Selon les chiffres officiels de la Direction générale des libertés publiques (DGLP), plus de 170 partis politiques sont reconnus à l’heure actuelle, au Burkina Faso. Mais dans les faits, seule une petite dizaine d’entre eux arrive réellement à se faire une place sur l’échiquier politique.
Ces derniers mois, l’on a constaté le retour en force des pères fondateurs au sein de certaines formations politiques, promus au rang de président d’honneur.
Très présents dans la vie et le fonctionnement interne de leur parti, ils essaient tant bien que mal d’obtenir l’allégeance institutionnelle à leur profit.

Laurent Bado, Blaise Compaoré, Saran Sérémé, Yacouba Isaac Zida. Tous des ex-fondateurs ou membres influents de partis politiques, respectivement du CDP, du PAREN, et du PDC et du MPS. S’’ils ne partagent pas forcément la même vision politique, ils ont en revanche en commun le fait d’avoir quitté le navire tout en conservant les commandes à distance. Propulsés à un poste honorifique par leurs militants respectifs, ils n’en restent pas moins actifs.
Pour eux, pas question de rester éloignés de la maison qu’ils ont fondée. Ceux et celles qui pensaient les voir s’endormir dans une paisible retraite politique en ont pour leurs frais. Car non seulement ils sont présents, mais ils continuent de faire la pluie et le beau temps en interne.

N’en déplaisent à leurs adversaires, dont certains n’ont pas hésité, à l’image d’Etienne Traoré, membre de la majorité présidentielle, à adresser une correspondance au chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, afin dit-il, que ce dernier use de son autorité pour tenter de discipliner celle qui, à l’heure actuelle, occupe le poste de Médiateur du Faso. Une fonction qui, de l’avis de l’universitaire, devrait l’obliger à observer une neutralité dans le jeu politique.

La tentation du pouvoir

Au PAREN, c’est l’ambitieux Tahirou Barry, ex-ministre de la Culture qui l’aura appris à ses dépens : son bras de fer avec le fondateur du parti, le député Laurent Bado, aura finalement tourné à son départ. Au CDP, l’ex-parti au pouvoir, c’est autour de la personne de Blaise Compaoré que se font et se défont les actualités. En effet, depuis son exil ivoirien, l’ancien chef de l’Etat burkinabè, pourtant évincé du pouvoir à la faveur d’une insurrection populaire en 2014, est à la manœuvre. C’est lui le grand arbitre du duel auquel se livrent les frères ennemis, pour le contrôle de la direction du parti.

Enfin au MPS, le Mouvement patriotique pour le salut, c’est aussi un président d’honneur qui a été récemment désigné candidat à la présidentielle de 2020. Il s’agit de l’ancien premier ministre de la Transition, Yacouba Isaac Zida, exilé au Canada depuis quelques années.
La difficulté pour certains cadres à s’éloigner du parti qu’ils ont créé ou contribué à créer, est le signe d’une démocratie qui a du mal à s’instaurer de manière durable. Les passations de témoin, lorsqu’elles ont finalement lieu, ne s’avèrent être finalement que de simples mises en scène. Avec pour conséquence immédiate, de provoquer des crises internes. Ce qui est loin d’être une garantie de stabilité.

Juvénal Somé
Kaceto.net