidat du parti à l’élection présidentielle… Je n’étais pas au courant. »

Le Parti parti est en situation de crise opposant deux camps :celui de Bado regroupant les anciens et celui de Barry comprenant les nouveaux. Le professeur n’a visiblement pas apprécié les propos d’un certain Carlos qui serait l’homme à tout faire du ministre Tahirou Barry : « Disons-le ! Il y a une crise profonde. Carlos a osé dire « le PAREN de Bado est mort, vive le PAREN de Barry », lors d’une conférence de presse. Barry s’est contenté seulement de lui retirer le micro… »
Le parti de Laurent Bado est au bord de l’explosion et ce n’est pas la première fois Laurent Bado fait face à une situation embarrassante pour lui.
L’affaire des 30 millions de francs CFA avait également montré que le Professeur n’a pas d’intelligence politique. Il avait à l’époque gobé l’histoire que Salif Diallo alors cacique du CDP, lui aurait racontée selon laquelle le président Compaoré souhaite soutenir certains partis politiques dans le but de renforcer la démocratie. Après avoir reçu et transmis les 15 millions à son parti il a été surpris de voir dans la presse que Laurent Bado et Pargui Emile Paré avaient été corrompus avec 30 millions de francs CFA.

Laurent Bado a eu beau expliquer l’histoire, se présenter même à l’émission Actu Hebdo de la télévision nationale avec les reçus des dépenses et expliquant le contexte de la réception de cet argent qu’il entendait justifier à l’Etat, rien n’y fit. Il était considéré comme un corrompu. Emile Paré qui pour sa part a catégoriquement refusé de s’exprimer sur le sujet, a eu plus d’égard.

Pourtant l’on ne peut occulter la bonne foi du Professeur Laurent Bado dans cette affaire. Rappelons qu’il a été le premier à accepter de quitter la tête d’un parti qu’il a fondé pour laisser d’autres sensibilités s’exprimer. Tous ceux qui étaient présents lors des meetings avant l’insurrection se rappellent que les chefs de partis devaient insister à chaque fois pour qu’il daigne prendre la parole ou même s’asseoir avec eux. Il répétait toujours qu’il fallait appeler Tahirou Barry le chef du parti.

Le professeur Laurent Bado veut aujourd’hui reprendre la tête du parti pour une période transitoire ; cela est encore surement une erreur car s’il est vrai que le parti est divisé, il l’est entre lui et Tahirou Barry ; il faut donc une personne neutre pour, rassembler les deux camps et peut être même, ramener des anciens comme Abdoul Karim Sango qui avaient quitté le parti. Le grand perdant de toute cette agitation pourrait être le ministre de la culture Tahirou Barry qui verra sans doute sa position fragilisée dans le gouvernement, surtout que Laurent Bado dit qu’il n’apporte aucune idée et que c’est d’ailleurs lui qui a demander le ministère de la culture au parti au pouvoir parce qu’il savait pouvoir y faire de grandes choses.

Honnêteté et spontanéité sont des qualités indéniables du Professeur Laurent Bado. Il mérite une reconnaissance du Faso pour sa contribution à la formation et à l’éveil des consciences mais assurément il n’a pas l’intelligence de la politique. Comme quoi on ne peut pas être bon partout ; et c’est aussi une forme d’intelligence que de le reconnaître.

Kaceto.net