Il y a cinquante ans débutait une aventure cinématographique qui est devenue aujourd’hui l’événement africain le plus prestigieux consacré au 7è art. Depuis 1969, des hommes et des femmes ont défriché et labouré pour que le cinéma burkinabè et africain existe et soit crédible. Il était temps de leur rendre hommage.

Les invités arrivent par groupes ou individuellement. Il faut montrer patte blanche. Un périmètre de sécurité a été délimité autour de la Place des cinéastes, en plein centre-ville, face à la mairie de la ville. C’est ici que Africavision TV, la société de production du cinéaste Bernard Yaméogo a convié hier 25 février les cinéphiles pour rendre un hommage mérité aux anciens, les pionniers, ceux-là qui ont montré le chemin et donné envie aux nouvelles générations d’embrasser la carrière dans les métiers du cinéma. "C’est parce qu’il y a eu ces hommes et femmes courageux et pleins d’abnégation qui se sont battus pour le cinéma durant des décennies, qu’on parle du cinéma africain », explique Bernard Yaméogo. Il est donc un devoir de rendre hommage à tous qui représentent aujourd’hui la mémoire du cinéma africain.
Or, c’est une lapalissade de dire qu’un peuple sans mémoire, est un peuple sans âme, c’est à dire sans identité. La nuit des anciens est d’autant plus louable qu’elle épouse le thème de la 26ème édition du Fespaco, "Mémoire et avenir des cinémas africains".
A l’ouverture du Fespaco samedi dernier, le public a pu découvrir les images d’archives de la toute première édition de ce qui allait devenir le Fespaco. Mais ces images proviennent de l’Institut national de l’audiovisuel français, autrement dit, une bonne partie de notre passé cinématographique nous échappe, étant la propriété d’autrui.
Célébrer les anciens vivants, c’est se donner les moyens d’ouvrir les possibilités d’avenir et les hommages à titre posthume ne sont pas toujours sincères.

Burkinabè, Ivoiriens, Maliens, Camerounais, Algériens, Gabonais, Sénégalais, etc., étaient là hier soir, chacun ayant au moins 60 hivernages à son compteur. C’est un critère retenu par les organisateurs. "Leur présence diversifiée est un atout majeur pour capter et compiler non seulement des portraits mais aussi des témoignages d’archives pour les jeunes générations", a commenté le maire de la commune de Ouagadougou, Armand Roland Pierre Béouindé, parrain de la soirée. Pour le néophyte, la soirée a permis d’avoir une large idée des métiers du cinéma, au delà de ceux qui sont dans la lumière, à commencer par les réalisateurs et les comédiens. Un film, c’est d’abord une idée, un scénario, une musique, un metteur en scène, un décor et des costumes à créer, des photographes, des techniciens, etc. Tous méritent d’être honorés et leur travail valorisé.
Pour l’ensemble de leurs oeuvres, Bernard Yonli, Alimata Salembéré, Cheick Omar Sissoko, Oumar Barry, Philippe Sawadogo et Kiemoko ont reçu des distinctions de la main du maire Béouindé. Les acteurs des métiers du cinéma ont été aussi honorés, dont le musicien Seydou Richard Traoré et le couturier Francois1er .

Dominique Koné
Kaceto.net