Depuis 2016, les archives du ministère français des Affaires étrangères sur la révolution démocratique et politique burkinabè de 1983 sont consultables au Centre des Archives diplomatiques de La Courneuve. En revanche, peu de documents d’archives, notamment celles frappées du « secret-défense », sur l’assassinat de Thomas Sankara. Un an après la promesse d’Emmanuel Macron de les déclassifier, les archives françaises sur cet événement ténébreux de l’Histoire burkinabè arrivent au compte-gouttes.

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Depuis le 9 novembre 2018, des cartons remplis de documents font la navette du Quai d’Orsay au bureau du juge François Yaméogo. Dans les paquets, des archives sur l’assassinat en 1987 de Thomas Sankara qui viennent d’être transmises par voie diplomatique à la justice burkinabè, selon nos confrères de RFI.
Pourquoi la transmission de ces archives intervenue depuis novembre, n’est rendue publique qu’un mois après ? Sans doute parce que les autorités judiciaires burkinabè qui ont entamé le tri, la sélection et la classification des différents documents et pièces reçus en ont informé les avocats des parties au procès qui eux-mêmes en auraient informé certains journalistes. Les avocats sont invités à venir les consulter pour alimenter leur ligne de défense.

Que contiennent ces archives françaises ? Elles sont issues de comptes-rendus, de rapports, de briefings des différents représentants du ministère français des Affaires étrangères mais aussi des auditions dans le cadre de l’assassinat de Thomas Sankara. Un deuxième lot d’archives va emprunter le canal diplomatique pour être mis à la disposition des autorités burkinabè dans les semaines à venir.

Lors de sa visite à Ouagadougou, Emmanuel Macron avait promis de tout mettre en œuvre pour faciliter la levée du secret-défense sur une partie des archives concernant l’assassinat du leader burkinabè. Un an après la promesse présidentielle, les documents arrivent au compte-gouttes. Ils devraient permettre d’éclairer les circonstances de la mort de Thomas Sankara, le 15 octobre 1987, en y apportant des éléments dont n’a pu disposer la justice du Burkina.
En octobre 2016, le juge François Yameogo, en charge de l’enquête rouverte sur l’assassinat en 1987 de Thomas Sankara avait demandé la mise en place d’une commission rogatoire internationale et la levée du secret-défense sur les archives françaises. Côté français, Cyril Paquaux, vice-président du Tribunal de Grande Instance de Paris avait été désigné à la Commission rogatoire.
Dans les couloirs des prétoires burkinabè, le dossier sur l’assassinat de l’ex-président du Faso n’avance pas, ou presque. L’enquête du juge Yameogo, qui s’est soldée par des auditions de témoins et des inculpations, a démontré des implications plus profondes nécessitant l’accès à d’autres pièces ou témoins pour éclairer enfin ce ténébreux assassinat dans l’Histoire africaine. Avec la livraison de ces archives, la lumière est peut-être en train d’être faite. Plus de trente ans après !

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