Comme prévu, l’opposition burkinabè a tenu hier samedi 29 septembre à la Place de la révolution sa marche-meeting pour dénoncer la mal gouvernance et "l’incapacité" du du pouvoir en place à régler les difficultés auxquelles sont confrontés les Burkinabè.

Hier, Place de la Nation, le chef de file de l’opposition (CFOP) et des organisations de la société civiles alliées avaient convié leurs militants à une marche-meeting pour dénoncer la gestion du pouvoir par le Mouvement pour peuple pour le progrès (MPP) et ses alliés. Le rendez-vous avait été donné pour 8 heures, mais c’est finalement avec près de deux heures de retard que le cortège s’est ébranlé de la Place de la nation suivant un trajet passant par la cathédrale, l’avenue Kwamé Nkrumah, le rond-point des Nations Unies et retour à la case départ. Circuit bouclé au pas de charge sous un soleil brûlant, au grand bonheur des vendeurs de boissons.
Jusqu’à 9 heures, peu de gens avait rallié la Place de la nation. Un des animateurs du jour explique que dans les quartiers, le pouvoir empêche les camardes d’y accéder en bloquant certains passages. La circulation est pourtant fluide dans les rues jouxtant la place de la Nation. Les confrères sont surpris par le faible niveau de mobilisation. Un militant CDP qui est venu de province avec ses propres moyens confie que "sans argent, c’est difficile de mobiliser. Nous sommes en train de découvrir ce que veut dire être dans l’opposition dans ce pays. Il faut vraiment être un homme pour tenir".

Peu après huit heures, on annonce l’arrivée de l’épouse du chef de file de l’opposition, accueillie par des applaudissements. A 9 heures, d’autres personnalités commencent à arriver. Le MC Annonce le départ du chef de file de l’opposition du siège vers la Place de la nation. La mobilisation est encore plus que timide à cette heure-là. Des militants de l’Union pour le progrès et le changement se regroupent et commencent à distribuer des vuvuzuela, des affiches et des sifflets. Une banderole portée par des militants du Congrès pour la démocratie et le progrès réclame "le retour de Blaise Compaoré, un homme de paix".
Les leaders de l’opposition et de la société civile sont à présent arrivés et bien installés : Zephirin Diabré de l’UPC, Eddie Komboigo du CDP, Gilbert Noel Ouédraogo de l’ADF/RDA en tee-shirt et casquette vissé en l’envers, tel un amateur cycliste de Tougan, Ablassé Ouédraogo du parti "Le Faso autrement", Mamoudou Dicko de la NAFA, Hubert Bazié de la Convergence de l’espoir, l’Union pour la renaissance démocratique, mouvement sankariste (URD/MS), Tahirou Barry, ancien ministre de la Culture et député à l’assemblée nationale. Côté société civile, on notait la présence de Pascal Zaïda de la CED, Evariste Konsimbo du Forac, Lockman Sawadogo de l’ODDH, Siaka Coulibaly, porte-parole du jour des OSC.
L’animateur rappelle le parcours à suivre et les consignes à respecter tout au long de la marche. Un véhicule est mis à la disposition des journalistes qui le souhaitent. Le cortège s’ébranle, avec en tête les leaders de l’opposition. Au fil de la marche, la mobilisation prend du volume ; des manifestants l’ont rejoint sur le parcours. Les slogans fusent, épinglant "l’incompétence et le tâtonnement du gouvernement face aux problèmes de sécurité, d’emploi et d’éducation nationale".
Retour à la Place de la nation pour le meeting, ponctué par deux discours, celui de Zéphirin Diabré et de Siaka Coulibaly. Le premier s’est réjouit de cette « très très très forte mobilisation » des Burkinabè contre la gouvernance du MPP et ses alliés, en dépit " des tentatives de débauchage, de boycot". "Parait qu’ils avaient peur qu’on fasse une nouvelle insurrection ; c’est normal car l’assassin a peur du gourdin", ironise Diabré. Puis rassure : "Nous ne sommes pas de putschistes, nous ne sommes pas des rebelles ni des hors la loi, mais nous sommes des républicains".

Sur le bilan des trois ans de gouvernance du pouvoir en place, le CFOP note "une économie en panne, nos libertés en danger, le népotisme et la corruption qui continuent de se développer". Zéphirin Diabré et Siaka Couliaby ont insisté sur ce qui apparaît à leurs yeux comme un impératif politique et social dans la consolidation de la paix sociale : l’organisation d’un forum des forces vives de la nation pour la paix et la réconciliation. "Notre marche d’aujourd’hui doit constituer le point de départ de la lutte pour obliger le pouvoir du MPP à changer sa manière de gouverner », en dotant les Forces de défense et de sécurité de plus de moyens, car "notre sécurité n’est plus garantie". Les marcheurs d’hier réclament également l’abrogation de loi portant nouveau code électoral votée le 30 juillet dernier, plus de solidarité avec les veuves et les orphelins des attaques terroristes et le limogeage des ministres de la Sécurité et celui de la Défense.
"Les marches meeting sont désormais de retour », avait annoncé Zéphirin Diabré peu avant le départ du cortège, signe que "l’opposition se réveille".

Frédéric Tianhoun, Joachim Vokouma
Kaceto.net