Deuxième partie de la trilogie consacrée au terrorisme qui frappe beaucoup de pays dont le Burkina Faso

« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal" Hannah Arendt

La bande sahélo-saharienne a toujours fait l’objet de confrontations entre populations à peaux noires et populations à peaux claires (les Berbères d’abord : Touaregs et Maures et ensuite les Arabes). Les rapports de force à travers l’Histoire ont abouti à l’hégémonie des populations à peaux claires sur les Noirs en Mauritanie où une certaine forme d’« esclavage moderne » perdure , et l’inverse au Mali où le pouvoir politique est détenu essentiellement par les populations noires du Sud au détriment des minorités touarègues et arabes. Les différentes rebellions dans le Septentrion malien ont toujours poursuivi l’objectif de renverser le statu quo. Le Niger, qui a eu sa part de « révoltes touarègues » a réussi plus ou moins à apaiser ses relations avec cette composante de sa population.
Arnaud Jouve explique qu’à la fin de la période coloniale, les territoires sahariens et sahéliens des Touaregs se retrouvent balkanisés et repartis entre plusieurs nouveaux États : la Libye (1951), le Mali (1960), le Niger (1960), la Haute-Volta (1960) et l’Algérie (1962). Pour les Touaregs, cette nouvelle division de l’espace et leur nouvelle dépendance à ces jeunes pays les marginalisent. Avec les pays du Sud du Sahara par exemple, les rapports dominants-dominés sont inversés par rapport à ce qu’ils ont été dans l’Histoire : les jeunes États sont dirigés par des ethnies qui, dans le passé, ont été victimes des Touaregs. Tout cela ne permet guère d’envisager l’avenir avec confiance et sérénité. Les Touaregs doivent se contenter d’un statut de minorité, ce qui les empêche d’asseoir une suprématie réelle.
En effet, Il est difficile de faire ici une narration détaillée des différents événements liés au séparatisme touareg au Sahara. Comme tous les peuples de l’Afrique au Sud du Sahara, les Touaregs se sont farouchement opposés à l’occupation coloniale française considérée comme un asservissement. En parcourant les extraits du Rapport du Groupe de Recherche sur les Interventions de Paix dans les Conflits Intra-étatiques (GRIPCI) publié en 2002 par la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal, il est précisé que c’est en juin 1957, quand les territoires sous domination française accédèrent à un régime semi-autonome, en vertu de la Loi cadre, dite également loi Defferre (du 23 juin 1956), que les velléités de sécession ont commencé à prendre forme véritablement. Au Soudan français, actuel Mali, Mohamed Aly Attaher, ancien chef de la tribu des Kel-Antessar du Tilemisi, envoie alors depuis la Libye, à son frère Mohamed El Mehdy ainsi qu’à tous les autres chefs de tribus nomades du pays, une lettre circulaire pour leur demander de rejeter la fusion avec les Noirs au sein d’un même État. De façon conciliante, la France manifeste officiellement, et pour la première fois, sa volonté de créer l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). Ce projet a pour ambition de détacher des espaces territoriaux de l’Algérie, du Soudan français, du Niger et du Tchad - zones réputées riches en ressources minières - et ceci, au bénéfice de la puissance coloniale. Et ces espaces correspondaient justement à ceux occupés par les Touaregs. Le stratagème consistait donc à faire miroiter aux yeux des ethnies « blanches » la promesse de ne pas subir le commandement des ethnies « noires ».
Au-delà du discours de victimisation (marginalisation), les populations à peaux blanches qui se considèrent sous tutelle des populations à peaux noires dont ils auraient asservi la race dans le passé sont convaincues qu’il est légitime pour elles de tout mettre en œuvre pour s’émanciper de cette tutelle. Selon les données disponibles, la population globale des Touaregs est estimée, suivant les sources, de 1 à 3 millions de personnes, dont la majorité (85%) vit au Mali.

I. Convoitises expansionnistes et impérialisme identitaire

Il faut recourir à l’Histoire pour comprendre certaines dynamiques entre populations à peaux noires et arabo-berbères.

