La banque Credit Suisse a publié un bénéfice avant impôts de 4,7 milliards de francs, contre 3,4 milliards en 2018, en hausse de 40 %. Il s’agit d’un plus haut depuis 2010. De quoi offrir une sortie au sommet pour le patron du groupe, éclaboussé par des affaires d’espionnage.

Partir avec panache. C’est ce qu’a voulu faire Tidjane Thiam en présentant en personne ce jeudi les résultats 2019 de Credit Suisse, ses derniers en tant que patron du groupe. Et pour cause, le dirigeant franco-ivoirien poussé vers la sortie par une rocambolesque affaire d’espionnage, peut se targuer de chiffres qui valident la stratégie qu’il a mise en place durant ses quatre ans à la tête du groupe.
Credit Suisse a en effet publié un bénéfice avant impôts de 4,7 milliards de francs suisses, en hausse de 40 %. Il s’agit d’un record depuis 2010. Le bénéfice net s’est élevé à 3,4 milliards de francs suisses, en hausse de 64 %. En outre, les revenus de la banque se sont accrus de 7 %, à 22,48 milliards de francs, notamment grâce à ses activités de gestion de fortune.
Tidjane Thiam quitte la tête de Credit Suisse après une affaire d’espionnage
« Nous avons remis Credit Suisse à l’endroit, s’est félicité Tidjane Thiam lors de la conférence de presse téléphonique avec les analystes, insistant sur les 3 milliards de pertes qu’affichait le groupe il y a quatre ans. Nos résultats 2019 montrent que nous pouvons être rentables sur le long terme. »
Le futur ex-patron a souligné qu’il s’agit des premiers résultats annuels depuis la douloureuse restructuration lancée par la banque à son arrivée en 2015, et clôturée fin 2018. Seul point noir au tableau de l’homme de 57 ans : la banque d’investissement, qui a encaissé une perte surprise d’environ 60 millions de francs au dernier trimestre, en deçà des prévisions des analystes.

Affaire d’espionnage

« Je n’ai jamais cherché à me rendre indispensable, a souligné Tidjane Thiam qui, une fois les chiffres avancés, a donné une tournure personnelle à cette présentation de résultats. J’ai simplement voulu bâtir quelque chose qui tienne dans le temps long ». Le banquier de 57 ans quittera son poste ce vendredi, poussé vers la sortie par le conseil d’administration du groupe.
Les révélations sur les différents cas d’espionnage menés par la banque auront finalement eu raison de sa position. Une première affaire, à l’encontre d’Iqbal Khan, l’ancien directeur de la gestion internationale de fortune qui venait de rejoindre la banque concurrente UBS, a éclaté en septembre, suivi trois mois plus tard d’une seconde affaire de filature visant cette fois le directeur des ressources humaines. Enfin, début février, un dernier cas est mis au jour ciblant l’ONG Greenpeace.

Un long silence

Interrogé sur son long silence tout au long de l’affaire, Tidjane Thiam s’est défendu en affirmant qu’il y avait été contraint pour ne pas « donner l’impression de chercher à influencer une enquête dans laquelle [il] était placé sous surveillance ». C’est seulement début février qu’il s’est exprimé sur le sujet, surprenant la place financière suisse en choisissant de le faire sur Instagram.
ENQUÊTE Tidjane Thiam, ce surdoué de la finance qui dérangeait la Suisse
C’est également via Instagram que le banquier aurait tenté son dernier « coup » pour se maintenir à la tête de la banque en publiant, le 4 février, une photo tout sourire avec son comité exécutif. Se réunissant le lendemain pour trancher son avenir, le conseil d’administration n’aurait pas apprécié, selon la presse suisse.
Tidjane Thiam a cependant affirmé ne partir avec aucune rancœur, et a dit
« respecter la décision du conseil d’administration ». Il a d’ailleurs salué son remplaçant, Thomas Gottstein, qui dirige actuellement la filiale helvétique de Credit Suisse.

Gabriel Nedelec
Lesechos.fr