L’armée burkinabè a supervisé très tôt lundi, la destruction de plusieurs maisons illégalement construites dans le domaine du camp Ouézzin Coulibaly.

L’armée a procédé, ce lundi 4 février 2019, au déguerpissement des populations de Kuinima Koura (secteur 6 extension) qui se sont installées sur son site.

Certains riverains ont été tirés du lit par les bruits des engins de travaux publics et les cris des habitants. Des maisons détruites, des objets divers broyés, et de tôles entassés çà et là, des femmes en pleurs, des hommes tentant de sauver ce qui peut l’être encore ; c’est la cène qui s’est déroulée en cette matinée à Kuinima extension dans la zone non lotie.
Et cela, sous les regards vigilants des policiers de la compagnie républicaine de sécurité (CRS) armes et boucliers en pointe.

Selon des militaires qui supervisaient l’opération de démolition, qui ont préféré garder l’anonymat, cette situation pouvait être évitée. L’armée à leurs dires, a maintes fois averti les populations de quitter le site, afin de permettre d’aménager une clôture.

L’un d’eux a précisé que ce sont 17 hectares à l’intérieur du camp, que la population occupe ainsi. Le premier avertissement datent, selon lui de 2010.

Ensuite, la grande muette est revenue à la charge en 2015. Et pour les événements qui ont lieu aujourd’hui, les populations ont été informées depuis juin 2018. Elles devraient quitter les lieux le 20 décembre 2018.

Entre temps, elles ont demandé l’intervention des leaders religieux afin qu’ils intercèdent à leur tour auprès de l’armée pour leur permettre de célébrer les fêtes de fin d’année.

Cette requête a été acceptée par les hommes en tenue toujours explique notre interlocuteur en « treillis ».

« On leur a permis d’y rester jusqu’au 31janvier 2019. Quatre jours après, ils sont toujours là, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse. Certains sont partis depuis longtemps. Celles qui ne sont pas parties, aujourd’hui nous traitent de terroristes !.

Qu’au lieu que l’armée les protège, c’est elle qui les met dans la rue », a-t-il dit, l’air furieux.

Des propos corroborés avec certains habitants dont Ibrahim Lengani, et Moumouni Sougué, qui ont accepté nous relater leur mésaventure.

Moumouni Sougué, maçon de son état réside sur le site depuis dix ans. Selon lui, ce sont les propriétaires terriens qui n’ont pas été francs avec lui.
« Je n’ai jamais su que le coin appartient au camp militaire, si je l’avais su je ne viendrai jamais dans une caserne », a-t-il dit et qu’il l’a su après investissement.

Il ajouta en outre que : « Ils nous disaient de rester sereins qu’il n’y aura rien, aujourd’hui aucun d’entre eux n’est là pour voir notre désarroi, et nous soutenir dans cette situation difficile ».
Dans cette lancée Amadou Dicko dit accuser les vendeurs des terrains, au départ qui n’ont pas été clairs avec eux. Et de souligner que : « Voir ses effets personnels au grand dehors au vu et au su de tous est une honte ». A cet effet, il dit ne pas souhaiter que cela arrive à quelqu’un d’autre. Si certains disent ne pas savoir où aller, Amadou Dicko avec son épouse comptent aller habiter secteur 2 de Bobo-Dioulasso.

Dans un air ironique, Amadou Dicko lâche que c’est la pauvreté qui amène les uns et les autres dans les zones non loties. Donc si l’autorité vient mettre un pauvre dans la rue, elle l’a tué.
Après les habitations, les pelles chargeuses se sont attaquées aux jardins maraîchers situés à l’intérieur du camp. Des jardins qui faisaient vivre plus d’un dans le quartier Kuinima a provoqué des mécontents.

Sous l’effet de la colère les riverains se sont mobilisés pour incendier des habitations de certains leaders qu’ils estiment être en connivence avec les responsables de l’armée.

C’est le cas de Amadou Sanou dans le quartier Kuinima qui a vu tous ses effets partis en fumé. Selon l’aîné de la victime, un enfant en bas âge serait blessé et évacué à l’hôpital Souro Sanou.

En plus de cette victime, le chef du Kuinima, Famara Sanou, aura aussi connu la furie des populations en colère, de même que son frère cadet de Moussa Sanou tous dans le même quartier.

Ces mécontents ont été chassés par les éléments CRS à coup de gaz lacrymogène.

AIB