I.1 L’empire du Ghana, exemple de domination exercée par des Noirs
L’empire du Ghana est le premier grand empire noir à avoir émergé dans le soudan occidental. Il se situait par ses limites nord, aux portes du Sahara et dans sa partie sud, au sortir de la forêt, entre la vallée supérieure du Niger jusqu’au Haut Sénégal à la frontière de l’Afrique blanche. Son hégémonie a duré du IVe au XIe siècle de notre ère. Selon l’historien Bernard Lugan, l’attrait des richesses provenant du commerce du Sud (Sahara) et commercialisées vers le nord (l’Occident) va attirer les convoitises de diverses tribus.

Ibn al-Faqīh Hamadhāni dans son ouvrage intitulé Le Kitab al Buldan écrit : « De Tarqala à la ville de Ghana, il y a 3 mois de marche dans le désert. Au pays de Ghana, l’or pousse dans le sable comme des carottes. » Mohammed Abdul-Kassem ibn Hawqal (Xe siècle) dit à propos du souverain : « Celui-ci est le souverain le plus fortuné qui soit sur la surface de la terre à cause de ses grandes richesses et de la provision d’or pur extrait du sol. »
La politique expansionniste et la puissance militaire des souverains du Ghana ont fait qu’à la fin du Xe siècle, les principautés berbères d’Aoudaghost et de Walata, les royaumes Mazzara de Tékrour, Barisa, Diara, Sosso, Silla, étaient sous domination de l’empire.

I.2 La conquête des Almoravides

Un article très intéressant de Tatiana Pignon explique comment les Almoravides, dynastie berbère et sunnite formée à partir d’un clan nomade originaire du Sahara, a réussi à dominer un territoire immense en se fondant surtout sur l’islam et sur la notion de guerre sainte. D’après ses recherches, à l’origine de la dynastie almoravide, se trouve un ensemble de tribus nomades, les Judalla et les Lamtûna, qui appartiennent tous deux au grand groupe berbère des Sanhâdja. Localisés dans le désert du Sahara, entre le Sénégal et le sud du Maroc, et peu islamisés, ces groupes se convertissent à l’islam au IXe siècle. C’est à partir de la religion et d’une idéologie religieuse précise que va se construire leur pouvoir : au début du XIe siècle, on assiste en effet à la formation d’une communauté religieuse, à vocation prosélyte, autour d’un prêcheur nommé ‘Abd Allâh ibn Yâsin. C’est de cette communauté, qui se sédentarise vers 1048 dans une ville-camp (ou ribât) probablement située au Sénégal, que les Almoravides tirent leur appellation : al-murâbitûn, leur nom arabe, signifie « les gens du ribât ». D’autres historiens considèrent que ce centre n’a pas existé en tant que tel, et que la dénomination « al-murâbitûn » fait plutôt référence à l’activité des membres de la communauté, qui, en tant que guerriers nomades, allaient de ribât en ribât. Suivant les enseignements de ‘Abd Allâh, les premiers Almoravides suivent en tout cas un islam assez rigoriste, mènent une vie très austère, et développent une idéologie de la guerre sainte qui les pousse, sous l’égide d’un chef de guerre nommé Yahya issu de la tribu des Lamtûna, à lancer leurs premières expéditions militaires, dirigées contre les Noirs non islamisés des pays situés autour du fleuve Niger.
Dès 1054, Abu Bakr Ibn Omar (ou Abou Bekr, Abou Bakr) attaqua l’empire du Ghana. En 1076, l’empire du Ghana s’écroule suites aux incursions répétées des Almoravides qui s’emparent de la capitale du Ghana, Koumbi Saleh, avec l’aide du royaume de Tekrour, ce qui provoqua l’effondrement de l’empire pendant les décennies suivantes. Mais on pense que plusieurs facteurs pourraient expliquer ce déclin. En effet, l’empire, était miné de l’intérieur par des conflits de succession, les vassaux supportaient de plus en plus mal la domination du Ghana : ils aspiraient à prendre leur indépendance.

