Le doute a été levé en début d’après-midi de ce samedi 21 septembre : le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) tiendra bien son congrès extraordinaire demain 22 septembre à la maison du peuple de Ouagadougou. C’est la conséquence du verdict prononcé par le juge des référés déboutant ceux qui l’avaient saisi aux fin d’interdire la tenue du dit congrès, au motif que quatre membres du Bureau exécutif national (BEN) n’auraient pas la qualité d’y siéger.
Le 14 juin dernier, les mêmes plaignants avaient saisi le tribunal des référés et obtenu la suspension du congrès extraordinaire, en invoquant l’irrégularité du Bureau politique national, composé de plus de 1000 membres alors que les texte n’en prévoient que 600 ! Entre-temps, la direction du CDP, emmenée par son président Eddie Komboïgo, s’est conformée à l’ordonnance du juge en ramenant à 583 les membres du BPN. Dès lors, rien ne devait empêcher la tenue régulière du congrès. C’était sans compter avec les adversaires de la direction actuelle du parti, notamment Léonce Koné, Boureima Badini, Salia Sanou, Ambroise Tapsoba, Gnama Drabo Paco, décidés à empêcher Eddie Komboïgo de diriger en l’accusant de traficoter les textes de base du parti en sa faveur dans la perspective de la désignation du candidat à la présidentielle de 2020.
En les déboutant de leurs plaintes, le juge des référés a sifflé de droit et de fait, la fin de la guéguerre judiciaire qui empoisonne le bon fonctionnement de l’ex parti au pouvoir.
Le verdict de cet après-midi clarifie les choses : soit les frondeurs rentrent dans les rangs et le parti retrouve son unité, soit ils claquent le porte et c’est l’éclatement redouté.
Autre question qui mérite d’être posée après le verdict de cet après-midi : que fera le président Eddie Komboïgo de ses "grands amis" qui lui veulent autant de bien ? Pour certains de ses proches, l’exclusion pure et simple de ces derniers s’imposent comme une évidence. Va t-il sévir ou va t-il prôner la réconciliation entre camarades ?
"Je vais vous dire une chose : je n’ai rien contre Eddie Komboïgo ; si demain c’est lui qui est désigné candidat du CDP, je le soutiendrai comme je nl’ai déjà fait dans le passé" a confié à Kaceto.net, Ambroise Tapsoba, le célèbre animateur en langue nationale mooré, grand orateur lors des meetings du CDP.
En attendant, le Secrétaire à l’organisation du CDP et membre du Bureau exécutif national, Aboubacar Sannou commente à chaud le verdict qui a été accueilli par des cris de joie des militants massés dans les couloirs du palais de Justice et dans la cour du CDP.

Vous semblez satisfaits du verdict prononcé par le tribunal des référés. Qu’ a dit exactement le juge ?

En attendant d’avoir le contenu complet du verdict, l’essentiel qu’il faut retenir est que le juge des référés nous a autorisés à faire notre congrès demain 22 septembre ; donc, les plaignants ont été déboutés. Il faut savoir que ces derniers demandaient la suspension du bureau exécutif national, du bureau politique national, du conseil national et du congrès ; en somme, toutes les instances du parti. En nous autorisant à tenir le congrès extraordinaire demain 22 septembre, ça veut dire que leurs plaintes n’ont pas été reçues. Je rappelle que les plaignants avaient invoqué le fait que 4 membres du BEN n’avaient pas qualité à y siéger et manifestement, ils n’ont pas été suivis par le juge

Quel est le menu de ce congrès extraordinaire ? Est-ce pour désigner le candidat à la présidentielle ?

Pas du tout ! En réalité, il y a une amalgame que certains font dans la communication à dessein pour tromper les militants et l’opinion nationale. Nous sommes un parti souverain et avons nos procédures de désignation de nos candidats aux différentes élections. En ce qui concerne la présidentielle, nous avons un mandat du Bureau politique national pour prendre une directive portant candidature du CDP à la présidentielle et cette directive a été adoptée par le secrétariat permanent qui sera soumis au bureau exécutif national.
Le congrès extraordinaire de demain a pour objet de modifier l’article 32 des statuts qui nous permettra de prendre en compte certains camarades qui ont la capacité et le potentiel, mais qui ne peuvent pas intégrer le Bureau politique national (BPN) ; le congrès vise à modifier cet article pour prendre compte la présence de ces camarades.

Vous allez donc faire sauter le verrou de la limitation du nombre de membres du BPN qui est de 600 ?

Oui, c’est cela même ! Parce que c’était une erreur matérielle qui nous avait échappé et nous sommes obligés de recourir au congrès, qui est l’instance suprême du parti, pour corriger cette erreur. Nous sommes un parti en reconstruction et il n’est pas question de laisser des camarades de valeur sur le côté de la route ; nous voulons aller aux élections avec le maximum de bras pour le combat en mettant toutes les chances de notre côté.
Rappelez-vous, le juge nous avait ordonné de nous conformer aux textes avant d’aller au congrès ; c’est ce que nous avons fait en ramenant à 583 le nombre de membres du BPN. C’est à nouveau contre la tenue de ce congrès que ceux qui nous avaient assignés la dernière fois ont une seconde fois ester en justice en référé. Ils viennent d’être déboutés. C’est donc le même congrès extraordinaire que celui du 16 juin qui avait été ajourné, avec le même ordre du jour et les mêmes participants.

En faisant sauter la limitation du nombre de membre du BPN, ne donnez-vous pas raison à vos adversaires qui vous accusent d’avoir bourré le BPN de militants acquis à votre cause ?

Pas du tout ! Si le juge nous autorise à faire le congrès, c’est qu’il s’est rendu compte de la mauvaise foi de ceux qui s’opposent à la tenue du congrès. Sachez-le, ils ont tous pris part à la formation du BPN en 2012 et nous avons des éléments matériels pour le prouver ! Nous l’avons dit, le BPN n’est pas désigné par un individu, mais par les structures du parti dans les 45 provinces ; chaque province a proposé des gens et le BEN a aussi proposé des gens, et tout cela a été par la suite entériné par le BEN.
Ils sont de très mauvaise foi et nous félicitons le juge d’avoir débouté ces camarades qui se livrent à des manœuvres dilatoires.

Propos recueillis par Joachim Vokouma
Kaceto.net