Le général Gilbert Diendéré, cerveau présumé du coup d’Etat de septembre 2015 au Burkina Faso, a plaidé non coupable lundi au premier jour de sa comparution devant la justice militaire.

"Je n’ai ni commandité, ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce que d’aucuns appellent aujourd’hui un coup de force", a-t-il déclaré à la barre. "J’ai juste assumé une situation à un moment donné, sur conseils des sages médiateurs après leur échec de négociation et après le refus catégorique par peur de la hiérarchie militaire", a-t-il ajouté.

M. Diendéré est poursuivi pour "complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline militaire".

Il a en revanche accusé l’ancien Premier ministre de transition Yacouba Zida, par ailleurs ex-commandant en second du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), d’avoir perpétré cette tentative de putsch visant le président de transition Michel Kafando.

Le général a affirmé que M. Zida avait financé des organisations de la société civile pour mener une campagne médiatique de dénigrement du RSP afin d’amener celui-ci "à fauter". "Et malheureusement, c’est ce qui s’est produit le 16 septembre 2015", a-t-il dit.

M. Diendéré, 60 ans, a longtemps été un fidèle de l’ancien président Blaise Compaoré, contraint à la démission en fin octobre 2014 par un soulèvement populaire. Il est considéré par certains spécialistes comme ayant été la "boîte noire" des renseignements sous le régime Compaoré (1987-2014).

Alors que le Burkina Faso se préparait à l’élection d’un nouveau président pour mettre fin à la période de transition politique, le 16 septembre 2015, sous la conduite du général Diendéré, des soldats proches de l’ex-président Compaoré avaient brièvement renversé le régime de transition, avant de capituler au bout d’une semaine sous la pression de la rue et des soldats restés fidèles aux autorités. On recensera une quinzaine de morts.

Le procès de 84 accusés, civils et militaires, a débuté en février 2018. La comparution de Gilbert Diendéré était très attendue par les observateurs qui le considèrent comme étant l’élément clé du putsch car ayant été le président du Conseil national pour la démocratie (CND) suite au renversement temporaire du régime de transition.

Xinhua