Dire que les relations entre le Burkina et la France sont dans une zone de fortes turbulences depuis quelques jours, c’est enfoncer des portes déjà grandement ouvertes. Une brouille, exagérément alimentée par les réseaux sociaux s’est installée entre les deux partenaires engagés dans le combat contre le terrorisme au moment où les efforts devaient être davantage conjugués pour consolider l’action des troupes nationales et internationales déployées sur le théâtre des opérations contre le terrorisme.
A l’origine de cette brouille, un courrier confidentiel du chef d’Etat-major général des armées, Moïse Minoungou daté du 15 novembre adressé aux 14 attachés dans les ambassades accréditées au Burkina, dont 4 résidents : Mali, Côte d’Ivoire, France, Etats-Unis.
Fort curieusement, celui destiné à l’attaché de défense de la France a fuité et s’est rapidement retrouvé sur les réseaux sociaux.
Pas du tout content, le Général Minoungou informe l’attaché de défense près l’ambassade de la France au Burkina que "des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d’opération" sans autorisation et que des "instructions ont été données de les traiter comme ennemis". Il demande à son frère d’arme français de lui tenir désormais informé 48 heures à l’avance, " de tout déplacement de vos aéronefs dans ces zones".
Cette affaire aurait pu être réglée dans la plus grande discrétion d’autant qu’elle touche à la sécurité et la lutte contre le terrorisme, deux sujets plus que sensibles dans le contexte qui est le nôtre.
De bonnes sources, une enquête interne a été ouverte pour retrouver le ou les coupables de cette publicité dont se serait passé le patron des armées burkinabè et que le partenaire français n’apprécie que très modérément.
Devant l’emballement médiatique autour de ce courrier et la tendance vers la surchauffe des esprits, il était urgent de circonscrire la brouille avant qu’elle n’atteigne des proportions incontrôlables. Une réunion a donc été convoquée lundi dernier et durant plus de deux heures, les deux parties se seraient parlé "franchement" pour lever tout équivoque sur les intentions des uns et des autres.
Ont-elles réussi à dissipé le brouillard qui s’est momentanément installé entre elles ?
Rien n’est moins sûr. Parmi les "dossiers urgents" que le président Roch Kaboré trouvera sur sa table à son retour de Berlin où il a participé à la conférence du G20 sur l’initiative « Compact with Africa », il est fort probable que celui relatif au survol sans autorisation des "aéronefs non identifiés" y figure en bonne place.

Kaceto.net