I.3 Les empires théocratiques peuls

Les Peuls , ainsi que les Wodaabes (Bororos), sont une ethnie de nomades et semi-nomades vivant en Afrique et plus précisément dans les régions sud sahel : Mauritanie, Sénégal, Guinée, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Cameroun, Tchad, Togo, Soudan… Les traditions orales ou écrites recueillies auprès des Peuls mentionnent pour la plupart autour d’une union entre Oqba Ibn Nafi, Arabe, et Tadjimaou, princesse juive ou noire. Ces deux personnages auraient engendré quatre enfants, les ancêtres des quatre clans peuls : Barry (ou Sangaré), Diallo (ou Kane), Sow (ou Sidibé), Bah (ou Baldé ou Diakhité). Cette origine est tout à fait mythique. Oqba Ibn Nafi, le conquérant arabe mort en 683, n’aurait jamais traversé la totalité du Sahara. Cette ascendance permet en revanche aux Peuls islamisés de revendiquer des racines arabes prestigieuses. Pour Xavier Luffin, auteur d’un article très intéressant intitulé : « Nos ancêtres les Arabes... » Généalogies d’Afrique musulmane , de nombreuses traditions orales et écrites d’Afrique subsaharienne musulmane font référence à l’origine arabe de certaines populations, clans, tribus ou familles. Quel que soit le degré de véracité de ces généalogies, et malgré des contre-exemples, il est intéressant de constater que l’islam est donc très souvent associé à une certaine vision de l’arabité . Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette interprétation : la recherche d’un certain prestige d’ordre religieux ou social, ou encore une légitimation historique et/ou politique, l’identification de l’africanité à l’esclavage. Cette quête d’arabité doit bien sûr être relativisée selon Xavier Luffin, d’abord parce qu’elle n’est pas systématique, ensuite parce qu’elle se retrouve aussi ailleurs dans le monde musulman. Elle tient toutefois une place relativement importante en Afrique subsaharienne. Cet imaginaire a contribué à ce que chômeurs, désœuvrés et fanatisés grossissent les rangs des obscurantistes.
Au XIXe siècle, l’impérialisme peul sous-couvert du djihad, va conquérir et annexer des territoires principalement en Afrique occidentale. En effet, une partie des Peuls d’Afrique de l’Ouest, ont été parmi les propagateurs de l’islam sunnite, notamment avec des personnages de l’ethnie Tékrour (Toroobé), comme Ousmane Dan Fodio, fondateur de l’empire du Sokoto, Sékou Amadou, fondateur de l’empire Peul du Macina, Amadou Lobbo Bari « Émir du Macina », Muhammad Bello « sultan du Haoussa » et Modibo Adama, fondateur du royaume Peul de l’Adamaoua. Sur le plan sociogéographique, les Peuls conquérants pratiquant le djihad sont souvent des familles peules sédentaires (en particulier en Afrique de l’Ouest) et métissées avec les populations avec lesquelles ils cohabitent.

II. Terrorisme et représentations du passé.

II.1 Al-Mourabitoune (« Les Almoravides »)
Al-Mourabitoune (« les Almoravides ») est une organisation militaire et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, née le 22 août 2013 de la fusion du Mouvement pour l’unicité et de jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et des Signataires par le sang. Le nom de l’organisation est fondamental dans la compréhension des objectifs du groupe armé terroriste d’après Marc Mémier , qui a publié un article très intéressant sur le sujet. « Al-Mourabitoun » renvoie à la dynastie berbère des Almoravides qui régna entre le XIe et le XIIe siècle (1040-1147) sur un empire allant de l’ouest du Sahara et du Maghreb jusqu’au sud de la péninsule ibérique. Les Almoravides ont donc concrétisé il y a plusieurs siècles, le vieux rêve de Belmokhtar : unifier les musulmans du Sahel et du Maghreb dans un même ensemble géographique. Selon le communiqué de fondation, Al-Mourabitoun a ainsi pour vocation de « faire revivre la mémoire et le symbole de l’unité et de la puissance perdue » et « se prévaloir du grand destin de l’État des Almoravides dont les symboles étaient la science et le djihad ». Pour Marc Mémier, la création du groupe ne peut ainsi être perçue comme la simple manifestation d’une guerre de leadership au sein Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), ni celle d’un nouveau fanatisme local. Au-delà d’un effet d’annonce plutôt réussi au sein des réseaux djihadistes, la fondation d’Al-Mourabitoun répond à un projet politique et idéologique d’ambition continentale, réfléchi et à l’ancrage historique.

