Le Chef de file de l’opposition au Burkina Faso (CFOP/BF) a tenu une fois de plus ce matin 2 avril son rendez-vous hebdomadaire avec la presse. Au menu des échanges, les nouveaux affrontements meurtriers à Zoaga dans le Boulgou et à Arbinda dans le Soum, la visite du Premier ministre au CFOP ainsi que la grève annoncée du SYNSHA.

Jean-Hubert Bazié, président de la Convergence de l’Espoir et Adama Séré, président du Rassemblement des écologistes du Burkina Faso (RDEBF) ont été les principaux orateurs à cette rencontre avec les journalistes. Les affrontements meurtriers survenus à Zoaga, dans le Boulgou ayant fait 8 morts, 4 blessés et des incendies de domiciles ont été évoqués par les conférenciers.
Selon le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et de la cohésion sociale, Siméon Sawadogo, cette attaque serait un rebondissement de la crise qui secoue depuis un certain temps la chefferie coutumière de la localité. Bien que le CFOP apprécie à sa juste valeur la réaction des forces de l’ordre face à cette tuerie, il considère tout de même que c’est "le médecin après la mort".
Selon Jean-Hubert Bazié, les affrontements entre les deux camps rivaux qui se disputent la chefferie remontent au 25 janvier dernier 2019 ; le gouvernement aurait pu prendre des précautions pour éviter ce qui s’est passé car les signes avant-coureurs étaient nettement visibles et relayés par une presse. « Les autorités auraient été appelées à agir, en vain. Pire, les coupables des anciennes tueries n’auraient pas été inquiétés », a-t-il révélé. Pour l’opposition politique, le gouvernement « est coupable de passivité », si l’on considère que, malgré les alertes rouges successives, des dispositions n’ont pas été prises pour éviter ces affrontements.
« Il est incompréhensible et inadmissible que dans une république, des citoyens massacrent d’autres citoyens sans que la justice ne lève le petit doigt », s’est indigné Jean-Hubert Bazié, avant de poursuivre en ces termes : « le gouvernement doit plus qu’un simple communiqué à notre peuple. Il doit des explications à ce peuple déjà meurtri par des massacres et des tueries antérieures récurrentes ».
Quant au leader écologiste, Adama Séré, il considère qu’avec les événements d’Arbinda et les morts enregistrés, puis maintenant les violences inter-communautaires, la cohésion sociale est mise à rude épreuve.
Pour ce qui concerne la grève des travailleurs du syndicat de la santé humaine et animale (SYNSHA) prévue du 17 au 19 avril prochain sur l’étendue du territoire, l’opposition politique estime que cette crise est la résultante de promesses non tenues du gouvernement. De ce fait, le CFOP invite le gouvernement à entamer sans délai des négociations pour obtenir la levée de ce mot d’ordre. « Ces négociations sont nécessaires pour éviter que la tension entre les deux parties n’aboutisse à une dégradation malheureuse des conditions sanitaires des patients », a-t-il suggéré.
Le dernier point abordé lors de ce rendez-vous a concerné la visite du premier ministre Christophe Marie Dabiré, le 1er avril 2019 au siège de chef de file de l’opposition. Les conférenciers du jour ont salué la démarche du chef du gouvernement d’autant que les échanges ont porté sur des sujets qui préoccupent les Burkinabè.
Adama Séré a révélé que lors de la visite, le premier ministre a annoncé une rencontre entre le CFOP et le président du Faso. « L’opposition politique que nous affirmons patriote et républicaine, est donc ouverte et le sera toujours, à tout dialogue permettant de relever les grands défis de la nation », a-t-il déclaré. Toutefois, a il a tenu à souligner que ce dialogue "doit être franc, sincère, et dénué de tout calcul politicien".

Frédérric Tianhoun
Kaceto.net