C’est aujourd’hui 26 février que le fondateur et président d’honneur du CDP, Blaise Compaoré, devrait faire connaitre ses observations sur le projet de directive encadrant le processus de désignation du candidat à l’élection présentielle.
Le contenu de cette directive va t-il ramener la sérénité et l’unité dans les rangs de l’ex parti au pouvoir ? Rien n’est moins sûr !

Début de soirée du 7 décembre 2019. A l’issue d’un congrès extraordinaire qui a réuni 1500 délégués venus des 45 provinces du Burkina, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), Eddie Komboïgo sort de la grande salle de la maison du peuple, flanqué de ses soutiens proches et s’adresse à la presse. Il livre les principales décisions prises par les congressistes au terme d’une journée de palabres. Entre autres, l’annulation des sanctions prises quelques mois plus tôt, exactement le 22 septembre, contre des cadres du parti qui avaient pris des libertés avec les textes du parti en s’alignant, pour certains, derrière la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo, et pour d’autres en estant sans cesse contre la direction du parti devant les tribunaux. Le rapportage des sanctions avait été demandé par le fondateur du parti Blaise Compaoré, au nom de l’unité des cadres et militants à quelques mois d’une échéance politique capitale, l’élection présidentielle de novembre 2020.
Eddie Komboïgo communique également une information de taille : la désignation au plus tard fin janvier 2020, du candidat du parti à la présidentielle.
Pour les militants et sympathisants du CDP, ce rendez-vous devrait marquer une étape capitale dans leur volonté de reconquérir le pouvoir qu’ils ont brutalement perdu en octobre 2014. Ils le savent, le choix de celui qui va porter leurs couleurs dans la course vers Kossyam est au cœur d’une guerre qui oppose le clan incarné par le président Eddie Komboïgo, élu pour la première fois à ce poste depuis la création du CDP en 1996, et celui incarné par le groupe de Léonce Koné, Boureima Badini, Salia Sanou, favorable à la candidature de Kadré Désiré Ouédraogo.
Comme on pouvait l’imaginer, le rendez-vous de fin janvier n’a pas été respecté. Pis, au moment où nous écrivons ces lignes, personne au CDP n’est en mesure de donner des indications quant au choix du candidat.
Disons-le tout net : l’auteur de ce retard et surtout de l’incertitude qui plane sur l’agenda relatif à la désignation du porte-drapeau du CDP à la présidentielle du 22 novembre prochain n’est autre que Blaise Compaoré. "Conformément à nos textes, nous avons envoyé depuis juillet 2019, une projet de directive sur les critères de désignation de notre candidat au fondateur et jusqu’à présent, nous attendons toujours sa réponse qu’il a promis nous communiquer le 26 février", explique un proche du président Komboïgo.
En principe, aujourd’hui donc, Eddie Komboïgo devrait être à Abidjan pour recevoir la réponse du fondateur et ramener dans son cartable la directive amendée par ses soins.

La semaine dernière, ayant eu vent de ce que les partisans du clan adverse mèneraient un intense lobbying auprès du fondateur dans le but de nuire à leur champion, les soutiens de Eddie Komboïgo ont inondé les réseaux sociaux d’informations selon lesquelles, le fondateur aurait introduit dans la directive une clause qui obligerait le président du parti à démissionner de son poste pour pouvoir être candidat à la candidature à la présidentielle. "Nous savons de sources sûres que nos adversaires qui sont autour du fondateur font tout pour éliminer Eddie Komboïgo, quitte à tordre les textes du parti", insiste l’interlocuteur cité plus haut.
"De toute façon, même si le fondateur succombait à leurs manigances, ce que je ne crois pas, ils se heurteront aux statuts et au règlement intérieur du parti", poursuit-il, citant l’article 83 des statuts, ainsi libellé : "Les modalités et critères de désignation du candidat aux élections présidentielles sont précisés par une directive du Bureau exécutif national" (BEN).
Autrement dit, c’est cette instance qui aura le dernier mot, et sur ton calme qui cache mal une nervosité chez lui et ses camarades, notre interlocuteur explique :"Si après le 26 février 2020, le fondateur ne communique pas ses observations, le BEN a la légitimité d’adopter une directive et lancer le processus de désignation de notre candidat". Il rappelle également que conformément à la résolution prise lors du dernier congrès ordinaire de mai 2018 portant attribution du titre de président d’honneur au président Blaise Compaoré, ce dernier "formule des orientations et valide le choix du candidat du parti à l’élection du président du Faso" et ne saurait, insiste t-il, se substituer aux militants pour désigner démocratiquement leur candidat.

Joachim Vokouma
Kaceto.net