II.2 Djihad peul ?

La note d’analyse numéro 89 de l’Institut d’Études en Sécurité précise que l’implantation au Mali de groupes armés djihadistes remonte au début des années 2000 avec l’arrivée dans le Nord du pays d’éléments du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) provenant d’Algérie à la recherche de zones de repli. Devenu Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) en 2007 après avoir prêté allégeance à Al-Qaïda, le groupe a consolidé sa présence avec la création de katibas (unités combattantes) sahéliennes ainsi que la constitution de bases arrières. L’objectif serait l’instauration d’un « Émirat islamique de l’Azawad » qui serait dirigé par le chef d’Ansar Dine, Iyad Ag Ghaly.
L’internationale djihadiste venue d’Algérie pour mieux s’implanter dans leurs terres d’accueil va faire trois choses :
D’abord, ils vont tisser des alliances au sein des communautés locales en épousant des filles de dignitaires. Selon le journaliste Georges Malbrunot, Mokhtar Belmokhtar aurait conclu quatre mariages, de raison sans doute. En décembre 2002, après une embuscade près d’In Salah, où plusieurs de ses hommes sont tués, Belmokhtar choisit de franchir la frontière et de se réfugier au Mali. Il gagne Lerneb, près de la frontière mauritanienne et noue une alliance avec la tribu arabe des Bérabiches en épousant une fille de l’influente famille des Hamaha de la chefferie des Oulad Idriss . Belmokhtar enrichit sa belle-famille et trouve les moyens de blanchir son argent. Il dispose désormais d’une assise locale et bénéficie d’une protection de cette tribu.
D’après toujours Georges Malbrunot, vers 2016, Al-Sahraoui se marie avec une Peule originaire du village de Bouratam, près de la frontière avec le Mali et le Niger, afin de nouer des alliances locales au sein de la communauté peule.
Ensuite, les liens familiaux, les conflits non résolus et les amalgames sont mis à contribution par les « entrepreneurs en violence », pour créer une insurrection identitaire. Iyad Ag Ghaly, chef historique des rébellions touarègues est la pièce centrale de la galaxie djihadiste au Mali et le fondateur d’Ansar Eddine, en relation étroite avec AQMI, notamment la branche malienne dont l’un des fondateurs n’est personne d’autre que son cousin Abdelkrim le Targui .
Dans une vidéo de propagande publiée le 8 novembre, Amadou Diallo, dit Kouffa, appelle au djihad de Dakar à Lagos . Le prédicateur malien radicalisé appelle les Peuls à rejoindre le djihad dans plusieurs pays africains : le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Niger, le Bénin, le Nigeria et le Cameroun. La Guinée et la Mauritanie, deux pays frontaliers du Mali où les Peuls sont pourtant nombreux ne sont pas cités. « Mes frères, où que vous soyez, venez soutenir votre religion », lance-t-il, accusant ensuite « les mécréants » de « massacrer et exterminer » les Peuls « parce qu’ils ont élevé le drapeau de l’islam ».

Enfin, l’élimination physique systématique de toutes les légitimités locales.

