La France accueillera le 10 octobre 2019, la prochaine conférence de reconstruction des ressources du Fond mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Dans cette optique, une délégation de journalistes français a séjourné dans notre pays à l’initiative de la "Coalition Plus" et l’association "REVS Plus", afin de leur permettre de découvrir les pratiques innovantes en matière de riposte contre le sida, mais aussi le niveau d’engagement des autorités burkinabè dans la mise sous contrôle de cette épidémie.

Ce voyage de presse de confrères français au Burkina vise non seulement à donner plus de visibilité aux actions de riposte menées par les pouvoirs publics burkinabè, mais aussi à renforcer le plaidoyer afin que la prochaine reconstruction des ressources du fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme soit un succès.
Après 96 heures passées au Burkina, le Secrétariat permanent du conseil national de lutte contre le sida PS/CNLS-IST et le Bureau pays de l’ONU-SIDA ont animé un point de presse le 09 février à Ouagadougou pour faire le point de la situation du VIH/SIDA au Burkina.« Même si le Burkina Faso fait l’exception, l’Afrique de l’Ouest et du centre d’une manière générale accuse un retard par rapport au reste du monde dans la lutte contre le VIH-SIDA », a déclaré le représentant pays de l’ONU SIDA, Job Sagbohan. Selon lui, les statistiques en disent long sur se retard. En effet, comparaison faite avec les pays de l’Afrique australe et de l’Est, en 2015, le pourcentage de personnes connaissant leur statut sérologique en Afrique de l’Ouest et du centre était de 35% alors que ce chiffre avait atteint 62% en Afrique Australe et de l’Est.
En 2015 toujours, le pourcentage de personnes séropositive et sous antirétroviraux (ARV) était de 28% en Afrique de l’Ouest et du Centre pendant que ce chiffre avait déjà atteint 54% en Afrique Australe et de l’Est.
Pour la même année de 2015, le pourcentage de personnes ayant supprimé la charge virale en Afrique de l’Ouest et de centre est de 12% pendant que ce chiffre était de 45% en Afrique Australe et de l’Est.
En dépit de ces chiffres forts peu reluisants, le Burkina Faso fait l’exception car, selon Job Sagbohan, les statistiques y avoisinent le niveau atteint par les pays de l’Afrique Australe et de l’Est.

Mais pour celui-ci, l’arbre ne doit pas cacher la foret. « En ce qui concerne le Burkina Faso, aujourd’hui, on met l’accent sur 0,8%, c’est à dire le taux de prévalence du VIH-SIDA. Mais que fait-on pour les 99,2% de la population qui n’est pas encore
infectée ? », interroge le représentant pays de l’ONU SIDA. Pour lui, on a oublié totalement la prévention primaire à force de travailler pour atteindre les résultats actuels. Pourtant ajoute-t-il, « tant qu’on ne travaillera pas sur la prévention primaire qui permet d’éviter les nouvelles infections, il serait illusoire de viser l’objectif 2030 qui est d"éliminer le SIDA comme maladie de santé public". C’est pourquoi il affirme que c’est maintenant plus que jamais que le Burkina a besoin de financement surtout dans un contexte d’insécurité qui oblige l’Etat à la réduction du financement interne.
Allant dans le même sens que Job Sagbohan, le Secrétaire permanent de Lutte contre le VIH et les IST, Dr Bakouan rappelle que l’intérêt de cette rencontre est justement de sensibiliser les l’opinions à ne pas baisser la garde : « Ce n’est pas parce que nous avons une prévalence qui est passé de 7,17% en 1997 à 0,8% en 2016 qu’il faut baisser les bras » a-t-il rappelé. Le constat selon lui est que « nous avons un recul de l’intérêt pour la lutte contre le VIH-SIDA aussi bien au niveau de notre population qu’au sein de nos partenaires techniques et financiers ».
Il était donc important selon lui, de sensibiliser l’opinion sur le fait que malgré les progrès réalisés, le Burkina a besoin d’appuis et d’aides. Il espère que le principal partenaire dans la lutte contre le SIDA qu’est le Fond mondial, qui va bientôt mobiliser des ressources n’oubliera pas le Burkina.

Frédéric Tianhoun
Kaceto.net