Dans la perspective de la présidentielle de 2020, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) s’apprête à emprunter le virage de la désignation de son candidat.

Le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo a convoqué une réunion extraordinaire du Bureau exécutif national (BEN) cet après-midi pour discuter d’un sujet qui va sans doute donner le top départ du processus de désignation du candidat à la présidentielle de 2020. En ce jour de l’ascension, la montée de Jésus au ciel après sa mort et sa résurrection, l’exécutif du CDP est invité à prendre connaissance d’une lettre que le fondateur du parti, Blaise Compaoré a envoyée au patron du CDP, et à en débattre. Un rendez-vous déterminant pour l’avenir et l’unité du parti créé en 1996 et qui a régné sur la vie politique jusqu’en octobre 2014.
Sur quoi vont-ils plancher cet après-midi ? Il y a environ deux mois, des cadres mécontents de la gestion du parti par Eddie Komboïgo, sont allés voir le président Compaoré à Abidjan. En substance, ils lui reprochent la gestion très personnelle du parti par Eddie Komboïgo et sa volonté de mettre ses hommes partout aux postes stratégiques. Par copinage, il aurait inscrit beaucoup d’amis en tant que membres du Bureau politique national au point de violer l’article 32 des statuts du parti. "Vous vous imaginez, dans les textes, le Bureau politique national (BPN) comprend 600 membres ; or là, il y en a plus de 1000 !. Des gens que le président a intégrés sans respecter la procédure", confie un cadre qui a soutenu Boureima Badini, candidat malheureux à la présidence du parti lors du dernier congrès face à Eddie Komboïgo.
Dans le camp du président Komboïgo, on se défend d’avoir volontairement agi dans l’illégalité. "Suite à l’insurrection populaire et au coup d’Etat, le parti n’a pas fonctionné normalement", explique un soutien du président actuel.
"D’abord, rien que dans le Kadiogo, environ 600 militants sont membres du Bureau politique national. Ensuite, il y a des militants qui sont de droit membres du BPN, notamment les secrétaires généraux de section, les anciens ministres, les députés et maires en fonction ; puis les 130 membres du Bureau exécutif national et les 70 membres du Haut-conseil", détaille t-il. Résultat, le BPN compte aujourd’hui près de 1100 membres !
Que faire ? Deux options s’offrent à la direction du parti pour respecter les statuts : biffer des noms pour retomber à 600 membres, ou supprimer la limitation du nombre de membres du BPN. Dans tous les cas, il faut faire quelque chose d’autant que les textes interdisent d’exclure un membre du BPN sans son consentement.
Le fondateur Blaise Compaoré a donc été appelé à la rescousse depuis avril dernier pour trancher. La réponse est enfin arrivée par une lettre dont le contenu sera dévoilé aux membres du BEN tout à l’heure.
Selon toute vraisemblance, on s’achemine vers l’adoption de la seconde option, avec la tenue d’un congrès extraordinaire qui pourrait avoir lieu dans la première quinzaine de juin 2019. Histoire de ne pas créer encore des frustrations dans ce parti qui ne parvient toujours pas à refaire son unité en dépit de l’élection pour la première fois de son président lors de mai 2018.
De fait, ce congrès donnera le top départ du processus inclusif de désignation du candidat officiel du CDP à la présidentielle de 2020.

Georges Diao
Kaceto.net