C’est une visite dont le régime au pouvoir au Burkina Faso a toutes les raisons de se réjouir en ce moment : celle qu’effectuera du 1er au 2 mai prochain, Angela Merkel au Pays des Hommes intègres. A cette occasion, elle rencontrera son hôte, le Chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, participera au sommet extraordinaire du G5 Sahel et aura des échanges avec les étudiants à l’université Joseph Ki Zerbo.
Au regard des la conjoncture actuelle dans son pays, l’on peut affirmer que ce dernier en avait besoin.

C’est sans conteste la rencontre des deux extrêmes en matière de développement. D’un côté, l’Allemagne, première puissance économique européenne. Et de l’autre, le Burkina Faso, abonné régulier au tableau des mal classés du développement humain.
Et pourtant, la visite que s’apprête à effectuer la Chancelière allemande au Burkina Faso, apparaît comme celle de la nécessaire complémentarité entre grandes puissances et pays les moins avancés.
En 2018, Emmanuel Macron, le président Français, avait fait de Ouagadougou, la capitale choisie pour y prononcer son discours à l’attention de la jeunesse africaine. Cette fois, c’est donc au tour de l’Allemagne de s’inviter au Burkina Faso.

Tournée d’adieu et de relance

C’est un fait, Angela Merkel doit bientôt quitter le devant de la scène politique dans son pays. Ce sera en 2021, après un 4è mandat acquis dans la douleur et dont elle sortira vraisemblablement fragilisée, du fait de l’usure du pouvoir. Elle veut néanmoins tracer les sillons sur lesquels elle espère que son successeur marchera, pour faire conserver à son pays, son rang de leader européen et mondial.
Dans cette optique, l’Afrique (et le Burkina Faso), continent certes en crises, recèle cependant d’importantes ressources économiques, mais aussi minières et énergétiques de très grande qualité. Par conséquent, il ne peut qu’être utile à une Allemagne manifestement au summum de sa puissance et qui a un besoin impérieux de conserver ses positions face à la concurrence des pays émergents, en premier lieu, la Chine.
Cela est d’autant plus vital pour son économie, que depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, l’Allemagne est clairement dans la ligne de mire des nouvelles autorités américaines. Lesquelles n’hésitent pas à brandir des mesures conservatoires, des restrictions et parfois des sanctions qui risquent à terme d’avoir un impact significatif sur la productivité mondiale.
Face à une industrie automobile en pleine tourmente du fait des sanctions américaines et des scandales à répétition qui ont pollué le secteur, le modèle économique allemand qui en est l’un des leaders en Europe, a donc tout intérêt à se tourner rapidement vers d’autres marchés porteurs. Des lors, il appartient aux pays africains de savoir faire monter intelligemment les enchères pour en retirer le meilleur profit.

Jibril Salam
Kaceto.net