Les assassinats ciblés ne se comptent plus et visent à faire taire définitivement toute personne qui ne partage pas leurs points de vue rigoristes.
Amadou Kouffa, leader de la Katiba Macina (JNIM) comme Abou Walid al-Sarahoui, de l’État islamique dans le grand Sahara (EIGS), cherchent l’embrasement de l’Afrique de l’Ouest et d’une partie de l’Afrique centrale et ils ont besoin de recruter. Les Peuls, présentent de nombreux avantages, ils sont présents de Dakar jusqu’au Nord Cameroun, ils ont été à l’école coranique donc, parlent arabe .
Dans le cas du Burkina Faso, les terroristes se sont installés principalement dans la région du Sahel, l’une des plus pauvres, où la communauté peule, deuxième ethnie du Burkina, est majoritaire.
Produit des réalités sociopolitiques et culturelles locales, Ansarul Islam tient au moins autant de l’insurrection sociale que du mouvement islamiste, précise International Crisis Group dans Rapport Afrique N°254 intitulé Nord du Burkina Faso : ce que cache le djihad . L’insécurité au Nord du Burkina ne résulte pas uniquement d’un déficit de développement, d’une incompréhension entre un État central et un territoire lointain ou de l’influence négative d’un voisin en guerre. Elle est surtout le résultat d’une crise profonde qui agite les groupes humains qui habitent les terroirs du Nord. C’est sur ces fractures très locales entre maitres et sujets, dominants et dominés, anciens et modernes que Malam Ibrahim Dicko, de son vrai nom Boureima Dicko a bâti sa popularité. Cependant, si les Peuls ne parviennent jamais à former une entité politique unique, ils utilisent l’islam comme outil d’émancipation par rapport aux peuples sédentaires animistes.
Pour AQMI, le Mali constitue désormais une base majeure à partir de laquelle l’organisation terroriste espère étendre son influence en Afrique de l’Ouest. « Le commandement central d’Al-Qaïda a besoin des Peuls. Pour ses chefs arabes, ils ne sont rien d’autre que de la chair à canon présente dans tous les pays visés », selon un spécialiste de la lutte antiterroriste à Bamako .
Néanmoins, Jean-Hervé Jezequel, directeur adjoint de l’International Crisis Group reconnait également que « l’idée d’un mouvement unifié peul est surévaluée ». D’après lui « l’éclosion de plusieurs foyers insurrectionnels dans les zones rurales d’États sahéliens à l’autorité affaiblie est à craindre. » Il se demande aussi si les représailles qui se déroulent au Mali et au Burkina Faso, ne vont pas finir par provoquer une « question peule », phénomène qui pourrait être soutenu à l’étranger par une diaspora dynamique, riche et instruite.

L’objectif de ce tableau qui est loin d’être exhaustif, c’est de préciser que jusqu’à nos jours, les personnes les plus importantes du terrorisme dans la bande sahélo-saharienne ont été et demeurent des Arabes et des Touaregs. Le seul Noir à occuper une position hiérarchique au sein de cette nébuleuse est Kouffa. Il est fort possible que les chemins d’Ibrahim Malam Dicko et d’Amadou Kouffa se soient séparés, à la suite de la décision de ce dernier de se rallier au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans et donc, de faire allégeance à Iyad Ag Ghali.
L’obscurantisme politique est un projet de société aux desseins sombres. Un faux-fuyant pour Iyad qui a échoué à prendre la tête du MNLA et à être Aménokal des Ifoghas, le patriarche Intallah Ag Attaher lui ayant préféré son fils, Alghabass Ag Intallah . L’État Islamique au Grand Sahara (EIGS) avec ses porte-drapeaux allogènes et ses escadrons de la mort ne dispose d’aucun projet de société réaliste, d’aucun projet politique durable qui corresponde aux enjeux des territoires où il sévit, malheureusement, avec l’appui local de réseaux d’informateurs, de sympathisants et de soutien logistique . Adnane Abou Walid al Sahraoui sera vaincu un jour ou l’autre ainsi que tous ceux qui tenteront de poursuivre son œuvre maléfique. Mais les stigmates de ses forfaits ne disparaitront pas avant plusieurs générations.
Prendre les armes pour n’avoir à se soumettre qu’à sa propre folie, voici la stratégie de ceux qui ont décidé de ne pas respecter la vie humaine, de n’obéir à aucune loi républicaine.
Je terminerai mon article par ces propos extraits d’une interview digne d’intérêt, disponible en ligne, du Professeur Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali :
« (…) Comme le Président IBK et moi-même sommes des esclaves de la France, de l’Occident, disaient-ils, si nous voulions prouver le contraire, il nous fallait mettre la MINUSMA et Barkhane hors du Mali. À ce moment-là, ils pourraient discuter avec moi. Je leur ai rétorqué que même si j’arrivais à convaincre IBK, si Iyad n’était pas d’accord, cela ne se ferait pas, car Kouffa était esclave de Iyad, de Belmoktar, de l’Algérie, des Arabes en général et de l’Orient. Ce message lui a été transmis. Un jour, ils m’ont appelé pour que je confirme que je leur avais bien envoyé un messager, ainsi que le contenu du message. Je l’ai fait. Plus tard, le même messager est revenu me voir avec une cassette. Dans l’enregistrement, Kouffa me traite de mécréant et dit qu’il n’est pas l’esclave des Arabes, juste celui du Prophète Mohamed (PSL). (…) »

A suivre...

1) http://www.rfi.fr/afrique/20180427-mauritanie-une-certaine-forme-esclavage-moderne-perdure
2) http://www.rfi.fr/hebdo/20160408-touareg-origines-revolte-mali-niger-burkina-faso-algerie-libye
3) https://www.gitpa.org/Peuple%20GITPA%20500/GITPA%20500-4_plusTEXTEREFconflittouareg.pdf
4) https://lewebpedagogique.com/patco/tag/lempire-du-ghana/
5) https://www.lesclesdumoyenorient.com/Les-Almoravides-l-Andalus-et-l.html
6) https://fr.wikipedia.org/wiki/Peuls
7) https://journals.openedition.org/civilisations/613
8) https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/02/24/racisme-anti-noir-comment-le-maghreb-en-est-il-venu-a-rejeter-son-africanite_5427702_3212.html?fbclid=IwAR3XmNahxriw-n1A0fLB6wdtUmZBpwFOsQ80Y3ZJkP9-zUMwXiYjj9a6RF0

9) Marc Mémier, « AQMI et Al-Mourabitoun : le djihad sahélien réunifié ? », Études de l’Ifri, Ifri, janvier 2017.
10) https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/aqmi_et_al-mourabitoun_-le_djihad_sahelien_reunifie__0.pdf

11) https://issafrica.s3.amazonaws.com/site/uploads/policybrief89-fr-v3.pdf
Lemine Ould Mohamed Salem, Le Ben Laden du Sahara, sur les traces du jihadiste Mokhtar Belmokhtar, Éditions de La Martinière, 2014

12) https://www.jeuneafrique.com/283786/politique/terrorisme-nebuleuse-jihadiste-mali/
13) https://www.jeuneafrique.com/mag/665565/politique/mali-amadou-koufa-le-visage-peul-dal-qaida/
14) https://reseauinternational.net/le-grand-malaise-des-peuls-du-sahel/?fbclid=IwAR2IC09xnGgSjRdkR7EO9gtY8sCEDYwYPzUO8XVuAovHIw1hkqHYJVbMQbc
15) https://www.crisisgroup.org/fr/africa/west-africa/burkina-faso/254-social-roots-jihadist-violence-burkina-fasos-north

16) https://www.jeuneafrique.com/mag/665565/politique/mali-amadou-koufa-le-visage-peul-dal-qaida/

17) https://www.jeuneafrique.com/139884/politique/mali-iyad-ag-ghali-rebelle-dans-l-me/
18) https://africacenter.org/fr/spotlight/comment-letat-islamique-dans-le-grand-sahara-exploite-les-frontieres-au-sahel/
19) http://bamada.net/pr-ali-nouhoum-diallo-si-javais-16-ou-17-ans-aujourdhui-je-prendrai-les-armes

Alain Sara

Auteur du livre : Stratégie de sécurité économique pour le Burkina Faso
saraalain.bf@gmail.com